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Japon

Godzilla vs. Mechagodzilla

aka Gojira Tai Mekagojira - Godzilla vs. Cosmic Monster - Godzilla vs. Bionic Monster - Godzilla contre Mechagodzilla | Japon | 1974 | Un film de Jun Fukuda | Ecrit par Hiroyasu Yamaura , Masami Fukushima et Jun Fukuda | Avec Masaaki Daimon, Kazuya Aoyama, Reiko Tajima, Hiromi Matsushita, Akihiko Hirata, Hiroshi Koizumi, Goro Mutsumi, Shin Kishida, Kenji Sahara, Daigo Kusano, Yasuzo Ogawa, Takamitsu Watanabe, Takanobu Toya, Shinya Kashima, Yuichi Yanagisawa, Isao Zushi (Godzilla) et Kazunari Mori (MechaGodzilla)

Gojira... round 14 [1]

A Okinawa, la jeune descendante de la famille Azumi prie devant la statue du Dieu Seeser, lorsque que tout à coup elle a une vision d’apocalypse : un monstre à plusieurs têtes met une ville à feu et à sang. Non loin de là, une crypte est mise à nue par le jeune Keisuke Shimizu et son équipe de terrassiers, et à l’intérieur de cette grotte, les chercheurs ont découvert une statuette du précité gardien du clan Azumi : Seeser.

Dans l’avion du retour, Keisuke fait plus ample connaissance avec Saeko Kaneshiro, une archéologue bien mignonne, qui est parvenue à déchiffrer partiellement l’inscription au bas de la statuette. La prophétie s’annonce ainsi :

« Une montagne noire apparaîtra dans le ciel, un monstre viendra pour exterminer le monde.
Une lune rouge se couche et le soleil se lève à l'ouest. Deux monstres viendront pour sauver le peuple.
»

Cette prophétie à effet immédiat prend toute son importance lorsqu’au travers du hublot un Mont Fuji entièrement noir fait sa magnifique apparition, au-delà des nuages. A la fois inquiets et avides de connaissance, les deux jeunes gens décident de demander de plus larges explications au professeur Wagura, oncle de Keisuke et de Masahiko. En pleine expertise, un homme armé fait irruption dans le bureau et tente de voler la statuette. Ce n’est qu’après une rixe acharnée que le mal intentionné s’enfuit... les mains vides. C’est alors qu’au bas de la rue, dans l’obscurité, caché derrière un poteau, un homme aux lunettes noires épie les moindres mouvements de la maisonnée, un rictus sadique aux lèvres.

Parallèlement le frère de Keisuke, Masahiko, trouve par hasard une pièce hexagonale extrêmement lumineuse qu’il s’empresse de ramener à son oncle, le Docteur Miyajima. Erudit à la longue carrière, officiant dans les trucs bizarroïdes et spéléologiques, spécialiste en magnétisme, Miyajima est le seul chercheur, dans tout le Japon, capable d’identifier le matériau inconnu trouvé. Mais voilà en plein test de résistance au laser, une série de tremblements de terres et d’explosions tectoniques laissent apparaître Godzilla, dans toute sa bestialité. Ainsi Gojira s’est réveillé et engage un combat sans merci avec un ancien confrère, Anguirus, tout aussi gigantesque. Cet ersatz de porc-épic/tapir ne fait guère le poids contre un guerrier de la trempe de Godzilla, et après avoir subit un écartement de la mâchoire en bonne et due forme, il ne peut que s’éloigner en titubant sur ses 4 pattes et en se vidant abondamment de son sang. Et c’est nullement inquiété que Gojira disparaît pour vaquer à ses occupations irrémédiablement destructrices, toujours attiré qu’il est par les zones industrielles possédant en leur centre une usine de traitement des eaux, des silos remplis de produits inflammables et surtout, surtout une belle centrale nucléaire à réduire en miettes.

C’est alors que Keisuke trouve une pierre rectangulaire qui semble être du même métal inconnu que la pièce découverte par son frère. Ayant maintenant ces deux trouvailles sous les yeux, Miyajima est catégorique, il s’agit de titane cosmique, un métal d’origine extraterrestre. Tout ce beau monde souhaiterait bien continuer à enquêter, mais c’est sans compter sur cet empêcheur de réfléchir en rond qu’est Gojira. Le voilà occupé à régler son compte à une ville.

C’est alors que l’impensable se produit : un second Godzilla se dresse parmi les décombres et engage un duel fratricide avec son assaillant. Nouveau rebondissement, le second animal préhistorique, en arrachant un lambeau de chair au premier, laisse entrevoir comme un squelette métallique. Miyajima, Keisuke, Saeko et Masahiko sont les témoins privilégiés de la transformation du premier Gojira en MekaGojira et ce dans un déluge de flammes. S’ensuit un combat titanesque entre la forme de vie la plus primitive et bestiale qui soit, et un bijou de technologie capable de voler et d’envoyer missiles sol/sol et sol/air, ainsi qu’un formidable rayon d’énergie laser.

Le 1er round s’achève sur un incroyable match nul et de nombreuses questions sont soulevées. Qui est à l’origine de ce Godzilla en métal, capable d’anéantir ce que l’homme cherche à stopper depuis 2 décennies et surtout quelle puissance en a le contrôle ? S’ajoute à cela un nouveau mystère. Le Professeur Wagura est parvenu à déchiffrer complètement les inscriptions de la statuette et celles-ci semblent indiquer que la place de cette idole est sur l’autel de prières des Azumis. A cet instant, Keisuke et Saeko ont pour mission de rendre le Seeser en taille réduite au clan Azumi. Tandis que Masahiko conduira Miyajima à l’endroit exact où il a trouvé ce morceau de métal cosmique...

