La Colline a des yeux 2
Ça leur apprendra à être des bleus bites : après avoir lamentablement échoué à l’entraînement, une unité de soldats écope d’une mission de livraison, simple détour sur le chemin du retour vers leur camp Nouveau Mexicain. « Simple » sur papier en tout cas, un tantinet humiliant même pour ces apprentis Rambo en attente de guerre en Irak, car les scientifiques à qui ils doivent livrer du matériel de recherche, œuvrent au cœur du secteur 16. Eux ne connaissent pas cet endroit - tout au plus savent-ils qu’il fut le théâtre de tests nucléaires un demi-siècle auparavant – mais nous qui avons vu le monument barbaro-jouissif de sieur Alexandre Aja, savons qu’il s’agit du terrain de chasse de rednecks mutants, meurtriers et cannibales. C’est pourquoi la mission de notre commando d’élite devient un search and rescue à balles réelles, lorsqu’ils reçoivent l’appel de détresse d’un soldat censé assurer la sécurité du camp étrangement déserté. Et paf ! Martin Weisz de lâcher ses freaks surpuissants sur la synthèse d’une armée décérébrée, avec force barbaque et – déconcertante nouveauté – velléités filiales...
J’imagine que le registre linguistique retenu pour ouvrir cet article aura choqué les plus prudes d’entre vous ; soit, mais ce n’est pas moi qui ai commencé, c’est Martin ! C’est vrai quoi, ouvrir un film sur les hurlements, en gros plan et en sourdine, d’une femme que l’on découvre, tandis que le volume monte, non seulement captive, au vu de sa très graphique et dénudée détérioration physique, mais en train d’accoucher d’un bébé mutant, c’est osé, non ? Surtout quand au terme du labeur forcé, le rejeton repoussant retiré a mano en grand large, l’avènement se transforme en homicide insultant, misogyne, et gratuitement brutal ! Certainement le meilleur moyen qu’a trouvé le réalisateur de tenir la dragée haute à Alexandre Aja, qui s’était amusé dans son remake à menacer sévèrement le sacro-saint autel de la maternité et de l’enfance, allant jusqu’à coller le canon d’un flingue sur la tempe d’un nourrisson. Et ben vlan Alex ! C’est Martin qui a la plus grosse.
Mouaip. Sauf que passée cette fulgurance offerte par la maison, La Colline a des yeux 2 n’a pas grand chose dans le bide. Son ramassis de protagonistes, n’en déplaise au joli minois de Jessica Stroup, mériterait bien à Fox Atomic un blâme du Pentagone comme un certain Clint en son temps. Des héros qui n’en sont pas, soldats en devenir mais qui, of course, seront stoppés – à la pioche notamment – dans leur élan patriotique. Des figures américaines avortées, guerriers illettrés de toutes races, confortés en tant qu’idiots de bout en bout dans une répétition de motifs meurtriers certes ironique, mais qui plombe fortement une narration déjà sans intérêt. C’est vrai quoi, se faire avoir sans cesse en escaladant la même falaise, alors que le sol est déjà jonché de cadavres quelques pieds plus bas, c’est ballot à force. Un peu comme croire qu’un mutant inconscient est un mutant mort. On retiendra pour notre part que les soldats américains, confrontés à des stimuli à répétition, sont dotés d’une courbe d’apprentissage à faire passer mon chat pour un surdoué. C’est certainement pour cela d’ailleurs que, le temps de se farcir des violeurs difformes et autre mutilé caché dans une fosse sceptique, la prod a décidé de teindre Jessica Stroup en blonde.
Vous le voyez, ça vole bien haut. Exit le sérieux si réfléchi, cinégénique et implicitement drôle – le rire étant une échappatoire inévitable à tant de brutalité sordide - de son prédécesseur, La Colline a des yeux 2 fait dans l’humour bêta et de mauvais goût, et tente d’y distiller, après coup, un semblant de panique. Mais pour cela, il aurait fallu notamment éviter la séquence Goonies, avec ce gentil mutant qui vient en aide aux survivants. Certes, ça permet d’enfoncer le clou de l’enveloppe vide – le vilain monstre étant moins bête que nos (dé)gradés - mais ça frôle le ridicule ; que dis-je, ça l’enlace carrément. Heureusement que Jessica est si mimi, sorte de Melissa George pour ados, et que Martin Weisz s’emporte un peu sur la fin, cédant aux sirènes de l’ultraviolence vengeresse susurrée par son grand frère, sinon on serait à la limite du temps perdu. Encore que : si vous restez jusqu’au générique de fin, vous pourrez voyager dans le temps grâce à l’incroyable theme song "The Hills Have Eyes" signée LoudLion [1]. Chanmé.
Pour mieux expliciter le fossé qui le sépare du bijou d’Alexandre Aja, La Colline a des yeux 2, dispo en DVD, Blu-Ray et autres formats bardés de DRM, est aussi dispo en coffret duo. Pour ma part, je me suis laissé tenter par une diffusion télé, et ce n’était pas plus mal, surtout pour un dimanche soir.
[1] Faites une recherche sur un site de partage de vidéos, vous verrez bien !



