I Am an SM Writer
Amour, inspiration et bondage...
Il y a vingt ans... Kurosaki, écrivain de romans érotiques, plutôt tournés SM, est en mal d’inspiration pour l’écriture de son nouveau livre. Afin de combler ce vide artistique, il emploie Kawada, un jeune homme d’une vingtaine d’années, qui devient son assistant... Aidé du jeune homme, Kurosaki expérimente divers jeux sexuels sur une jeune serveuse - consentante - de leur connaissance. Shizuko, l’épouse de Kurosaki, ne voit pas d’un très bon œil les perversités de son mari, et lui fait croire qu’elle a une liaison avec un gaijin, entendez par là un étranger... Alors que son mari tombe dans le panneau, Shizuko, elle, s’adonne aux "joies" du SM avec Kawada...
L’humour. L’humour est l’élément déterminant de ce Futei no Kisetsu au sous-titre accrocheur de I am an SM writer. Barré également... mais surtout beau ; enfin disons plutôt qu’il possède une "certaine" beauté - mais pas spécialement une beauté certaine... - tout résidant en fait, dans la manière de le percevoir...
Sorti juste avant son exercice "(non) imposé" de la série des Love Cinema, l’admirable Tôkyô Gomi Onna, Futei no Kisetsu est le 32ème film de l’excellent et sympathique Ryuichi Hiroki [1]...
Comment définir ce petit OVNI cinématographique passé, il faut bien le dire, totalement inaperçu aux yeux du grand public nippon lors de sa sortie ?... disons qu’il s’agit d’un film adulte ; mais un adulte qui aurait gardé des yeux d’enfant... Ouh là, oui désolé, je vais essayer d’être plus clair. Futei no Kisetsu est ouvertement sexuel, mais il est également un film sur les relations qui unissent un couple, des hommes et des femmes entre eux... Dans le film d’Hiroki (par ailleurs adapté du roman de Oniruku), le sexe est directement lié à l’inspiration... Kurosaki n’a plus d’inspiration, mais également une vie sexuelle totalement inexistante avec sa femme. Où est donc passé ce regard d’enfant que je lui alloue ? Dans sa manière d’exposer les choses... quand je dis enfant, peut-être devrais-je plutôt parler d’un regard d’adolescent. Kurosaki est qualifié de hentai, obsédé sexuel, par tout son entourage... en incompris total, hormis peut-être de son jeune assistant, il végète dans sa maison, à la recherche de la perfection artistique, ou plutôt, de "sa" perfection. "A la recherche de la perfection artistique", là se trouve le principal problème de cet homme ; il transpose sa vie d’écrivain à sa vie de couple, dans ce sens où il recherche l’acte sexuel parfait. Il l’idéalise, l’intellectualise, le fantasme, mais ne le commet pas. Sa femme, à la sexualité prête à éclater à tout moment, n’en peut plus des considérations métaphysiques de son mari ; elle décide donc d’aller voir ailleurs... Dans un premier temps, son but est de le rendre jaloux ; elle y parvient plus ou moins. Puis, elle trouve en la personne de Kawada, le jeune assistant, l’alter ego de son époux en "mieux", l’acte prenant le dessus sur les mots...
...et l’humour dans tout ça ? Il est tout simplement omniprésent (voir les théories de nos deux compères sur la fellation, ou encore sur le taux d’élasticité du vagin... pardonnez les détails !), et c’est peut-être ce qui fait la force de Futei no Kisetsu, la situation de ce couple n’étant à proprement parler pas drôle, pour ne pas dire sinistre... L’une des questions que l’on peut également se poser à la vision du film, est "qu’est-ce que l’Amour ?"... est-ce son propre plaisir ? le plaisir de l’autre ? les deux ?... évidemment, la troisième solution paraît la plus appréciable, seulement, tout n’est pas si simple... Dans Futei no Kisetsu, la réponse est toute autre : Kurosaki prend du plaisir (mais également une certaine douleur, avouons le... SM oblige) dans celui que sa femme trouve auprès d’autres partenaires. Vous me direz, "cette sexualité biscornue n’est en aucun cas comparable à de l’amour !"... et pourtant, Kurosaki est tellement vrai dans sa démonstration, qu’il en devient touchant, et le spectateur ne peut que croire en son amour.
...mais l’amour peut parfois engendrer le désespoir, et en matière de sentiments qu’y a-t-il de pire que le désespoir amoureux ? L’avant-dernière séquence est à ce titre magnifique... sans complaisance (tout comme le film d’ailleurs), d’une froideur extrême, on peut y voir le désespoir d’un homme dont la principale source d’inspiration (artistique mais également vitale) disparaît...
Ryuichi Horoki nous offre un casting de choix, puisque l’on retrouve dans son film l’immense Ren Ôsugi - est il nécessaire de le présenter ?... - (vu partout mais plus précisément en ex-flic apprenti peintre dans Hana-bi, en tueur professionnel dans Postman Blues, en sniffeur de la plus longue ligne de coke dans Dead or Alive) dans le rôle de l’écrivain. A ses côtés dans le rôle de Shizuko, c’est la charmante Yoko Hoshi vue quant à elle chez Aoyama dans son Chinpira. Dans le rôle de Kawada, c’est Jun Murakami que l’on retrouve ; on l’a vu chez Harada (Bounce Ko-Gals), Otani (Torabayu) ou encore Nakano (Akakage)...
Drôle, émouvant, "vrai", Futei no Kisetsu est avant tout un film sur l’amour, un amour certes particulier, mais malgré tout empreint d’une certaine beauté, toute relative je l’admets... Avec son petit côté fauché exploit’ qui ne fait que renforcé son côté sympathique, ce I Am an SM Writer est finalement un beau film qui se déguste comme un gros gâteau à la crème ; c’est bon tout en faisant du mal... mais qu’est-ce qu’on aime ça !
DVD | King Records Co. Ltd. | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Une granulation et un rendu très "pelloche" pour un transfert anamorphique sans le moindre défaut. | Son : Excellent Dolby Surround, rien à redire. | Suppléments : Outre le commentaire audio de Ryuichi Hiroki, nous avons droit à 39 minutes de trailer, spot video, le tournage vu par le quatre protagonistes principaux du film (Ôsugi, Hoshi, Murakami et Yamazaki), une galerie de photos et les habituelles cast & staff bio/filmos...
Ce DVD contient des sous-titres anglais optionnels.
Site officiel: http://www.slowlearner.co.jp/movies/futei/index.shtml
[1] Cf. article Tôkyô Gomi Onna - Tokyo Trash Baby.