Pour les 20 ans de Gojira la Toho a mis les petits plats dans les grands. Tout d’abord en y introduisant un nouveau personnage qui deviendra l’un des préférés des spectateurs dans une galerie de monstres déjà bien fournie, le métallique MekaGojira [2]. Et pour s’assurer des entrées et aussi pour fêter l’événement (14 films en 20 ans c’est un joli palmarès !!), la Toho rappelle des visages bien connus des fans de la série de films de monstres la plus aboutie et immortelle de tous les temps. Ainsi Akihiko Hirata et Hiroshi Koizumi rempilent pour de nouvelles aventures sous les traits du Dr Miyajima, mécanicien forcé de Mekagojira, et du professeur Wagura, ethnologue et spécialiste renommé du Dieu Seeser et des légendes qui l’entourent depuis des siècles. Le premier incarna le jeune Docteur Daisuke Serisawa, rôle qu’il reprendra dans Mothra (Inoshirô Honda /1961) ; et interprétera le 1er ministre dans KinguKongu tai Gojira. Hiroshi Koizumi est, quant à lui, un compère de longue date puisque, outre les productions de Kaiju de la Toho auxquelles il participa avec son ami Akihiko, il campera l’un des 47 Ronin dans la version de 1962 de Chushingura et en 2003, il revêtira l’habit d’un linguiste dans un Tokyo S.O.S. apocalyptique.

Les plus attentifs des otaku reconnaîtront également Kenji Sahara qui est le recordman mondial de l’acteur ayant le plus joué avec Gojira, d’après mes calculs il y serait apparu pas loin de 12 ou 13 fois. Surtout connu pour le rôle récurrent du Ministre Takayuki Segawa depuis Gojira tai Kingu Gidorâ... il reprendra ce personnage dans le MekaGojira de 1993 et le bien nommé SpaceGodzilla. Sa dernière apparition aux côtés du reptile remonte à quelques mois puisqu’il joue le paléontologiste Hachirô Jingûji dans le Final Wars que Kuro a eu la chance de voir avant nous tous... snif, snif.

Un bravo tout particulier à Shin Kishida qui incarne un agent d’Interpol, à la gabardine longue et noire et aux lunettes collées au nez en toute situation, comme personne. Brièvement et sans trop s’attarder sur le monsieur, sachez que Shin Kishida a pas loin de 50 films à son actif. Mort en 1982, il joua dans Zatôichi tai Yôjimbô (20ème film de la série), dans Kozure Okami 2 et 4, dans Gôyôkiba 2. En 1978, il participa à Dainamaito dondon de Kihachi Okamoto et l’année suivante, il donnera la réplique à l’incommensurable Yusaku Matsuda dans le captivant polar Yumigaeru kinrô.

C’est aussi la 5ème et dernière fois que Gojira se laisse réalisé par Jun Fukuda, qui participa aussi au scénario. Les effets spéciaux signés Teruyoshi Nakano et son équipe bien entendu, commencent à valoir leur pesant d’or, et la présence jumelée de deux Gojira au milieu d’une ville en flamme constitue une prise de risques hallucinantes pour l’époque, même pour un studio comme la Toho.

Il faut avouer que les têtes pensantes ont vite retenu la recette magique qui leur a permis d’engranger des entrées par millions, et une réputation de films à grand spectacles aux rebondissements nombreux. Imaginez 50 ans d’idées plus farfelues les unes que les autres, de bêtes ou de machines aux noms étranges (Jet Jaguar, Biollante, Ebirah, Megaguirus). 5 décennies de bons et loyaux services de la part d’un être non pas issue d’expérimentations hasardeuses mais bel et bien de la soif de puissance de l’homme. D’ailleurs comme indiqué plus haut Gojira n’a pas demandé à naître : son existence reste fortuite, c’est un dommage collatéral pour parler de façon militaire. Pourtant le paradoxe est que pour un monstre à la création imprévue (tout comme la découverte de la radioactivité), on ne peut que saluer le fait qu’il ait tenu le haut du pavé aussi longtemps ; et du fait de l’incertitude que représente le 21ème siècle, j’espère qu’il le tiendra encore pour cinquante autres années...

Un très joli master sans défaut apparent, tout comme le pressage d’ailleurs. Le mono d’origine japonais est de bonne facture et les sous-titres d’Emi Tokoyama sont enthousiasmants à souhait. Jumelé avec Gojira tai Desutoroia (Takao Okawara/1994), ce sympa digipack vaut le détour.

Il y eut un jour un Laserdisc édité par la Toho, à la pochette d’un gris argenté sublime, et aux couleurs chatoyantes. Pour le plaisir voici la référence de ce produit qui de toute façon reste quasi introuvable : TLL 2228. Dire que je l’ai trouvé à 10 euros... neuf... Seigneur.

[1© Copyright Kuro. Dans 48 ans, les droits seront dans le domaine public.

[2Un an plus tard, la Toho sortira MekaGojira no Gyakushu. En 1993, MekaGojira reviendra pour le 20ème Gojira sur grand écran. En 2002, Masâki Tezuka laissera le soin de piloter un MekaGojira issu de l’esprit inventif des hommes ce coup-ci, à la plantureuse Yumiko Shaku. Puis en 2003, la Toho fera de nouveau appel à MekaGojira pour son Tokyo S.O.S.

- Article paru le vendredi 14 janvier 2005

signé Takeuchi

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