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Hors-Asie

Daredevil

USA | 2002 | Un film de Mark Steven Johnson | Avec Ben Affleck, Michael Clarke Duncan, Jennifer Garner, Colin Farrell, Joe Pantoliano

Surfant littéralement sur la vague initiée par les X-Men, Spiderman et autres super-héros en costumes moulants, Daredevil déboule sur nos écrans. Sorties des cartons où elles attendaient une hypothétique sortie vidéo, les bobines ont été remontées pour profiter de l’effet Araignée. On peut, sans avoir vu une minute de film, imaginer l’ampleur des dégâts. Et on est loin du compte...

Matt Murdock est devenu aveugle à la suite d’un accident radioactif. Coup de chance, la substance, loin de le tuer, le rend : un, plutôt beau gosse (c’est Ben Affleck), deux, hyper-sensible, hyper-fort, hyper-intelligent, bref, hyper-aware malgré sa cécité. Avocat le jour, il passe son cuir rouge la nuit et devient DAREDEVIL. A partir de ce moment là, il lui arrive sûrement plein d’aventures, il résout moultes enquêtes, et gagne immanquablement à la fin (désolé, je me suis endormi).

Difficile, avec un postulat de départ aussi limité et platement manichéen, de produire un chef d’œuvre. Comme on pouvait s’y attendre, le degré d’émotion frôle le zéro absolu, et ce n’est pas l’interprétation potache de Ben Affleck qui pourra sauver la situation. Il est absolument incompréhensible qu’un acteur très connu puisse systématiquement donner une performance qui sonne aussi faux. Quand aux autres comédiens, ils pâtissent tous du ridicule de leur personnage. On croise ainsi l’experte en maniement de la brochette de méchoui, aussi écervelée qu’elle est belle, le tueur aux fournitures de bureaux, qui tue à coups de cartes de visite et de trombones dépliées, et enfin, le businessman mafieux qui, chemise tombée, devient le plus grand catcheur de l’histoire de la WWF [1] .

Le metteur en scène, à l’origine certainement suicidaire puisqu’il est aussi scénariste, aurait pu tenter le quitte ou double via une réalisation audacieuse ou un brin imaginative. Las, c’est clipé, archi-convenu, agaçant et épuisant à la fois. Les chorégraphies des combats sont honteusement copiées, l’action rarement lisible, les cascades et effets spéciaux mauvais. Il suffit de voir le jeune Matt, onze ans, prendre presque un mètre d’un coup pour pouvoir exécuter un magnifique coup de pied retourné dans les airs... Du même acabit, lorsqu’un Daredevil numérique se déplace, à la manière de Spiderman, le hachage de ses mouvements le fait passer pour les petits bonhommes en plastique mou trempés dans l’eau savonneuse et qui parcourent les vitres des buildings dopés à la Juvamine...

Ce même hachage se retrouve également dans l’histoire, visiblement remontée à la va-vite par un idiot, incapable de suivre une trame linéaire. Sans rythme, bourré d’incohérences et de trous narratifs énormes, il est presque impossible de finir le film sans une perfusion permanente de caféine. Autant se laisser aller, fermer les yeux à l’occasion des nombreux plans numériques de New York la nuit (petits carrés de lumière sur fond noir, sans intérêt mais hypnotiques), et boucher ses oreilles pour faire barrage à une bande son tonitruante qui de toute façon devient vite abrutissante...

Le début laissait entrevoir l’arrêt de la série avant un hypothétique mais probable second épisode (Daredechan ?). Après consultation d’autres spectateurs étrangement plus attentifs, il n’en est rien. Navrant.

C’est pas parce qu’on vous le dit que vous allez y aller, hein... promis ? Bon d’accord : en salles !

[1World Wrestling Federation, marche aussi avec la World Wildlife Foundation pour les grognements...

- Article paru le mercredi 2 avril 2003

signé David Decloux

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