Mon deuxième frère
Dans une ville minière ravagée par une crise économique, deux frères et deux sœurs, récemment orphelins, cherchent à survivre. La famille compte en particulier sur l’aîné, qui est employé à la mine, mais la dégradation de la conjoncture économique lui fait perdre son travail. Il doit s’exiler pour trouver un emploi ailleurs, un chemin que la sœur aînée a déjà suivi. Les deux plus jeunes, la benjamine Sueko et son frère un peu plus âgé Koichi restent au village, accueillis par un autre mineur, mais celui-ci va être sérieusement blessé lors d’un accident dans le puits. Le petit frère va chercher par tous les moyens à aider sa famille.
Le spectateur occidental sera dans l’incapacité de deviner que les membres de cette famille sont des Japonais d’origine coréenne avant que l’un des personnages ne déclare : « Nous les Coréens sommes les premiers licenciés ». Shohei Imamura est à cette époque avec Nagisa Oshima (L’armée oubliée de l’empereur notamment) l’un des rares cinéastes japonais à aborder le problème de leur discrimination à l’écran. Mais comme le note Samuel Coavoux [1], la question coréenne est reléguée derrière la question économique, s’effaçant au profit de celle des difficultés de la condition ouvrière.
Mon deuxième frère reste une fiction de gauche soulignant les souffrances du petit peuple et sa solidarité. Mais il n’y a aucun méchant (capitaliste) dans cette histoire ; même le cadre de la mine le plus élevé fait de son mieux pour la protéger, ainsi que ses travailleurs. La matrone, patronne d’un petit commerce, est l’un des personnages récurrents un tant soit peu négatif. Le film pâtit d’un ton trop mélodramatique.
Mon deuxième frère est le quatrième film d’une cinéaste qui se cherche encore. Une des constantes de son cinéma est cependant présente : la pulsion très forte de vie de certains des personnages. Le frère auquel il est fait référence dans le titre et la doctoresse, Kaneko, font feu de tout bois, le premier pour aider sa famille et la seconde pour assister les villageois.
Sur le plan visuel, le film, tourné en NikkatsuScope, nous offre quelques belles trouvailles. On y trouve des plans à la verticale – les membres de la famille allongés sur le dos, pour une fois repus après un repas -, un plan signature du cinéaste. Parmi mes séquences préférées figure celle du terril que gravit un tender où se sont installés Koichi et un ami, derrière lesquels se dévoile le village pendant qu’ils rêvent de leur avenir.
Mon deuxième frère a été présenté dans le cadre de la 22e édition de L’Etrange Festival (2016), qui rendait hommage à Shōhei Imamura.
Remerciements à Xavier Fayet et à l’équipe du festival.
Edité par Elephant Film, le film est disponible depuis le 15 novembre en Combo (Blu-ray+DVD) ; il est sorti en même temps que Désirs volés, Désir meurtrier et Le profond désir des dieux.
[1] La représentation des Coréens zainichi dans le cinéma japonais contemporain





