Girls Are No Good
Tama tough gals.
C’est en 2001 qu’Ataru Oikawa, l’homme qui a introduit l’univers de Tomie au grand écran avant d’en reprendre les rennes en 2005 en direct to video [1], réalise Girls Are No Good ; un film 100% mauvaises filles, western urbain sur fond de guerre des gangs au féminin. Cette « guerre des filles de la rivière Tama » (traduction littérale du titre original) met en scène l’histoire de Nao. Après trois ans de condamnation pour avoir poignardé un yakuza du nom de Betchi, trop porté sur les jeunes filles à son goût, Nao revient dans son fief. Autrefois chef de gang, elle ne tarde pas à se faire attaquer par un groupe de trois filles dirigées par la jeune Hiromi, qu’elle remet rapidement en place. Les délinquantes lui expliquent que son ancien gang est désormais divisé en deux factions adverses, ’Setagaya Velvet Dan’ et ’Kawasaki Lioness Kai’. Nao toutefois, ne convoite pas son ancien titre de leader ; elle veut juste retrouver la trace de son amie Yukari. En parallèle, la jeune Keroppi abat de plusieurs balles son yakuza de père adoptif. Réfugiée chez Emily, clocharde vivant sur la berge de la rivière Tama, elle se joint au groupe d’Hiromi, dans le but de venir en aide à Nao. Comme dans toute histoire de « retour », les collisions sont inévitables : Hiromi s’est rapprochée de Betchi, lequel a pour mission de retrouver Keroppi, et dresse les deux factions de la rivière l’une contre l’autre…
Quiconque verrait les premières minutes de Girls Are No Good s’enthousiasmerait certainement à l’idée d’assister, une centaine de minutes durant, à des affrontements rageurs entre jeunes japonaises armées de couteaux ; pourtant le film d’Oikawa ne prend aucunement cette voix. Le cadre des gangs reste en effet en arrière plan pendant la plus grande partie du métrage, servant simplement à définir, de façon implicite, la violence latente du personnage de Nao. Nao, un visage angélique lorsqu’elle sourit, tellement dure lorsqu’elle menace ses anciennes « collègues » du bout de son arme… Réformée, la jeune femme n’en reste pas moins une vraie dure, contrairement à celles qui l’ont remplacée, marionnettes d’un jeu de pouvoir qu’elles ne maîtrisent jamais. La véritable histoire du film donc, est à trouver du côté de la recherche de Nao, d’une amie fragile qu’elle a laissé lui échapper, devenant la responsable involontaire de la mort de son humanité. Et dans sa revanche, personnelle à double titre, contre l’infâme joueur d’harmonica qu’est Betchi.
Joueur d’harmonica… Un élément de plus, bien que léger, qui relie l’univers de Girls Are No Good de celui du western - l’instrument ayant ici rejoint les forces obscures. Sorte d’homme sans nom light, menace potentielle qui se la joue au dernier moment façon Pour une poignée de dollars au cours d’un duel qui constitue le point d’orgue du film (à défaut d’en être la conclusion), Nao est un personnage sympathique, parente des héroïne des Gun Crazy, en moins démonstratif. C’est d’ailleurs un reproche que l’on pourrait faire à l’ensemble de ce petit film : à force d’être peu démonstratif, il en deviendrait presque terne, et par conséquent longuet. Mais ses protagonistes, bien que « bonnes à rien » ou à pas grand chose, sont attachantes, Keroppi notamment. Tout comme ce flic cradingue, qui contamine allégrement une scène de crime en renversant ses frites sur la victime, figure paternelle improbable qui punit les jeunes gangsters avec une certaine affection. Dans tout ce casting d’idoru forcées de faire la moue et de paraître vulgaires, tout en gardant un côté kawai stridant typiquement nippon, la figure plus froide de Nao n’a aucun mal à s’imposer comme mémorable au sein d’un film mineur.
Girls Are No Good est disponible en DVD japonais, sans sous-titres.
[1] Pour les besoins de Tomie : Beginning et Tomie : Revenge.



