Red Eye
Histoire de continuer du côté du film façon "je prends l’avion avec un psychopathe à l’intérieur" pourquoi ne pas voyager du côté du dernier opus de M. Wes Craven. Fini le temps où le monsieur s’évertuait à déployer son talent dans le film d’horreur, c’est ici dans la catégorie de celui à suspense qu’il a décidé de faire ses griffes. Et sans être des plus originaux le résultat a au moins le mérite d’être efficace.
La force de Red Eye repose plus - et principalement d’ailleurs - sur l’alchimie entre les deux personnages principaux de l’histoire, interprétés par Rachel McAdams et Cilliam Murphy. En gros la belle et la bête. « Lisa Reisert a une peur bleue de l’avion, mais l’horreur qui l’attend sur ce vol de nuit pour Miami n’a rien à voir avec sa phobie. Alors qu’elle prend place dans l’engin, elle est agréablement surprise de retrouver Jackson, le charmant jeune homme avec qui elle a pris un verre avant l’embarquement. Cependant, quelques instants après le décollage, ce dernier tombe le masque et révèle la vraie raison de sa présence à bord : il participe à un complot visant à tuer le secrétaire adjoint à la sécurité nationale... et Lisa est la clef de son succès. Si elle refuse de coopérer, son propre père sera éliminé par un tueur qui n’attend qu’un appel de Jackson » [1]. Le pitch est accrocheur et Craven, sans pour autant accoucher d’un chef-d’œuvre, réussit à en tirer un bon moment de cinéma.
Le réalisateur prend ici le temps de poser son ambiance et ce qui démarre comme n’importe quelle comédie romantique, au travers de la rencontre anodine de deux personnes, vire très vite au cauchemar. Murphy, après son rôle de l’Epouvantail dans Batman Begins, se révèle ici assez glaçant, et sa transformation de gentleman en psychopathe a de quoi refroidir. Le bonhomme est bon, voire même diablement bon dans les rôles de cinglés, et Craven, dans l’espace clos de la carlingue, lui donne beaucoup de place pour briller. C’est en grande partie grâce à lui que le film est ce qu’il est, à savoir un bon divertissement.
De l’autre côté se trouve Rachel McAdams dans le rôle de la pauvre petite chose fragile qui, à cause des évènements, va se transformer en guerrière prête à tout pour sauver les siens. Loin d’être juste une belle plante horriblement craquante, elle insuffle à son rôle ce petit je ne sais quoi qui le sauve de l’oubli le plus complet. Là où Jodie Foster dans Flight Plan opère en mode mécanique, McAdams la joue plus réaliste. Le résultat est là, on y croit. Mais tout cela ne serait rien si l’artisan principal de ce voyage vers l’angoisse n’avait pas fait en sorte de respecter au mieux la grammaire cinématographique.
Craven, après le calamiteux Cursed, trouve ici l’occasion de se faire plaisir et surtout de revenir en grâce aux yeux du billet vert. Pour cela une seule solution : s’appliquer au maximum. Ce qu’il vise ici n’est pas l’originalité mais bel et bien l’efficacité. Cela se voit tout de suite et n’empêche pas le film d’être très agréable. A la différence de beaucoup d’autres films, Craven n’essaye pas de nous prendre pour des cons ou quoi que ce soit d’autre. Il aime le spectateur et se souvient que le but numéro 1 d’un film est de faire passer un bon moment à celui qui le regarde. C’est ici le cas et même haut la main.
Red Eye est sorti sur nos écrans le 9 novembre 2005.
[1] Résumé officiel du film. Source : Allociné.



