Joshuu Sasori Kemonobeya
Elle s’appelait Nami Matsushima... volume 3.
Nami Matsushima, alias Sasori ("Scorpion"), est recherchée par toute la police du pays. Fraîchement échappée de prison, la jeune femme traquée erre tel un animal sauvage... Sa jungle, Tôkyô. Cachée dans le métro, Sasori semble épuisée. Soudain, deux hommes surgissent sur elle. Sasori pique le premier mortellement mais le second, l’inspecteur Gondou, parvient à lui passer les menottes. Sasori lui coupe le bras et s’enfuit... Yuki, une jeune prostituée, vit seule avec son frère Masao, un attardé mental. Alors que la jeune femme vient d’être jetée comme un vulgaire fardeau par un client peu attentionné, elle tombe nez à nez avec Sasori, occupée à se défaire du bras encombrant du policier... Yuki héberge Nami en prenant soin d’elle. Après quelques jours, Nami trouve un travail de couturière dans un atelier de confection. Malheureusement pour elle, un yakuza reconnaît Sasori, et révèle qui elle est. Sasori prépare sa vengeance. Elle commence par faire croire à Yasue, la petite amie du yakuza, qu’il la trompe. La jeune femme le tue dans un accès de jalousie... Samejima, parrain local, apprend ce qui vient d’arriver à l’un de ses hommes, et fait kidnapper Sasori. Pendant ce temps, l’inspecteur Gondou empli de haine fait tout pour la retrouver afin de se venger...
...Joshuu Sasori, manga culte de Tooru Shinohara - créateur des manga Zero Woman et 82 Bunsho ! - devient quasi-instantanément un film produit sous l’égide de la Tôei et réalisé par Shunya Ito en 1972 : Joshuu 701 Gô Sasori. Le succès est sans appel, et quatre mois après ce premier opus sort Joshuu Sasori Dai 41 Zakkyobô, suite sublime, véritable bijou visuel et chef-d’œuvre du cinéma d’exploitation. Le secret de Joshuu Sasori ? Le savant dosage d’une mise en scène avant-gardiste hors norme, et une interprète principale d’une beauté rare : Meiko Kaji... Née en 1947, Kaji, de son vrai nom Masako Ota, écume les productions Nikkatsu dès la deuxième moitié des 60’s en enchaînant seconds rôles sur seconds rôles. Puis en 1970, elle partage la tête d’affiche de Onnabanchou Noraneko Rokku avec Akiko Wada. La légende Kaji est en marche...
1973. Kemonobeya, troisième et dernier "Sasori" estampillé Ito - Joshuu Sasori 701 Gô Uramibushi [1], le quatrième épisode, étant signé Yasuharu Hasebe - met Sasori aux prises avec des hommes abominables, dont le principal attrait est de faire subir aux femmes les pires humiliations. Sasori erre dans une cité aux allures de jungle, corrompue et sans loi, hormis celle du plus fort et du plus vil... Défenseuse de la Femme, Sasori incarne un féminisme exacerbé porté à son paroxysme. Violente - jamais sans raison - et douce à la fois, Sasori ne pique que lorsqu’elle est en danger. Et elle va avoir beaucoup à faire dans ce Kemonobeya ! Yakuza ultra-violents, femmes jalouses, docteurs pratiquants des expériences sur de pauvres femmes sans défense, mais aussi de l’amour et de l’amitié... des ingrédients nécessaires pour que la préparation monte ! Katsu, la femme de Samejima, ancienne co-détenue de Sasori entretient une haine quasi-passionnée envers elle... Véritable élément démoniaque au sein du clan, elle fait pratiquer des avortements sauvages sur les prostituées du quartier par l’ignoble Docteur Yamashita, alcoolique et tortionnaire notoire, tout droit sorti de Camp 731 !
Aux croisées d’Ilsa et du western spaghetti-urbain, ce troisième volet des aventures de Sasori nous entraîne aux confins du film d’exploit’, atteignant une beauté formelle à son apogée ; une composition des cadres étudiée dans les moindres détails, une utilisation des couleurs à la fois symbolique et purement plastique, un scope magistrale utilisé à 100%... bref, du Ito tout craché...
...Shunya Ito, dix films réalisés entre 1972 et 1998, est un esthète, c’est indéniable. Ses trouvailles de mise en scène, son sens inné du cadrage, ses codes visuels empreints d’un onirisme rarement égalé, et son "amour" inconsidéré pour son héroïne... Meiko Kaji, la beauté incarnée... On retrouve dans ce Kemonobeya l’excellent Mikio Narita (la cultissime série Tantei Monogatari, Yasei no Shômei), qui campe ici Gondou le flic pugnace, mais aussi Kôji Nanbara (Yomigaeru Kinrô), ou encore dans un rôle de moindre importance, Hachirou Tako, ex-boxeur mort noyé en mer après avoir ingurgité de l’alcool (pour la petite histoire, "Tako" signifie "poulpe" en japonais...).
...dernier Sasori tourné par Shunya Ito, Kemonobeya est une œuvre magnifique qui déborde de créativité, la perfection capturée sur pellicule, un film au-delà de toute conventionalité, lyrique et déchirant... un Chef-d’Oeuvre, un vrai !
DVD | Tôei Video | NTSC | Zone 2 | Format : 1:2:35 - 16/9 | Images : Un pressage sans le moindre défaut aux couleurs chatoyantes | Son : Très bon mono.
Suppléments : 2 trailers et une mini-galerie de photos...
Ce DVD ne contient pas le moindre sous-titre.
Existe également en VHS (NTSC) au Japon.
[1] Dix Joshuu Sasori furent tournés entre 1972 et 1998, dont un direct to video - Joshuu Sasori Satsujin Yokoku - sorti en 1991 et réalisé par Toshiharu Ikeda (Evil Dead Trap), avec Natsuki Okamoto dans le rôle titre. Quant à Meiko Kaji, elle n’interprètera Sasori que dans les quatre premiers, entre 1972 et 1973.





