Onyanko the Movie - Kiki Ippatsu !
Kamikaze chatonnes !
1er avril ; les ultra-adulées Onyanko Club, donnent un concert un peu particulier au Nippon Budokan, puisqu’il s’agit des adieux de deux des piliers du groupe, Sonoko Kawai et Miaru Nakajima... Mâjan et Marason-boi (Marathon boy), deux lycéens venant du Touhoku (Nord du Japon), décident de partir à pied pour Yokohama où aura lieu le concert des Onyanko au mois de juillet... La productrice du groupe est une femme très investie par son travail... une seule chose lui cause des soucis ; son fils, le petit Yûjin, qui se mêle d’un peu trop près des jeunes filles du groupe. Un beau jour, le garçonnet surprend un homme d’une cinquantaine d’années voler un peigne appartenant à l’une des Onyanko. Il le suit, et se retrouve devant un parterre d’otaku adultes qui mettent aux enchères des objets volés aux membres du groupe d’idoles... Yûjin, peu discret, est découvert et fait prisonnier. Rapidement, le jeune garçon découvre le plan machiavélique du chef de ce groupuscule extrémiste, Supêdo no Êsu (« As de pique ») ; organiser un attentat à la bombe lors du concert au stade de Yokohama pour ne plus être attristé par le départ du groupe des jeunes filles... Le jour du concert est arrivé. Yûjin parvient à s’échapper des griffes de Supêdo no Êsu, et se rend au stade...
Lorsque l’on parle de Masato Harada, les titres Kamikaze Taxi ou encore Bounce Ko-Gals reviennent régulièrement... il faut dire que ces deux films font partie des grandes œuvres cinématographiques nippones de la dernière décennie, tant par leur qualité technique que dans les thèmes qui y sont développés... Septembre 2003, une partie de Sancho se ballade près du forum des images et tombe sur un Masato Harada très ouvert à la communication... ça papote, ça papote et, alors que notre ami japonais pense qu’il va s’en tirer comme ça, une question qui me démangeait depuis le début de cette inespérée rencontre jaillie soudainement : « ...mais dites moi, et Onyanko the Movie... c’est le bonheur non ?! »... interloqué, le sieur Harada montre alors des yeux tout ronds et me balance un « otakuuuu !!! » - totalement infondé - que j’aurais aimé plus discret... bref, après s’être remis de ses esprits, le réalisateur nippon m’explique que le seul intérêt de ce film est la présence de son fils (Yûjin Harada), alors très jeune, et qu’en gros c’est un peu le bonheur pour lui de revoir fiston petit garçon... clair que c’est plus classe qu’une vieille VHS d’avoir l’image de son fils gravée sur pellicule... bon, ok Masato, tu veux te la jouer genre ton film n’a aucun intérêt ?! tu nous as déjà fait le coup avec l’excellent Saraba Itoshiki ito yo non ?...
...il est clair qu’à première vue, ce Kiki Ippatsu ! a tout d’un o.f.n.i. au beau milieu de la filmographie de Masato Harada. Le film d’idole - aidoru eiga - est un genre à part entière au Japon, et de nombreux réalisateurs s’y sont frottés tel Takashi Miike qui offrit une mythique séquence aux Da Pump dans Andromedia, film à la gloire des géniales SPEED... dans nos contrées, quelques o.f.n.i. fleurirent ci et là, notamment l’ « excellent » et indescriptible Can’t Stop the Music (Nancy Walker /1980), pseudo-bio romancée des Village People... 1986, Masato Harada se retrouve donc à la tête du film des Onyanko Club (cf. Komikku Zasshi Nanka Iranai !), les Morning Musume des 80’s.
...mettons nous d’accord tout de suite ; Kiki Ippatsu ! est une commande, une vraie, mais Harada gagne le droit d’en écrire le scénario, ce qui est déjà pas mal. Malgré cela, on sort rarement des limites du film de propagande pro-Onyanko Club... et c’est normal, puisqu’il s’adresse à un jeune public composé de fans ; maltraiter nos gentilles petites idoles ça ne le ferait pas vraiment... quoique... Harada ose les mettre en danger, et ça c’est plutôt culotté de sa part ! A vrai dire, l’impression que donne ce Kiki Ippatsu !, est de contenir deux films en un : la partie fiction dans laquelle jouent les « vrais » acteurs, tandis que les séquences - obligatoires - réservées aux jeunes filles du groupe tiennent plus du documentaire, Harada plaçant sa caméra comme s’il posait un œil extérieur - et clairement détaché - sur leurs activités...
...en se creusant la tête on peut toujours y trouver une thématique chère à Harada, en l’occurrence l’individu seul face à un groupe, que l’on peut voir ici de deux manières ; une plutôt plausible : Yûjin, un petit garçon que personne ne croît lorsqu’il annonce qu’une bombe va exploser, se retrouve seul face à la société... et une seconde, plus tirée par les cheveux tout en paraissant claire comme de l’eau de roche : Masato Harada seul face aux Onyanko Club...hum ! ok... mais en tous cas Kiki Ippatsu ! ressemble plus à une sorte de crossover entre les Spy Kids (une trilogie indispensable !), Perfect Blue et l’ aidoru eiga pur et dur, plutôt qu’à un éventuel brouillon de Kamikaze Taxi...
Au programme donc, de vieux otaku fétichistes - dont un Rikiya Yasuoka tout bonnement excellent en short ! -, fillettes à la plage, en studio d’enregistrement, en répét’, les leçons de danse, bref en coulisse (un vrai film pour fans, je vous l’ai bien dit !) avec les Onyanko Club... On y retrouve également quelques comédiens de talent, telle la toujours excellente Kaori Momoi, Masato Ibu, ou encore un très jeune Yôsuke Eguchi, mais surtout l’ineffable Tsutomu Sekine - imitateur hors pair de Jô Shishido et Riki Takeuchi - dans le rôle de l’inquiétant Supêdo no Êsu...
...étrange objet filmique donc que cet Onyanko the Movie - Kiki Ippatsu ! aux croisées du film grand public et d’un cinéma plus « auteurisant », il s’en dégage deux sentiments bien distincts : le réel bonheur procuré par la vision d’un petit film typiquement 80’s devant lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde, mêlé à l’ inexprimable prise de conscience que notre société à atteint un point de non-retour... « (...) le spectacle soumet les hommes vivants dans la mesure où l’économie les a totalement soumis. Il n’est rien que l’économie se développant pour elle-même. Il est le reflet fidèle de la production des choses, et l’objectivation infidèle des producteurs (...) [1] »... la société du spectacle à son paroxysme ? ça fait peur...arigatou Harada-san !
DVD (Japon -pas vu) | Pony Canyon | Format : 1:1:85 - 16/9 | Son : Au choix stéréo ou 5.1 | Ce DVD ne contient pas le moindre sous-titre.
Existe également en VHS (NTSC) au format [1:85] chez Pony Canyon, et en LaserDisc (NTSC).
[1] Guy Debord, La Société du Spectacle




