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Japon

Salaryman Kintaro

aka White-Collar Worker Kintaro – サラリーマン金太郎 | Japon | 1999 | Un film de Takashi Miike, d’après le manga de Hiroshi Motomiya | Avec Katsunori Takahashi, Yoko Saito, Kanako Enomoto, Chinosuke Shimada, Masahiko Tsugawa, Shuichiro Moriyama, Taisaku Akino, Tsutomu Yamazaki, Yoko Nogiwa, Michiko Hada, Toshiaki Megumi, Miki Mizuno

Working class hero.

Yajima Kintaro, employé de la Yamato Construction Company, est muté par son patron et protecteur dans l’une des branches de la firme, dans la région de Tōhoku. Sur place, il est accueilli on ne peut plus froidement par un dénommé Igo, son nouveau supérieur, qui voit d’un mauvais œil l’attribution forcée d’un sous-fifre, et qui entretiendrait un lien secret avec Misuzu Suenaga, collègue de Yajima et love interest potentielle. Quand un sénateur local décide de saborder les appels d’offres public au profit d’une fédération d’entreprises en devenir, à même de détrôner Yamato et consorts, Kintaro, fidèle à sa personnalité de super héros du quotidien, refuse de se laisser impressionner. Non content de devoir jouer les esclaves auprès d’Igo, après avoir perdu un combat orchestré pour définir leurs rapports professionnel, le salaryman hors du commun décide donc d’affronter la corruption qui menace son entreprise...

Étonnante figure que celle créée par le mangaka Hiroshi Motomiya en 1994. Mélange très japonais de contestation et soumission, Kintaro incarne le paradoxe d’une société obsédée par la réussite professionnelle, pas tant désireux de s’extraire d’une évidente servitude salariale que d’être reconnu pour ses efforts et compétences, dans une loyauté libérée des corruptions institutionnelles et autre omniprésence mafieuse. Une rébellion mesurée, qui fait finalement de Kintaro, salaryman dévoué, père idéal et généreux redresseur de torts, une entité institutionnalisée ultime, débarrassée des travers empêchant son accomplissement socioéconomique.

C’est l’acteur Katsunori Takahashi qui incarne Yajima Kintaro, rôle qu’il a tenu non seulement dans la déclinaison grand écran des pages de Motomiya, mais aussi dans les quatre premières saisons du drama diffusé au Japon sur la chaîne TBS. Cette information peut paraître tenir lieu de simple trivia sur le personnage, pourtant elle est très importante puisque le film de Takashi Miike est intervenu à l’issue de la diffusion de la première saison de cette série dont il reprend la narration, et qu’il n’est en aucun cas un film à part entière.

Exit donc le background de Kintaro, sa vie antérieure de chef de Bōsōzoku [1] rangé suite à une promesse faite à sa femme mourante. Si tous les japonais semblent connaître le parcours de cette icône socioculturelle, il n’en est certainement pas de même pour nous, spectateurs occidentaux, et les relations esquissées dans le film sont souvent insaisissables, tout comme les aptitudes physiques de son héros. Pourtant, bien qu’on ne comprenne pas plus sa relation avec une idole à succès que le fait qu’il vive chez son patron, entre autres détails, on s’amuse à suivre le parcours idéaliste de Kintaro, lutte professionnelle captivante parsemée d’intermèdes héroïques, celui-ci n’hésitant jamais à plonger dans les flammes pour sauver un enfant, ou corriger des voyous dans la rue, quitte à arriver ensanglanté au travail. Et si l’on s’étonne de voir Kintaro prendre la tête de milliers de motards pour affronter les yakuza à la solde du sénateur corrompu, le fan service à destination des initiés prend des allures de surprise explicative pour les néophytes, plutôt enthousiasmante : tout à l’image de son personnage.

Salaryman Kintaro est l’un des rares films de Miike, où le réalisateur s’efface presque complètement au profit de la franchise dans laquelle il s’inscrit. Le film ne comporte en effet aucun intermède ultra-violent ou surréaliste (si l’on excepte l’incarnation du support pellicule du film, très Fincherienne, lors d’un attentat contre Igo), ce qui pourra décevoir certains, mais témoigne de la versatilité du metteur en scène, d’une certaine façon en symbiose avec le sujet dans son stakhanovisme dévoué et appliqué. Son affection pour les personnages, et notamment Igo, interprété par le toujours remarquable Tsutomu Yamazaki, est cependant évidente, et permet à ce récit de bravoure à destination de la working class nippone - autant dire tous les japonais -, de résonner d’un héroïsme singulier et bienvenu, quoique parfaitement inadapté à la conception française de l’affirmation salariale...

Salaryman Kintaro fut un jour disponible en DVD zone 1, sous-titré anglais, chez Pathfinder, mais paraît aujourd’hui épuisé.

[1Terme désignant un gang de bikers au Japon.

- Article paru le vendredi 6 novembre 2009

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