Platonic Sex
"On prend conscience de ce que l’on aime lorsqu’on ne l’a plus..."
C’est l’anniversaire d’Aoi, une jeune japonaise de dix-sept ans... Aoi vient d’être violée. Partie chercher un peu de réconfort auprès de ses parents, elle est battue par son père et rejetée par sa mère. C’est l’anniversaire d’Aoi, une jeune japonaise de dix-sept ans... Aoi, seule, tente de se suicider en se jetant du toit de l’école lorsqu’elle reçoit un message sur son portable qui lui souhaite un bon anniversaire. C’est une erreur mais le message la réconforte. C’est l’anniversaire d’Aoi, une jeune japonaise de dix-sept ans... Alors qu’elle erre seule dans la ville, elle fait la rencontre de Kanai, un homme souriant qui lui propose de devenir mannequin pour des photos. En fait, le travail qu’il lui propose est celui d’hôtesse de bar. C’est l’anniversaire d’Aoi, une jeune japonaise de dix-sept ans... L’argent est un appât de choix pour Aoi, proie facile, qui se retrouve très vite surendettée. Kanai lui propose alors un contrat de cinq millions de yens si elle tourne dans cinq films pornographiques. C’est la vie d’Aoi, une jeune japonaise d’à peine dix-sept ans...
Dès les premières images de Platonic Sex, le ton est donné ; le film s’ouvre sur la tentative de suicide d’une jeune fille, pour finalement nous emporter dans un flash-back où l’on découvre cette même jeune fille se faisant violer... Adapté du best seller homonyme écrit par Ai Iijima, fameuse star du X nippon, Platonic Sex "le film" nous dépeint donc l’entrée mouvementée dans la vie adulte de la jeune Aoi Kadokura.
Platonic Sex, un titre composé de deux mots pourtant opposés, qui malgré tout retranscrit à la perfection les sentiments mêlés de la jeune héroïne, perdue au beau milieu d’un monde dont elle découvre les règles après coup...
...alors, vous allez me dire que ce film d’une gaieté extrême de par son contenu, risque fort de déraper très rapidement dans un étalage de manichéisme éhonté chatouilleur de lacrymales à en faire pâlir les fans d’un film sur un gros bateau coulé en 1912 ; et bien que nenni ! Avec sa galerie de personnages hauts en couleurs, attachants, détestables, ou les deux - il y en a pour tous les goûts -, Platonic Sex parvient par le biais de sa réalisatrice Masako Matsuura, à justement éviter les clichés qu’inspirent ce type d’histoire (mais ça visiblement, le livre d’Ai Iijima s’en démarquait déjà). Contrairement à ce que pourrait laisser croire le résumé du film, ou même son introduction, le parti pris de mise en scène de Matsuura n’a rien du film voyeur et ouvertement sexuel, mais plutôt d’un film adulte ; adulte mais pas moralisateur, ce qui est déjà un bon point... Les voix off d’Aoi le prouvent ; elle n’est encore qu’une adolescente, et ses préoccupations sont loin d’être matures... tout du moins dans un premier temps. Platonic Sex n’est autre qu’un "voyage" initiatique, voyage certes douloureux, mais qui va permettre à son héroïne de se sortir seule de situations délicates la tête haute. Un apprentissage de la vie d’une cruauté extrême - elle a vécu en 17 ans ce que la plupart d’entre nous ne connaîtrons jamais -, qui la laisse sans fausses illusions sur les comportements humains - "chaque être à un prix"...
Réalisé donc, par Masako Matsuura, réalisatrice quadragénaire à qui l’on doit notamment Secret Liaisons (1995), Debora ga Raibaru (1997) [avec Hinano Yoshikawa (Tokyo Eyes de Jean-Pierre Limosin)] ou encore Dan-ball House Girl (2001), Platonic Sex a une petite histoire par rapport au choix de son actrice principale ; l’actrice qui devait interpréter le rôle d’Aoi/Ai serait une inconnue choisie sur audition. Une annonce est donc passée, et ce n’est pas moins de 12 083 jeunes filles qui y répondent... C’est finalement la jeune Saki Kagami, alors âgée de seize ans, qui décrochera le rôle grâce... à ses yeux ! (enfin grâce aux expressions qu’elle parvenait à faire passer avec son regard hein, pas en faisant du trafic d’organe !). A ses côtés on retrouve Joe Odagiri - qui est mortel puisqu’il joue dans l’un des plus grands dorama de tous les temps, j’ai nommé Hatsu/Tai/Ken (...n’oubliez pas que vous êtes sur Sancho !), Maho Nonami, mais surtout Hiroshi Abe (Rush !, Tokyo Raiders, Crazy Lips...) dans le rôle d’Ishikawa, sorte d’ange/démon au bon cœur, un personnage qui grâce à ses facéties (vous en connaissez beaucoup vous des gens qui écoutent du Meiko Kaji à donf dans leur décapotable ?!!) permet au spectateur - et à Aoi - d’émerger quelque peu de cet univers escarpé...
Platonic Sex est un film sur l’adolescence, c’est indéniable, dont on peut trouver une certaine équivalence dans certains films de Shinji Somai [1], les métaphores poétiques laissant place ici à une réalité malheureusement bien trop réelle. A travers son histoire, Ai Iijima pointe violemment du doigt la société japonaise - que ce soit la place qu’y occupe la femme, l’éducation, la sexualité... - qui créa ce qu’elle est (et ce qu’elle représente, à savoir un fantasme) de toute pièce. Aujourd’hui, Ai Iijima est devenue une véritable star du petit écran nippon, respectée, en enchaînant émissions sur émissions... mais se souvient-elle de cette jeune fille dont la jeunesse fut volée ? A n’en pas douter, elle lui doit tant...
DVD | Pony Canyon | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Parfaites ! Un pressage sans le moindre défaut. | Son : Un 5.1 qui ravira vos enceintes. | Suppléments : Making of, scènes coupées (4/3 - sans sous-titres), commentaire audio, trailers, TV Spot, bio cast & staff.
Ce DVD comporte des sous-titres anglais optionnels.
Info : une mini série TV (2 épisodes pour un peu plus de 3 heures de programme) de Platonic Sex fut également tournée en 2001, avec Mari Hoshino dans le rôle principal...
[1] Cf. articles Typhoon Club et Tonda Couple.



