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Japon

Kindaichi Kôsuke no Bôken

aka Kindaichi Kousuke no Bouken - Kindaichi Kyôsuke no Bôken - The Adventures of Kosuke Kindaichi | Japon | 1979 | Un film de Nobuhiko Ôbayashi | D’après l’œuvre de Seishi Yokomizo | Avec Ikkou Furuya, Kunie Tanaka, Miyuki Kumagai, Noboru Nakatani, Hideko Yoshida, Jirou Sakagami, Chiyonosuke Azuma, Kirin Kiki, Toshio Egi, Kenta Abe, Takayasu Kinoshita, Harumi Ôtsuka, Mieko Usami, Jun Harada, Sanji Kojima, Daigo Kusano, Tomoko Satou, Saho Sasazawa, Seishi Yokomizo, Tooru Minegishi, Haruki Kadokawa, Etsuko Shiomi, Mariko Okada, Tatsuya Mihashi, Toshirô Mifune...

Enquête burlesque, absurde et lyrique...

Kousuke Kindaichi est un détective très populaire au Japon ; il doit cette grande notoriété à des affaires aussi connues et ardues que Inogamike no Ichizoku ou Yatsuhakamura... Kindaichi est aujourd’hui une immense star qui apparaît jusque dans des publicités pour du café. Maria, jeune et jolie jeune femme à la tête d’un gang de voleurs d’Art en patins à roulettes, interpelle de manière on ne plus musclée le pauvre Kindaichi afin de lui montrer quelque chose ; dans son repaire, elle exhibe au détective une tête en plâtre, "Fujiko Zou". Décontenancé, Kindaichi l’est plus que de raison, cette partie d’une fameuse sculpture étant la clé d’une énigme qu’il n’a pu résoudre dix ans auparavant... Cette œuvre de Katsuhiko Haida est la possession de Monsieur Furugaki, un grand critique d’Art... mais quelqu’un lui dérobe, et la statue se retrouve chez Monsieur Akechi, commerçant d’Art. Kindaichi décide donc de se rendre chez Akechi en compagnie de Maria ; sur place, ils rencontrent Fumie, la femme d’Akechi qui servit de modèle à la sculpture. Le détective pressent quelque chose... en suivant Fumie, il remarque que cette dernière se rend souvent dans un asile pour vieillards. Monsieur Mori, l’un des patients, sculpte "Fujiko Zou" à l’identique... "Aidé" par l’infatigable lieutenant Todoroki, Kindaichi se perd dans ses interrogations délirantes, tout en découvrant au fur et à mesure des liens très étroits entre le directeur de l’asile, Fumie, Monsieur Mori, Aida, ses vieilles enquêtes, ses amis, ses ennemis, et finalement toute sa vie...

Sixième œuvre dans la filmographie "officielle" de Nobuhiko Ôbayashi [1], Kindaichi Kôsuke no Bôken est au film policier ce que son monument baroque House était au film d’épouvante... Entre pur avant-gardisme et cinéma mainstream, cette adaptation déstructurée et unique des aventures du détective le plus fameux de la littérature nippone a tout pour décontenancer ses spectateurs, de par sa structure d’une part, et dans les directions qu’elle semble prendre d’autre part...

Ôbayashi semble s’intéresser à son héros de manière bien peu conventionnelle, en choisissant de le mêler à la réalité du Japon de cette fin des années 70 ; quelle est la vie d’un héros de papier qui se voit transposé dans une réalité anachronique, qui ne le considère pas comme étant vraiment réel ? A la fois clown malgré lui, et détective infiniment respecté, Kindaichi est confronté à l’unique échec de sa longue carrière : l’affaire "Fujiko Zou". De bonne composition, il va alors s’évertuer à résoudre cette ultime énigme qui lui permettra peut-être enfin, de retourner ad vitam aeternam sur les étagères des bibliothèques... Héros de films depuis 1947, héros de romans, héros de télévision, Kindaichi est omniprésent, mais il n’est finalement qu’une image de marque destinée à vendre du café, ou à faire gagner de l’argent à son écrivain/Pygmalion Seishi Yokomizo. A-t-il sa place dans cette société ? Sans enquête il n’est rien, et va peu à peu s’en rendre compte au travers du regard que portent les autres sur ce qu’il représente...

Mélangeant allègrement les styles de manière ostentatoire, Ôbayashi brise ici les règles du cinéma et de la littérature populaires, en érigeant le non-sens en un mode de vie. Dans cette désadaptation de tout l’univers du héros, parodies de romans, de films, de programmes télévisés se retrouvent pêle-mêle dans une sorte de shaker brassant tout un pan de la culture populaire de l’archipel, un portrait du Japon finalement assez paradoxal, dépeint au vitriol et pourtant non sans une réelle tendresse par un Ôbayashi récemment quadragénaire, en très grande forme créatrice. Comme il le fit deux ans avant sur le fabuleux House, le réalisateur s’amuse dans tous les sens du terme, aussi bien dans le fond... que dans la forme ! Map painting a gogo, séquences animées -en dessins ou "live"-, situations absurdes, Kindaichi serait-il La Cantatrice Chauve du cinéma mainstream nippon ? Ôbayashi/Ionesco même combat ?... pourquoi pas...

Film inclassable, énormité stylistique produite par Kadokawa, le studio le plus tentaculaire en cette fin des années 70 [2], Kindaichi Kôsuke no Bôken sidère par sa mise en scène, son ton, mais aussi par son casting qui voit se côtoyer les plus grands noms du cinéma japonais, de Toshirô Mifune à Mariko Okada, en passant par quelques nouveaux visages, telle la jolie Miyuki Kumagai -future épouse de Yûsaku Matsuda, et mère de Ryuhei- qui fait ici ses débuts... Le duo de choc Kindaichi/Todoroki, est interprété par les excellentissimes Ikkou Furuya et Kunie Tanaka, tous deux sur un mince fil entre non sens burlesque et émotion pure.

Entre le conte musical, le polar baroque et l’expérimentation visuelle outrancière, Kindaichi Kôsuke no Bôken, œuvre relativement unique aux croisées du film d’avant-garde et du cinéma grand public, s’impose en un film inventif, complètement barré et rempli d’une réelle émotion... bref, à l’image de son héros : attachant.

DVD (Japon) | Kadokawa /Asmik | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Un pressage réussi, même si l’on peut noter un léger manque de profondeur dans les noirs.| Son : Un très bon mono...en revanche, où est passée la piste stéréo d’origine ? | Suppléments : Interview de Nobuhiko Ôbayashi, le trailer du film et un Spot TV.

Ce DVD contient uniquement des sous-titres japonais optionnels.

[1Cf. articles Nerawareta Gakuen, Tenkôsei et Futari.

[2A noter un hilarant clin d’œil à l’excellent Ningen no Shômei (de Junya Satô) produit en 77 par le studio.

- Article paru le lundi 4 juillet 2005

signé Kuro

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