Assassination
Sicario.
Une organisation coréenne de résistance décide d’assassiner le responsable militaire nippon de la péninsule et l’un des principaux collaborateurs des japonais. Cette mission est confiée à trois personnes inconnues des forces d’occupation et de ses affidés coréens : une tireuse d’élite, Ahn Okyun, un spécialiste des explosifs et un militaire de carrière. L’assassinat est organisé par un célèbre résistant qui a réussi à s’échapper des geôles de l’occupant et vit à Shanghaï, où s’est repliée l’organisation. Les trois vengeurs pénètrent en Corée, mais les chasseurs deviennent gibiers. Ils ont été trahis par un des membres de l’organisation et sont devenus la cible de tueurs à gage.
Assassination ne serait pas une production patriotique qui se respecte sans des personnages japonais particulièrement odieux. Un officier sort son pistolet et abat froidement en pleine rue une jeune coréenne pour une peccadille [1]. Une scène gratuite, l’évocation de l’enfance d’Ahn Okyun ayant déjà mis en lumière la barbarie des Japonais. Les collaborateurs ne sont pas gâtés non plus et ma voisine de salle, à priori d’origine coréenne, trépignait à la vue de l’impudence de l’un deux.
Les scénaristes coréens ont un goût certain pour la symbolique, la partition du pays prenant souvent la forme de récit mettant en scène des frères séparés. Pour symboliser le destin du pays sous la férule japonaise, le scénariste et réalisateur Choi Dong-hoon présente une famille écartelée par ses sympathies anti et pro-japonaise et dont les jumelles connaissent un destin tragique.
Grosse production coréenne, Assassination a pour lui de disposer du savoir faire technique de l’industrie du pays, qui permet d’en mettre plein la vue aux spectateurs, des décors imposants aux combats spectaculaires et rondement montés. Le film manque d’une véritable empreinte personnelle, la mise en scène est sans saveur et trop transparente. Le metteur en scène prend le spectateur par la main pour être bien sûr qu’il ne manque rien.
A défaut d’une mise en scène qui sorte des sentiers battus, Assassination offre un spectacle prenant de trahisons et de scènes d’action réussies. Le contexte historique des années 30 tant en Corée qu’en Chine offre une toile de fond propice à ce genre d’histoire.
Le choix du cinéaste d’utiliser comme principaux fils narratifs, les histoires du traitre et d’Ahn Okyun, auxquelles vient s’adjoindre, dans une moindre mesure, celle du tueur, permet au film de rester compréhensible. Son sens du rythme et ses nombreuses péripéties font aussi que les 140 minutes que dure le film passent sans ennui pour le spectateur. Ce dont beaucoup de films grand public ne peuvent pas se vanter.
A la toute fin du film, j’ai eu l’espoir, qui s’est rapidement envolé, que le réalisateur finisse par faire preuve d’audace au moment où il dénonce les collaborateurs qui ont continué à exercer des fonctions importantes après la libération de la Corée. Mais pouvait-il se le permettre dans une production à visée ouvertement commerciale ? Je ne le pense pas.
Assassination a été projeté dans le cadre du dixième Festival du Film Coréen à Paris (2015).
[1] Filmé en partie en Chine, Assassination a été distribué en Chine et leur "expérience" commune de l’occupation japonaise doit représenter un atout marketing. Il a au final rapporté 3,9 millions de dollars le premier week-end de sortie.






