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Miracle Mile

USA | 1988 | Un film de Steve DeJarnatt | Avec Anthony Edwards, Mare Winningham, John Agar, Lou Hancock, Mykelti Williamson, Kelly Jo Winter, Kurt Fuller, Denise Cosby, Robert DoQui

Chez Sancho il y a une chose que l’on aime bien : rendre justice aux films que l’on considère comme oubliés. Je pense ainsi à Six String Samurai, toujours perdu dans les limbes de la non-reconnaissance, ou encore Ginger Snaps, The Reflecting Skin (L’enfant miroir), Paperhouse et j’en passe... autant d’œuvres - pour le coup toutes fantastiques - que j’affectionne tout particulièrement et qui, malheureusement, tardent à faire partie de l’Histoire. Alors on fait ce qu’on peut et on utilise les moyens à notre portée pour raviver ces flammes hésitantes ; et quoi de mieux qu’une sortie DVD pour tenter un rattrapage ? C’est d’une telle occasion que je profite aujourd’hui (merci MGM !), pour vous présenter l’excellent Miracle Mile de Steve DeJarnatt.

Employé dans un musée d’Histoire Naturelle, Harry (Anthony Edwards) est un homme banal qui vit une tragédie tout aussi banale : ça fait maintenant trente ans qu’il cherche une femme avec qui faire sa vie, en vain. Quand Julie (Mare Winningham) fait son apparition au musée, Harry sent qu’une chance s’offre à lui - aussi contre toute attente ne la laisse-t-il pas s’échapper ! Julie parait un peu "old school" voire timide, mais un troisième rendez-vous se dessine, loin d’être anodin ("I’ll screw your eyes blue", lui dit-elle). Il suffit à Harry de venir chercher sa douce un peu après minuit, à la fin de sa journée de boulot dans un diner minable. Harry s’allonge et règle son réveil, mais il y a une coupure de courant dans son hôtel ; quand il se réveille il est près de quatre heures du matin. Evidemment Julie ne l’a pas attendu. Désespéré, notre Roméo honteux fait les cent pas devant le diner, quand le téléphone sonne dans une cabine téléphonique voisine. C’est un faux numéro certes, mais pas des moindres : l’homme au bout du fil, persuadé d’appeler son père, travaille dans un silo à missiles dans le North Dakota, et apprend à Harry que la Troisième Guerre Mondiale a éclaté. Les missiles nucléaires sont en chemin. L’échéance de la fin du monde : moins d’une heure...

Avant d’aller plus loin dans cet article, un petit rappel sur des noms, qui pourraient ou non avoir attiré votre attention. Anthony Edwards d’abord, plus connu sous les traits de feu Dr. Mark Greene dans Urgences... Une filmographie pour le moins éclectique que celle de cet acteur discret : des deux Revenge of the Nerds à Pet Sematary 2, en passant par Top Gun (et oui : Goose, c’était lui !), on peut dire que l’homme a un sacré palmarès eighties ! Il était donc justice qu’il termine cette merveilleuse décennie avec un film aussi étonnant que celui-ci.

Mare Winningham même si son nom ne vous dit peut-être rien, n’est pas une inconnue non plus. Nominée en 1995 à l’Oscar de la Meilleure Actrice dans un rôle secondaire pour sa prestation dans Georgia aux côtés de Jennifer Jason Leigh, sa filmographie compte St Elmo’s Fire, Nobody’s Fool, Made in Heaven et Wyatt Earp, parmi tant d’autres titres.

Et puis enfin le troisième nom sur lequel nous nous pencherons est celui du réalisateur, Steve DeJarnatt. Celui ne vous dit rien et ce n’est pas étonnant ; à moins que vous fassiez partie du cercle restreint des adorateurs de ce sympathique navet qu’est Cherry 2000 (avec Melanie Griffith, souvenez-vous...). En dehors de ces deux longs-métrages, DeJarnatt n’a plus jamais réalisé autre chose que des épisodes de séries télé, pour lesquels il a aussi écrit des scénarios. En tant qu’auteur par ailleurs, il a aussi travaillé aux côtés de sieur Carpenter lui-même pour Black Moon Rising avec Tommy Lee Jones et Linda Hamilton.

Trois noms donc, mais une seule époque - les années 80 - et surtout un chef-d’œuvre...

Car oui, Miracle Mile est un petit chef-d’œuvre d’anticipation, subtil, étonnant, effrayant, courageux, violent... beaucoup de qualificatifs seraient nécessaires pour décrire les réussites à l’actif de ce film parfaitement maîtrisé. Pour vous dire, pour moi c’est l’un des meilleurs films de l’époque traitant d’un possible conflit nucléaire, aux côtés de ce téléfilm incroyable qu’est le By Dawn’s Early Light de Jack Sholder. Pourtant, DeJarnatt aurait facilement pu déraper en commençant son film comme une love-story classique. Il s’en sort étonnamment en dosant la part de la narration attribuée à la naissance de la relation entre Harry et Julie, parvenant en peu de scènes à dessiner les quelques traits de caractères, nécessaires et suffisants, à la création de personnages tangibles. Le film aurait pu s’enliser une seconde fois, suite à la réception du coup de fil déclencheur. Pourquoi Harry décide-t-il de croire à cette annonce ? Comment faire pour propager une panique sur la base de sa seule crédulité ? Endossant aussi le rôle de scénariste, DeJarnatt s’en sort une fois de plus en limitant la durée de la scène et en y introduisant les personnages nécessaires (une employée du gouvernement, un paranoïaque, etc.) ; ainsi le spectateur décide d’accepter cette idée qui, de toute façon, va se vérifier - ou non - au cours des cinquante prochaines minutes.

Dès lors le film se déroule en gros en temps réel, et pose bien sûr en toile de fond la question de la validité de cette panique en devenir. Là ou DeJarnatt fait fort, c’est justement en retournant le comportement de ses héros au moment où la sauce prend parmi la population. Que la fin du monde soit proche ou non, Harry en a provoqué de toute façon, un certain échantillon dévastateur. La réalité en tout cas, je me dois de vous la laisser découvrir ; je me contenterais de vous dire qu’elle est non seulement étonnante, mais de plus parfaitement géniale (dans l’idée autant que dans sa mise en scène).

Arrivé à la fin de cet article - qui ne peut être qu’une présentation si je ne veux vous ruiner le suspense du film - je me rends compte que j’ai oublié un quatrième nom, lui aussi très symbolique d’une décennie de fantastique et qui contribue largement à la qualité d’ensemble de Miracle Mile : Tangerine Dream. Le groupe responsable des incroyables bandes-son de Legend, Near Dark, Firestarter et j’en passe, a signé avec la musique du film de DeJarnatt, l’un de ses meilleurs disques c’est évident. Tellement simple et beau, que l’on pourrait le ranger aux côtés d’un Carpenter ou d’un Goblin. Une raison de plus si vous en manquiez, de retourner courir à en perdre haleine le long de Miracle Mile !

Miracle Mile est disponible en DVD chez MGM. La copie est belle mais plein cadre, et le DVD ne comporte d’autre supplément que le trailer du film... mais il existe, et c’est là l’essentiel !

- Article paru le mercredi 30 juillet 2003

signé Akatomy

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