Green Green Grass of Home
Green Green Grass of Home est la troisième et dernière comédie romantique de Hou Hsiao-hsien, qui passera par la suite à une nouvelle étape de sa carrière avec des films plus nostalgiques, et qui surtout feront preuve d’une « force créatrice propre » [1] dès le suivant : Les Garçons de Fengkuei. Des traces de son style sont déjà présentes ce film.
Originaire de Taipei, Ta-nien remplace en cours d’année sa sœur, institutrice dans un village. Dès son arrivée à l’école, il tombe amoureux de l’une de ses collègues, Su-yun, dont les parents possèdent le théâtre où il sera provisoirement logé. Dans sa classe se trouvent trois gamins turbulents surnommés les trois mousquetaires, que Hou Hsiao-hsien nous montre aussi dans leur vie familiale. Ta-nien va rapidement apprécier sa nouvelle vie à la campagne, même si parfois ses habitudes de citadins détonnent.
Green Green Grass of Home est un mélange pour le moins curieux. En son sein se côtoient une comédie romantique et une chronique sur l’enfance. Cette dernière apporte une fraicheur plaisante par le naturel que lui confèrent les nombreuses scènes où sont présents les enfants, qu’ils se chamaillent en classe ou fassent les 400 coups.
Ce naturalisme se combine avec une atmosphère que reconnaitront les amateurs de films de Hong Kong de cette époque : de l’humour à trois francs, une musique très caractéristique, faisant ici notamment appel au violon et à l’harmonica, et un jeu un peu bancal. La présence dans le rôle principal de l’acteur-chanteur Kenny Bee, rend de plus obligatoires plusieurs scènes musicales.
Si Hou Hsiao-hsien n’a pas encore trouvé un style personnel, il commence à poser ses marques. Le réalisateur taïwanais n’a pas encore adopté les longs plans séquences et la distance qui deviendront sa marque de fabrique, mais il fait plusieurs fois appel à de longues focales qui lui permettent à la fois de suivre ses personnages à distance et dans une certaine durée.
Un des motifs caractéristiques de son cinéma est aussi présent, la répétition marquant un développement positif pour ses personnages. A l’instar de la scène du train en parallèle duquel courent les enfants qui ouvre et clôt le film. Un déplacement en train récurrent dans le film, mais aussi dans son œuvre, comme il l’était chez Ozu. Un cinéaste auquel on pense quand le réalisateur taïwanais filme à plusieurs reprises la classe du point de vue des enfants et à leur hauteur. Et pourtant, à l’époque où il filme Green Green Grass of Home, il n’a pas encore eu l’occasion de voir d’œuvre du maitre japonais ! Le train est un des legs de la colonisation japonaise et fait partie du quotidien, aussi bien des taïwanais que des japonais.
Un quotidien appelé à prendre de l’importance dans les films d’Hou Hsiao-hsien. « Pour exprimer l’essence d’un personnage, sa place dans le monde (...) il faut partir de ce qu’il y a de plus concret : la vie quotidienne de la personne que l’on filme » [2], explique-t-il.
Green Green Grass of Home fait partie des cinq films du début de la carrière de Hou Hsiao-hsien qui sortent le 3 août en version restaurée. Les autres sont Cute Girl, Les Garçons de Fengkuei, Un Temps pour vivre, un temps pour mourir et Poussières dans le vent.
Remerciements à Elise Borgobello chez Carlotta Films.
[1] Hou Hsiao-hsien, sous la direction de Jean-Michel Frodon chez les Cahiers du cinéma.
[2] Hou Hsiao-hsien, sous la direction de Jean-Michel Frodon chez les Cahiers du cinéma, toujours.





