Dotonborigawa
Kunihiko est un étudiant en peinture talentueux, bien qu’il affirme le contraire à qui veut l’entendre. Un soir, alors qu’il peint sur un des ponts de la rivière Dotonbori, il rencontre Machiko qui cherche son chien. Après cette rencontre, Kuni s’en retourne chez son logeur Tetsuo Takeuchi, accessoirement restaurateur et père de son seul ami Masao.
Désoeuvré depuis la mort de sa mère, Kuni a été accueilli à bras ouvert par Tetsuo. Il partage désormais sa vie entre ses études (sans trop y croire vraiment !), le restaurant et ses clients travelos à réconforter, la fraîche Machiko et son pote de toujours Masao. Tout ceci serait presque idyllique si Masao n’était pas un joueur de billard et parieur invétéré. C’est lors d’un match contre Watanabe, joueur héroïnomane, que Kuni va se rendre compte de la véritable personnalité de son ami Masao. Dès ce moment tout va se compliquer, d’autant plus que Kuni apprend que Machiko est une geisha, et qu’elle est donc liée à un homme d’affaires puissant et assez riche pour lui offrir un bar.
Kunihiko est un jeune homme bon qui voit le bien dans chacun des êtres qu’il rencontre, malgré leurs actes. Le joueur de shamisen qui maltraite son amant/maîtresse travelo, Masao dont le comportement est de plus en plus celui d’un fils indigne, le drogué Watanabe qui bénéficie de compassion et non pas de pitié : tous méritent les égards de Kuni. Pourtant quand Masao emprunte 1.5 million de yens à Machiko pour parier à un tournoi de billard, en prétextant que c’est Kuni qui en a besoin, le sang de ce dernier ne fait qu’un tour et il décide de partir.
Parallèlement à cela, le père de Masao apprenant ces événements et maintenant pris de honte, décide de se remettre à jouer au billard et prouver une fois pour toutes à son fils qu’il se trompe et que le jeu n’est pas une vie, Tetsuo en étant la preuve vivante...
Réalisé un an après Kamata Koshinkyoku et un an avant Satomi Hakkenden, Dotonborigawa prend sa source dans l’esprit de Fukasaku, qui aidé par Tatsuo Nogami, en a écrit le scénario. Mais Dotonborigawa c’est avant tout un casting éblouissant.
Je commencerais en confirmant les dires de Kuro, au sujet d’Hiroyuki Sanada, en ajoutant le mot "vraiment" à la phrase "il est pas mal bâti le bougre" ; ce qui donne tout naturellement "il est vraiment pas mal bâti le bougre". Sanada interprète le fougueux Kunihiko, un homme plein d’énergie, d’enthousiasme et de vie malgré les coups du sort qui semblent s’acharner sur lui... Fukasaku et Sanada n’en sont pas à leur première collaboration. Ainsi Dotonborigawa vient s’ajouter à une liste comprenant Yagyu Ichizoku no Inbo (Le Samouraï et le Shogun /1978), Uchu Kara no Messeji (Les Evadés de l’espace /1978) et Makai Tensho (Samouraï Réincarnation /1981) dont le remake vient de sortir en salles au Japon. Il apparaîtra également dans Satomi Hakkenden. Heureusement dans son malheur, son personnage de Dotonborigawa rencontre deux êtres exceptionnels...
Dans un premier lieu, il y a Tetsuo Takeuchi (rien à voir avec votre serviteur je vous assure !!), un homme bon qui l’a recueilli, lui a offert un travail et voit en lui un fils dévoué. Ce personnage est incarné par Tsutomu Yamazaki, acteur au regard mi-clos au fond duquel on décèle les préoccupations d’une proie et les inquiétudes d’une victime. Ce grand buveur de lait est bien connu de nos services puisqu’il est le premier amateur de nouilles au monde dans Tampopo, et qu’après avoir été incarcéré par Yoichi Sai dans Keimusho no Naka, il est l’une des victimes de la folie meurtrière de Masahiro Nakai dans Mohouhan de Yoshimitsu Morita.
Ensuite et surtout devrais-je dire, Kuni rencontre Machiko. Cette geisha de 29 ans, un peu fofolle qui cherche son chien à longueur de journée, aspire à autre chose qu’une vie de servitude et - disons le carrément - d’esclavage. Elle tombera amoureuse de Kuni dès le premier regard. C’est Madame Katakuri en personne - Keiko Matsuzaka - qui joue ce personnage, juste après avoir tenu le rôle féminin principal dans Kamata Koshinkyoku.
C’est Koichi Sato qui a la lourde tâche d’endosser le rôle de Masao Takeuchi (toujours aucun rapport avec moi !!). Joueur et parieur invétéré, lui-même fils d’un grand joueur de billard à moitié alcoolique, Masao est en guerre contre le monde entier et surtout contre son père. Déjà pétri de talent le jeune Koichi Sato jouera dans plusieurs films coup de poing comme Tokarev ; des films parfaits comme Gonin ; et des films plus commerciaux comme Whiteout [1].
Deux apparitions de luxe viennent s’ajouter à ce magnifique casting. Tout d’abord le toujours impeccable Sonny Chiba dans le rôle du joueur de billard drogué. Et puis autre cameo - et pas des moindres - celui d’Akira Emoto, en joueur de shamisen bisexuel.
Dotonborigawa est, sous couvert d’une histoire d’amour, une critique sociale dont l’aboutissement ultime aura lieu 17 ans plus tard avec le chef d’oeuvre du maître : Omocha. C’est un film extrêmement bien servi par ses acteurs, Tsutomu Yamazaki et Keiko Mastuzaka en tête. Une réussite de plus... pour sûr.
DVD HK édité par Platinum Classic (Zone3).
Une compression à la limite de l’acceptable - ils n’avaient qu’à pas le recadrer (1.1:77 d’origine).
Un 5.1 inexistant à l’arrière, au point qu’il n’y a même pas de souffle, c’est vous dire.
Suppléments : du texte et la filmographie presque complète de Kinji Fukasaku. Ainsi que le petit livret toujours présent chez cet éditeur, qui reprend le texte figé du DVD.
[1] Trois films critiqués sur Sancho, je vous déconseille de lire celui sur Whiteout, tant l’inspiration me manqua ce jour là !!




