Birth of the Wizard
Kimika Yoshino as Misa Kuroi, deuxième ! Ce second long-métrage adapté du célèbre shoujou manga de Shinichi Koga, n’est cependant pas une suite mais une préquelle à Wizard of Darkness, plaçant la jeune héroïne face à la découverte de son immense pouvoir...
Birth of the Wizard s’ouvre sur la découverte d’une momie par un couple d’archéologues ; une momie pas comme les autres puisqu’il lui suffit d’être trouvée pour être réveillée. Par la force de la magie, le cadavre séculaire parvient à matérialiser un couteau dans l’une de ses mains. Alors que l’un des chercheurs laisse sa compagne seule avec la trouvaille historique, la momie lui plante le couteau entre les deux yeux, accomplissant un étrange rituel de possession. La jeune femme se met alors à errer en ville, prononçant les mêmes mots face à chaque personne qu’elle croise : "Kuroi Misa ? Kuroi Misa desuka ?" Si la réponse à cette question est négative, l’esprit élimine son interlocuteur - ou alors change d’enveloppe corporelle...
Pendant ce temps-là, Misa coule des jours tranquilles dans sa tenue de sailor, auprès de ses amis de lycée et de sa meilleure amie Shoko (Chieko Shiratori). Un soir de petite beuverie, Misa se porte volontaire pour ravitailler le groupe d’amis en bière ; Shoko l’accompagne et les jeunes femmes ne tardent pas à se rendre compte qu’un homme taciturne les suit dans leurs moindres déplacements. Lorsque Misa et Shoko croisent le père de cette dernière, agent de police, et l’en inquiètent, l’homme à pourtant mystérieusement disparu...
Pendant ce temps-là, notre momie s’est rapprochée de sa cible ; et le confort de la soirée de Misa à son retour, est remplacé par une série de têtes broyées et autant de mares de sang. Elle-même se fait attaquer par l’une des incarnations de la momie - c’est alors que le "suiveur" intervient et l’aide à s’échapper...
Ce deuxième opus de la série des Eko Eko Azarak est au moins aussi étonnant que ses trois compagnons. La réalisatrice Shimako Sato, suivant un scénario de Shinichi Koga lui-même, plonge très rapidement dans son sujet, offrant une première demi-heure ultra-gore à mi-chemin entre le Hidden de Jack Sholder et le Terminator de James Cameron. Ainsi voit-on Misa, incrédule, tenter d’échapper sans cesse non seulement à la momie réincarnée - Kirie pour les intimes - mais aussi à son protecteur d’un autre temps, Saiga (Wataru Shihodo) ; et ce pendant que Kirie offre des liftings brutaux à ses victimes, leur éclate le crâne contre les murs, ou trouve une autre façon spectaculaire de les vider de leur sang...
Contre toute attente, Sato et Koga ont complètement abandonné l’érotisme lesbien du premier film, orientant plus clairement cette seconde réalisation vers l’horreur et la violence. Dans la seconde partie du film néanmoins, notre jeune héroïne au visage tâché de sang, se voit offerte une pause bien méritée dans les bras du dénommé Saiga, auprès duquel elle découvre ses propres origines, mais surtout celles de son immense pouvoir magique. Dans la troisième partie enfin, Saiga et Misa désormais amoureux au-delà du temps, décident de venir à bout de Kirie, qui a malheureusement possédé le corps de Shoko après avoir détruit celui de son père. Dans cette dernière partie, Birth of the Wizard offre un combat de magie exceptionnel et sanglant, dans lequel se multiplient les trouvailles, visuelles et scénaristiques. Bras tranchés, corps coupés en deux, esprits maléfiques pendus au plafond et démons gigantesques... tout y passe dans un maelström détonnant.
Ainsi, Shimako Sato nous offre un mélange tout particulier de mélancolie et de violence ; mélange qui se retrouvera tout particulièrement dans le quatrième film avec Natsuki Kato. Le personnage de Misa est très développé, et apparait comme très riche. Nous sommes en effet bien loin des héroïnes occidentales de films d’horreur : Misa est tour à tour effrayée, fascinée par ses propres pouvoirs, violente, enragée, résignée... En l’espace d’un an à peine - le laps de temps qui sépare la réalisation de Birth of the Wizard de celle de Wizard of Darkness - Kimika Yoshino est devenue une actrice bien plus consistante, plus mature - et surtout beaucoup plus féminine. Son visage magnifique se prête parfaitement à la richesse de son personnage, ange de violence en devenir. D’abord à ses côtés puis face à elle, nous avons par ailleurs le plaisir de retrouver Chieko Shiratori, juste avant ses prestations "mémorables" dans Zero Woman : Dangerous Game et autres Metropolitan Police Branch 82. La jeune et superbe idole ne se contente pas pour une fois, d’être un simple "eye candy", mais parvient à incarner de façon très convaincante son double personnage, d’abord très niais puis redoutablement méchant et manipulateur. Autant dire que sa présence n’en procure qu’un plaisir encore plus grand...
Ce deuxième épisode des aventures de Misa l’ange noir, conclut pour moi la découverte d’une tétralogie d’exception dans le fantastique contemporain nippon. Très féministe dans son traitement de difficultés adolescentes shoujou exacerbées, la série des Eko Eko Azarak [1] est pour moi à ranger aux côtés d’une autre tétralogie, elle aussi féministe et fascinante : celle des Tomie [2]. Et ce Birth of the Wizard en est certainement le meilleur opus ; le plus complet en tout cas, mélancolique, beau et gore à la fois.
Comme Wizard of Darkness, Birth of the Wizard est disponible en DVD japonais, édité par Taki Corporation / Gaga Communications.
La copie non-anamorphique est bien plus belle que celle du premier opus ; la bande-son stéréo est très belle, et le film ne dispose malheureusement toujours pas de sous-titres.
Au niveau suppléments, on retrouve un making of d’époque rigolo (vive les effets gore !), plusieurs interviews de Kimika Yoshino, Chieko Shiratori, Shimako Sato et consorts, le press book interactif du film (avec bios et filmos) et le trailer.
Les deux premiers épisodes sont par ailleurs disponibles dans le Eko Eko Azaraku I & II DVD-BOX, limité à 3000 exemplaires.
Celui-ci contient les DVD des deux premiers films, identiques aux versions vendues séparément, ainsi qu’un espace libre pour loger le troisième épisode "pellicule" de la série, Misa the Dark Angel (ressorti il y a peu au Japon à prix réduit).
Ce box contient par ailleurs un livret (en japonais bien entendu) avec notamment des interviews des trois interprètes de Misa, et surtout deux figurines à l’effigie des Misa versions Kimika Yoshino et Hinako Saeki. La classe !
[1] Les trois autres étant donc, à titre récapitulatif : Wizard of Darkness (Shimako Sato /1995), Misa the Dark Angel (Katsuhito Ueno /1998) et Ekoeko Azarak (Kousuke Suzuki /2001).
[2] Tomie (Ataru Oikawa /1998), Tomie : Replay (Tomijiro Mitsuishi /2000), Tomie Re-birth (Takashi Shimizu /2001) et Tomie : The Final Chapter - Forbidden Fruit (Shun Nakahara /2002)... sans oublier la déclinaision "direct to video" avec Runa Nagai, Tomie Another Face.


