My Wife is a Gangster 2
Eun-Jin est de retour. Certes - mais pourquoi ?
Avant d’aborder le pourquoi toutefois, c’est une autre question qu’il convient de se poser. Car dans cette suite à l’excellente comédie de Jo Jin-Gyu, l’irascible et garçonne chef du Scissors Gang perd la mémoire suite à une chute spectaculaire, au cours d’une rixe mafieuse sur la terrasse d’un immeuble. Recueillie par Jae-Chul, propriétaire d’un restaurant chinois, elle travaille pour lui en tant que livreuse.
Entre le manque de respect de la fille de son boss et l’admiration entreprenante de bon nombre de riverains masculins, Eun-Jin vivrait presque une vie normale si elle n’était pas si désireuse de retrouver son identité. Ainsi, elle navigue d’électrocution domestique (tiges métalliques dans une prise) en électrocution naturelle (en haut d’une colline pendant un orage, un parapluie dénudé à bout de bras), pour tenter de provoquer un choc riche en souvenirs mais rien n’y fait. Tandis qu’Eun-Jin redécouvre ses aptitudes au combat au cours d’un hold-up dans une banque, White Shark (adversaire diminué rescapé du premier opus) rode dans les parages, et compte bien l’aider à retrouver la mémoire pour satisfaire sa soif de vengeance...
My Wife is a Gangster 2 est relativement symptomatique du cycle de vie très court des différentes modes coréennes contemporaines. Ainsi entre 2001 et 2003 - soit la période qui sépare le premier My Wife is a Gangster de cette suite superflue - les réalisateurs coréens ont épuisé jusqu’à la corde leur concept de "film de mafia". Le metteur en scène du film qui nous intéresse aujourd’hui, Jeong Heung-Sun, est lui-même responsable de l’un des plus grands succès du genre avec Marrying the Mafia, carton de la période de Chusok [1] 2002. Désireux d’alléger le premier opus en violence et grossièreté, Heung-Sun s’attelle à la réalisation d’un film familial, qui serait le fleuron ultime du genre.
La scène d’ouverture du film, splendide affrontement "massivement multijoueurs" qui reprend le principe en deux temps de l’ouverture du premier film, va tout à fait dans le sens du "film de mafia" ultime. Le combat est démesuré, les moyens énormes, Eun-Jin plus aérienne et légendaire que jamais. Il suffira d’une chute (malheureusement à double sens), pour que My Wife is a Gangster 2 trébuche et bascule dans l’anecdotique.
Car à partir de cet instant, le grand "retour de la légende" souffre du syndrome Love Undercover 2 ; à savoir que sa mise bout-à-bout d’anecdotes n’en fait pas un film, et ce en dépit du charisme phénoménal de Shin Eun-Gyeong. Le premier opus - et c’est pourtant ce qui avait déçu un certain nombre de spectateurs occidentaux -, était une comédie habilement dopée à l’action ; ce deuxième film se contente de se la jouer "add-on", ne penchant jamais ni pour l’action ni pour l’humour, et laissant de côté un moteur comique potentiel certes classique, mais riche en possibilités (l’amnésie).
My Wife is a Gangster 2 navigue donc sans se forcer entre scènes d’actions réussies et comique sympathique ; mais s’affranchit d’un véritable moteur narratif pour s’appuyer sur les épaules de personnages pour la plupart trop superficiels. White Shark avec sa crinière très eighties, est méconnaissable mais fait figure de frère caché de Richard Gere, Sherry nous refait le coup du "Oopa" excessif du premier opus... bref, cette suite qui n’en est pas une (où est donc passé le mari de Eun-Jin ?) ne parvient jamais à voler de ses propres ailes.
Selon les dire de la production "ce film a un peu de tout" ; dommage qu’il décide au final de n’avoir beaucoup de rien. On regrettera d’autant plus une fin ouverte sur un affrontement "all girl" aguicheur, opposant potentiellement Shin Eun-Gyeong à une Zhang Ziyi putassière. "Potentiel" restera donc le mot qui résume le mieux My Wife is a Gangster 2 - sauf que celui-ci n’est malheureusement jamais atteint.
Double DVD collector édité par Cinexus.
Copie anamorphique sous-titrée en anglais ; trailers, making of, interviews, storyboards, etc... en guise de suppléments.
[1] Equivalent cinématographique du nouvel an chinois à Hong Kong.

