Dangan Runner
L’hallucinante course pour la vie de trois hommes qui n’ont plus rien à perdre...
Yasuda, un homme sans cesse rabaissé par son entourage, vient de se faire jeter par sa petite amie... Aizawa, petit employé d’une épicerie de quartier qui rêve de devenir une rock star, s’enferme dans l’enfer de la drogue... Takeda, un yakuza, jure à son boss qu’il est prêt à lui donner sa vie, jusqu’au jour où celui-ci est attaqué ; Takeda, effrayé à l’idée de mourir, évite l’assaillant qui tue ainsi le chef mafieux...
Yasuda, pour se ( ?) prouver qu’il est un homme important, décide de réaliser un hold-up ; il prépare tout très méthodiquement. L’heure H approche. Alors qu’il se dirige vers la banque, il se rend compte qu’il a oublié son masque. Il se rend précipitamment dans une épicerie et en dérobe un... seulement le vendeur, Aizawa, l’a repéré. Apeuré, Yasuda lui tire dessus et s’enfuit en courant. Aizawa ne l’entendant pas de cette oreille, il se lance à sa poursuite...
"Mieux vaut tard que jamais !", c’est l’expression la plus appropriée ici... Effectivement, Sancho ne s’était encore jamais penché sur la filmographie du génial Sabu ; Sabu (18/11/1964), de son vrai nom Hiroyuki Tanaka (Sabu est le nom d’un personnage qu’il a interprété dans un film), musicien de son état, commence sa carrière cinématographique en tant qu’acteur en 1986 dans le film Sorobanzuku de Yoshimitsu Morita. Suivent quelque apparitions remarquées et surtout un premier rôle dans le déjanté World Apartment Horror (Katsuhiro Otomo /1991)... C’est en 1996 qu’il décide de passer derrière la caméra, en écrivant et réalisant son premier film : Dangan Rannâ...
Dangan Rannâ, ou l’histoire de trois losers, bons à rien, hormis se lamenter sur eux-mêmes... Mais creusons un peu, afin de trouver pourquoi. Pourquoi sont ils perçus comme étant des ratés, et le sont-ils vraiment ?...
"Perçus"...tout est là, dans la perception. Dangan Rannâ est un film sur l’image que l’on a de soi mais surtout que l’on veut que les autres perçoivent. Nos (anti-)héros sont prisonniers de leur image envers leurs proches et la société. Sabu y dénonce d’ailleurs ouvertement une société machiste dans laquelle tout repose sur le paraître... Tout le monde en prend pour son grade, des yakuza qui ne pensent qu’à la manière dont ils vont mourir (ce qui nous vaut des scènes hilarantes !), aux flics dont les seules préoccupations sont les armes...
Film effréné, Dangan Rannâ n’en est pour autant pas dépourvu de moments d’accalmie. Les trois hommes courent sans jamais s’arrêter et, la fatigue aidant, sont sujets à de véritables hallucinations lorsque la nuit tombe. Des visions qui vont leur faire prendre conscience de ce qu’ils sont grâce à des apparitions, fantasmées par leur cerveau fatigué qui tente de prendre le relais du corps... Un onirisme bien présent, qui confère au film un aspect étrange, mêlant la beauté d’un doux rêve à la dure réalité qui les attend... Car à cet imbroglio malchanceux vont venir se greffer la police et les yakuza...
Pour son premier film, Sabu s’entoure d’amis ; de l’excellent Shinichi Tsutsumi [1], son acteur fétiche, à Tomorowo Taguchi (Tetsuo, Unlucky Monkey) en passant par le chanteur Diamond Yukai (Postman Blues, Unlucky Monkey), l’acteur/comique Keisuke Horibe (Postman Blues, Party 7) ou encore le génialissime Ren Ôsugi (Hana-bi, Futei no Kisetsu)...
Baptême cinématographique devenu objet culte aujourd’hui, Dangan Rannâ est une prémisse aux allures de base à l’œuvre de son metteur en scène. Sabu, trente-huit ans, un court-métrage (A1012K /2002) et six films à son actif [2], artiste complet, nous prouve film après film qu’il est l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération en construisant une œuvre tragi-comique, faisant preuve d’une rare sensibilité... Pendant la vision de Dangan Rannâ, un sentiment étrange nous parcourt, celui d’assister à la naissance d’un grand...
DVD (pas vu) | Beam Entertainment | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9
Ce DVD ne comporte pas le moindre sous-titre.
VCD (HK) | Universe | Copie au format [1:85] en VO (stéréo) agrémentée de sous-titres anglais et chinois incrustés sur la pellicule.
Site Officiel de Sabu: http://www.sabu-film.com
[1] Cf. article 39 - Keihô Dai Sanjûkyu Jô.
[2] Dangan Rannâ, Postman Blues, Unlucky Monkey, Monday, Drive et Koufuku no Kane (The Blessing Bell) dont la distribution est composée de Susumu Terajima, Naomi Nishida, Seijun Suzuki ( !) et Ryôko Shinohara pour ne citer qu’eux...


