Shameless
Un homme et une femme.
Le lieutenant Jung Jae-gon est chargé d’enquêter sur un meurtre et sa tâche semble être facile, le nom du principal suspect, Park Jun-gil, étant rapidement connu. Mais les gangsters que le suspect a escroqués font pression sur son chef et son ancien boss, viré de la police pour corruption, afin qu’il estropie le coupable lors de son arrestation, en échange de 5 000 euros. Une proposition qui n’est pas de son goût, mais peut-il s’y opposer ? La meilleure chance pour attraper Park Jun-gil consiste à prendre en filature sa maîtresse Kim Hye-kyung, propriétaire du Macao, un bar à hôtesses. Sous l’identité d’un compagnon de cellule de Park, il devient chargé de clientèle au Macao afin de faciliter la surveillance de cette femme. Mais celle-ci n’est rapidement pas dupe et leur relation va prendre un tour inattendu.
Shameless est seulement le second film du réalisateur de Kilimanjaro, qui date pourtant de 2000, Oh Seung-uk. Ce dernier est un scénariste respecté au sein de l’industrie du cinéma coréen, à qui l’on doit les scénarios de Green Fish de Lee Chang-dong et de Christmas in August de Heo Jin-ho.
Film noir à la mise en scène élégante sans être clinquante, ce film ne s’intéresse pas tant à la traque de l’assassin, qu’à la relation qui se lie entre son poursuivant et sa maîtresse. Shameless a le défaut de ses qualités. En bon scénariste qu’il est, Oh Seung-uk installe ses personnages dans la durée, dans leur intimité. Il dresse le portrait de deux êtres solitaires, isolés dans leurs milieux respectifs. Jung Jae-gon voudrait faire son travail de flic sans les compromissions et lâchetés de ses collègues, tandis qu’elle reste fidèle envers et contre tout (et tous) à celui qui a trahi tout le monde. Dans cet univers où comportements de flics et de gangsters sont difficilement discernables, quand ils ne travaillent pas ensemble, Jung Jae-gon et Kim Hye-kyung tentent de conserver une certaine droiture. Et paradoxalement, c’est cela qui va les perdre, comme tous héros de film noir, inadaptés au monde qui les entoure.
Shameless est dominé par la performance de Kim Hye-kyung, jouée par Jeon Do-yeon, dont le rôle de Shin-ae dans Secret SunshineSecret Sunshine lui a valu le prix d’interprétation à Cannes. Tenancière d’un bar à hôtesses, elle rend son personnage suffisamment attirant pour retenir l’attention de Jung Jae-gon, et la notre. Le côté vulgaire associé à son métier n’obscurcit jamais tout à fait son charme.
Malheureusement et malgré tout son intérêt, l’histoire entre Kim Hye-kyung et le flic ne suffit pas à tenir en haleine le spectateur tout au long du film. Le renfort de l’intrigue policière n’y parvient pas non plus. Je suis sorti frustré de la salle que les promesses du film ne soient pas totalement remplies.
Shameless a été projeté dans le cadre du dixième Festival du Film Coréen à Paris (2015).






