DOA : Dead or Alive
Lorsque je regarde un film normalement, il ne s’écoule que très peu de temps avant que je décide de coucher mes impressions par écrit. Dans le cas de DOA : Dead or Alive pourtant, cela fait plus d’une semaine qu’un article m’élude. Se pourrait-il qu’il n’y ait rien à dire d’un film adapté d’une série de jeux vidéos, dévoué au charme simplet de ses trois actrices principales, et qui se propose de vous vendre Eric Roberts comme le plus grand combattant de la planète ?
Kasumi, princesse déchue en quête de son frère soi-disant décédé ; Tina, catcheuse professionnelle fortunée ; ou encore Christie, voleuse de talent en prise avec la police à Hong Kong... trois drôles de dames qui, la première dans la fuite qui l’éloigne de son palais et de la volonté de la guerrière Ayane de punir par la mort son comportement, la seconde à bord du yacht qu’elle vient de préserver de pirates des temps modernes, et la troisième au guidon d’une moto qui l’éloigne de ses poursuivants, reçoivent une invitation en forme de pseudo shuriken, de rejoindre le tournoi DOA. Une signature qui marque la filiation du film avec la série de jeux de baston de Tecmo, martelée tout au long du métrage dans une débauche de sponsoring à envoyer n’importe quelle voiture de Nascar à la casse. Devon Aoki, Jaime Pressly et Holly Valance donc, se rendent sur une île où un certain Victor Donovan (Eric Roberts) organise un tournoi réunissant les meilleurs fighters de la planète. Le frère de Kasumi, Hayate, y aurait été vaincu par les minables en présence ? La belle en doute et, alors que les combats se succèdent et rapprochent nos demoiselles d’un prix de 10 millions de dollars (que Christie se met en tête de dérober avec son amant, lui aussi convié à la fête), les nanomachines injectées dans chaque concurrent, afin d’enregistrer leurs capacités physiques et déterminer les affrontements les plus intéressants, vont révéler leur véritable utilité : servir à créer un combattant ultime, somme de toutes les compétences physiques en présence. Ce qui, vous l’avouerez, est tout de même moins intéressant qu’une partie de volley sur la plage, impliquant nos charmantes créatures.
Corey Yuen dans une certaine mesure, le sait aussi bien que nous. Et c’est pour cela que, sans pour autant céder au fétichisme redoutable de la dating sim orientée sports de plage qu’est DOA Xtreme Beach Volleyball, il s’inspire autant de ce spin off surréaliste que des coups de tatane cosmopolites de la série principale Dead or Alive [1] L’île de Donovan, improbable en ce qu’elle concentre des scènes de combats du monde entier (et notamment un gigantesque palais oriental !) sur sa petite surface, rappelle l’île de Zack, renoi démesurément stylé doublé par Dennis Rodman, terrain de voyeurisme et d’exploitation des bouncing breasts propres à la série, créé pour les deux opus de DOAX. D’ailleurs dans le film, c’est le personnage de Zack, pourtant réduit au rang de simple figurant, qui introduit une partie de volley exclusivement fan service visant à montrer combien le maillot sied à nos charmantes actrices ; et ce même si la propension de la beauté US au rachitisme réfute l’attrait de Tecmo et de la Team Ninja pour la dynamique des gros bonnets.
Tout du long de DOA, ses femmes nous font de l’œil et le font plutôt bien si vous êtes, comme moi, du genre mec facile ; Devon Aoki avec sa beauté si particulière et étrangement élitiste, Jaime Pressly avec son enthousiasme, communicatif, à jouer la blondasse redneck et à montrer ses capacités athlétiques authentiques, et l’australienne Holly Valance avec sa désinvolture presque adolescente. A ce stade, vous seriez certainement tentés de dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, pourtant DOA, bien qu’agréable, n’est en rien mémorable non plus. Ses combats, Corey Yuen oblige, sont amusants mais d’un manque d’originalité syndical, câblés au point de se défaire de la moindre force et inertie, son univers étrangement dépeuplé, sa trame issue d’une brève d’un Ciné News spécial Van Damme dans les années 80. Il y a bien évidemment beaucoup de second degré à faire d’Eric Roberts un combattant redoutable, mais il serait naïf de prétendre que l’increvable second couteau y croit lui-même un seul instant.
DOA tout de même, est nettement meilleur que le Street Fighter de Steven E. de Souza, mais il est aussi moins drôle ; ce qu’il aurait pourtant pu être s’il avait été plus loin dans l’adaptation du penchant Xtreme de sa source d’inspiration. Le décalage improbable des cinématiques de ce dernier, les combats de popotins et la séduction franchement lesbienne et coquine de toutes ses créatures, auraient sied à merveille au petit cochon que je suis, autant qu’à son casting de choix - et auraient peut-être évité au film du quelque peu déchu Corey Yuen, de sa vautrer à ce point au box office US. En l’état franchement, il n’y a quand même pas de quoi crier au scandale [2] face à ce qui tient simplement du Grand Tournoi mâtiné de Charlie’s Angels, fauché mais enthousiaste, et qui constitue tout de même, n’en déplaise à la Voix du net, somme blasée de buzz et autres critiques négatives, une alternative tout à fait honnête du dimanche soir à bon nombre de productions boursouflées et prétentieuses du genre.
Dispo en DVD et Blu Ray un peu partout, même pour les petites bourses.
[1] Cf. Wikipedia – Dead or Alive (series).
[2] Un petit peu quand même, quand on voit le terme shinobi utilisé comme s’il était au ninja ce que le ronin est au samurai...




