Akakage
"Au pays d’Hiroyuki, il y a des méchants et des gentils..."
Japon, 1545. Akakage, Aska et Aokage sont trois ninja, élevés ensemble depuis leur plus jeune âge. Il servent avec leur maître Shirokage, le tout puissant seigneur Togo, avide de conquêtes et de pouvoir qui dit pourtant rechercher la paix... Le clan Kyogoku pour sa part, est rongé de l’intérieur par le terrible Takeunouchi, homme de "confiance" du souverain ; après s’être débarrassé de son maître, le traître souhaite prendre le pouvoir dans le sang et la terreur. Il décide de faire assassiner la princesse Koto, héritière du pouvoir selon la loi en vigueur. Pour l’occasion, il s’octroie les services d’un groupe de ninja renégats, dont le chef est le cruel Negoro... Akakage, Aska et Aokage sont envoyés au château du clan Kyogoku ; arrivés sur place, ils se rendent vite compte qu’ils sont tombés dans un piège...
Rarement ai-je autant appréhendé la vision d’un film que celle du Akakage de Hiroyuki Nakano, et la raison en est simple ; je lis rarement les critiques d’un film que je n’ai pas vu, justement dans l’espoir de ne rien en attendre, et de l’aborder sans idées préconçues à son égard... Et pourtant, à force d’en entendre parler, j’ai brisé cette règle de ma "déontologie" personnelle, et ai lu un certain nombre d’articles parus sur ce troisième long métrage du touche à tout Nakano, et un constat s’impose d’emblée ; Akakage est pour la quasi-totalité des critiques l’ayant vu, un mauvais film, qui plus est ennuyeux, qui "n’arrive pas à la cheville de Samurai Fiction"... Réflexe sanchesque aiguë ? Esprit de contradiction ? Ou encore syndrome My Wife is a Gangster [1], ce Akakage n’a à mes yeux, rien d’un mauvais film, bien au contraire...
Akakage, ou Red Shadow si vous préférez, est une libre adaptation de la mythique série produite par la Toei dans les années soixante-dix, Kamen no Ninja Akakage, créée par Mitsuteru Yokoyama. Trahison, loyauté, histoire(s) d’amour, humour et action sont les ingrédients de base de ce film de ninja cuvée 2001. Nakano insuffle au genre sa patte, à savoir une mise en scène infaillible, bourrée d’humour et de clins d’œil à son univers cinématographique (que certains qualifient de "prétentieuses auto-citations"), et peut-être est-ce là qu’il faut chercher la raison de tant d’animosité envers ce film ; il mélange allègrement l’humour et l’action à un rythme effréné pendant sa première partie, pour ralentir et s’intéresser aux émotions des personnages et à leur perception de la mort dans sa seconde moitié...
Comme à son habitude, Hiroyuki Nakano s’est entouré d’une cohorte d’acteurs, tous aussi bons les uns que les autres ; en dehors de la famille Nakano, composée d’habitué(e)s tel(le)s Kumiko Asô (Stereo Future), vue également chez Kiyoshi Kurosawa (Kairo) ou encore chez Shohei Imamura (Kanzo Sensei) ; l’ultra prolifique Naoto Takenaka (Stereo Future) ; le génial Pierre Taki (Samurai Fiction, Stereo Future) du non moins excellent groupe techno-pop Denki Groove [2] ; ou encore Morio Kazama, Mitsuru Funikoshi, Fumiya Fujii, Kitarô, Kei Tani, Tomoyasu Hotei, et j’en passe... à leurs côtés donc, de nouveaux venus dans l’univers de Nakano ; tout d’abord dans le rôle titre, Masanobu Ando, découvert par Kitano dans son sublime Kids Return, puis vu plus récemment chez Fukasaku (Battle Royale) ou chez Katsuyuki Motohiro (Space Travellers, Satorare) ; c’est Jun Murakami qui prête ses traits à Aokage, vu dans Bounce Ko-Gals de Masato Harada, Futei no Kissetsu (I am an SM Writer) de Ryuichi Hiroki, ou encore aux côtés de Shinya Tsukamoto et de la très jolie Asaka Seto dans Torabaiyu (A Woman’s Work) de Kentaro Otani ; également au casting, dans le rôle de la princesse, l’actrice/chanteuse Megumi Okina, vue notamment chez Iwai dans le magnifique Uchiage Hanabi, Shita Kara Miruka ? Yoko Kara Miruka ?, dans l’adaptation cinématographique de la série Night Head (avec Etsushi Toyokawa et Shinji Takeda), mais également dans Otogirisô (St. John’s Wort) ou encore dans l’excellent drama Koi Suru Top Lady aux côtés de Miki Nakatani... Sans oublier dans le rôle de Negoro, Jinpachi Nezu (Ran, Gonin), ou encore Takanori Jinnai (Hasen no Marisu) dans celui du traître Takeunouchi, ainsi que le non moins génial Kippei Shiina (Shinjuku Kuro Shakai China Mafia Senso, Gonin), qui y campe un maître en massages, voyeur à ses heures perdues...
Akakage est à prendre pour ce qu’il est, un pur divertissement qui reprend de manière plus ou moins détournée le film de ninja classique, genre disparu des écrans japonais depuis plusieurs décennies. Le pari de Nakano est selon moi réussi, puisqu’il nous livre un film drôle, émouvant, et "familial" dans le bon sens du terme... Ne vous laissez pas démotiver par d’éventuelles critiques négatives et faites vous votre propre opinion en le voyant, vous en ressortirez certainement agréablement surpris.
DVD | Toei en association avec Kadokawa | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Elles sont globalement magnifiques, tant au niveau des couleurs que du rendu très pellicule. | Son : Un 5.1 explosif ! | Suppléments : Un second DVD qui contient pas moins de 145 minutes d’interviews, spots TV, teasers, trailers, making of, un mini docu sur Kumiko Asô (...soupirs...), plus les bio/filmo de la quasi-totalité de la distribution et de l’équipe technique, etc... bref, le bonheur !
Ce DVD contient des sous-titres anglais optionnels.
Site officiel de Red Shadow: http://www.red-shadow.com
[1] Cf. article My Wife is a Gangster.
[2] Hormis le fait que tous les albums de Denki Groove soient à écouter absolument, je ne peux que très fortement vous conseiller le double CD The Last Supper, qui compile quelques bons titres du groupe ainsi que des inédits (donc une excellente reprise de ’Technopolis’ de Y.M.O, pour le connaisseurs). réf. KSC2 394-5.



