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Chine

1428

Chine | 2009 | Un film de Du Haibin

14h28, c’est l’heure à laquelle la terre a tremblé dans le Sichuan le 12 mai 2008, provoquant la mort de 70 000 personnes. Le réalisateur Du Haibin est venu sur les lieux du sinistre pour récolter les témoignages des survivants. Il l’a fait dans les jours qui ont suivi le séisme, puis 210 jours plus tard, lors de l’arrivée du nouvel an, afin de constater l’évolution de la situation. Le documentariste a concentré son attention sur la parole des habitants. Les autorités sont montrées au loin ou roulant dans leurs véhicules, hors de portée des gens ordinaires qui ont souffert de la catastrophe.

Le documentaire est traversé par un personnage emblématique. La catastrophe date déjà de quelques jours lors de première apparition, mais il semble tout juste sorti des décombres, vêtu pour l’essentiel d’un manteau de femme. Un plan de cet homme, toujours dépenaillé, mais marchant désormais en pleine circulation clôt le film de Du Haibin. Depuis le tremblement de terre, il reste encore des laissés-pour-compte semble insinuer le réalisateur, critiquant ainsi la politique du gouvernement chinois.

1428 m’a laissé une impression partagée. Le film me plait car il donne la parole aux victimes. Si les autorités ne vont pas au contact du peuple, Du Haibin lui offre sa caméra pour s’exprimer. Certains paysans se plaignent des nouveaux logements qui leur ont été attribués car ils sont trop loin de leurs champs, d’autres personnes de la répartition inégalitaire des aides... S’abritant sous la louange de l’action du parti communiste chinois, ils critiquent les leaders régionaux.

Du Haibin ne tombe également jamais dans le sensationnalisme et a su garder la bonne distance. Il montre toujours des personnes dignes, même si elles sont en grande difficulté. Le réalisateur sait quand éloigner sa caméra, à l’image de sa visite d’une école où de nombreux adolescents ont péri. Il filme une famille qui a perdu l’un des siens. Mais lorsque ses membres sont submergés par l’émotion après la découverte des affaires personnelles du disparu, sa caméra se détourne alors pour filmer un couloir vide. Il n’y a rien à dire, il n’y a rien à montrer.

Mais j’aurais également aimé qu’il aille au-delà des tragédies individuelles et nous donne une vision d’ensemble de la situation. Je n’ai aucune sympathie particulière pour le parti communiste chinois, mais après une telle catastrophe, comment faire la part entre ce qui tient de la décision politique, des erreurs et d’une certaine impuissance face à l’ampleur de la tâche ?

Le gouvernement chinois a clairement fait certains choix très politiques. Le village de la minorité, tibétaine [1] si je ne m’abuse, a été entièrement reconstruit alors même que les habitants du village voisin sont toujours démunis de tout. Les membres de cette minorité se félicitent de ne plus avoir à travailler la terre, car ils vont devenir une attraction touristique (sic).

Mais dans d’autres situations, le réalisateur laisse le spectateur occidental peu au fait des subtilités de la Chine dans un certain flou. Telle est du moins l’impression qui était la mienne au sortir de la salle. Il ne donne pas assez de clés de compréhension.

1428 a été présenté au cours de la 32ème édition du Cinéma du Réel (2010), dans le cadre de la Compétition internationale. Il a été primé à la Mostra de Venise en 2009, dans la section Orizonti.

[1Une partie du Tibet historique a été intégrée dans la région du Sichuan.

- Article paru le mardi 20 avril 2010

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