La proie
Paul Racine (un français donc !!!) vient de conclure un important marché au Japon. Alors qu’il prend un verre au bar de son hôtel, il fait la connaissance de Kirina (Joan Chen), une femme secrète avec qui il finit par passer une partie de la nuit. Une bien mauvaise idée, car peu après Kirina est exécutée, sous les yeux de Paul, par Kinjo (John Lone), chef des Nakato une redoutable secte d’assassins ninjas. Témoin gênant poursuivi par les ninjas de Kinjo, Paul trouve protection auprès de Takeda (Yoshio Harada), chef du clan des Takeda (normal !!!), ennemi de longue date des Nakato.
Je tiens tout d’abord à rassurer nos fidèles lecteurs, intrigués (et se posant peut être des questions sur la santé mentale de certains des chroniqueurs de Sancho) de trouver un article ayant trait à la filmographie de Christophe Lambert. Loin de moi l’idée de réhabiliter une partie de la carrière de notre Highlander favori ; disons plutôt qu’il s’agit du plaisir coupable de rédiger quelques lignes sur un nanar (vous n’imaginiez quand même pas que j’allais crier au chef d’œuvre incompris) qui recèle, pour moi et mon cerveau malade, quelques éléments forts sympathiques.
Comme tout bon nanar qui se respecte, le point fort de La proie c’est son scénario hautement farfelu qui renvoie aux grandes heures des American Ninja (pour ceux qui ont connu cette époque, rappelez vous : la Cannon, Michael Dudikoff, Steve Wiliams, des ninjas blancs !!! Le bonheur maintenant en DVD zone 1 chez MGM), mais qui nous vaut des séquences mémorables : ainsi sachez que si vous êtes un ninja, il vous sera facile d’attaquer un hôpital et de transpercer du verre avec une flèche en bois, que si vous êtes perdu dans Tokyo la nuit, une gamine de dix ans rencontrée par le plus grand des hasards (car comme tout le monde le sait, le hasard fait bien les choses) se fera une joie de vous accompagnez à la gare la plus proche, et que si vous tuez une bonne dizaine de personnes pour la bonne cause, la police vous laissera repartir gentiment après avoir pris votre déposition.
Autre élément réjouissant ou désespérant, à vous de voir selon votre humeur, la représentation si pertinente du Japon vu par les américains. Pas d’inquiétude, tous les clichés du genre sont rendez vous : le Mont Fuji, les châteaux médiévaux , le Shinkansen, le pachinko, pour les décors ; Kodo pour la musique ; le sens de l’honneur du samouraï pour la culture, et même un soupçon de fantastique avec les apparitions fantomatiques de Joan Chen (la plus japonaise des chinoises comme chacun le sait, idem pour John Lone). Sans oublier LE stéréotype, mon préféré : l’étranger apprenant l’art du sabre en trois jours, tellement doué qu’il peut tenir tête au plus expérimenté des sabreurs.
J’en conviens, avec de tels arguments en sa faveur, La proie ne deviendra jamais un film culte, mais deux atouts lui évitent pourtant de rejoindre Vercingétorix dans la catégorie « films à bannir du monde terrestre ».
Premier atout, la présence Yoshio Harada (récemment dans Azumi, Kyouki no sakura, et incroyable Captain Banana dans Party 7), accompagné de la ravissante Yôko Shimada (Lady Hanada dans Crying Freeman), dans ce que l’on pourrait appeler le syndrome The Last Samouraï. A l’instar de Ken Watanabe, Harada bouffe littéralement l’écran à chacune de ses apparitions et son charisme éclipse sans mal ses autres partenaires. Second atout, une séquence bien barrée qui justifie à elle seule le visionnage du film (je vous assure). A ma gauche Yoshio Harada, costume cravate, sabre à la main. A ma droite une bande de ninjas surarmée. Le lieu de l’affrontement : le Shinkansen. Nos tueurs impitoyables ne laissant aucun témoin, ils commencent par liquider tous les voyageurs qu’ils croisent sur leur chemin. Surgit Harada, très calme, très pro. Deux, trois coup de sabre plus tard, un ninja vide ses tripes sur le sol. Fin du premier round, Harada repart tranquillement dans un autre wagon, à la stupéfaction des ninjas restant.. S’ensuit une bonne tuerie dans les règles de l’art, avec coups de sabre capable de trancher l’acier, quelques flèches de Yôko Shimada, et de bonnes giclées de sang.
La proie, un pur bonheur de cinéphile !!!
La proie existe en DVD zone 2 chez Universal, et dans tous les vidéo-clubs.



