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Hong Kong

Shanghai Grand

aka Xin Shang Hai tan - New Shanghai Beach | Hong Kong | 1996 | Un film de Poon Man-Kit | Avec Leslie Cheung Kwok-Wing, Andy Lau Tak-Wah, Almen Wong Pui-Ha, Jing Ning, Amanda Lee Wai-Man, Shun Lau, Wu Hsing-Kuo

Nostalgie quand tu nous tiens ! Dernière grosse production HK pré-rétrocession, Shanghai Grand est l’adaptation cinéma de la série télé du même nom produite par la TVB ; l’une des séries qui a contribué à faire de Chow Yun-Fat une star dans les années 80, connue aussi sous le nom de Shanghai Beach ou The Bund (Chun Keung-Chiu, 1983 pour les deux "saisons"). Celle-ci est d’ailleurs considérée comme l’une des meilleures séries jamais produites à Hong-Kong. 13 ans plus tard, Poon Man-Kit (réalisateur, entre autres, de Bo Hao To Be Number One en 1991) retrousse ses manches et, sous la vigilance de Tsui Hark et de sa compagnie Film Workshop, réalise l’un des films emblèmes de la colonie. Pour fêter ça, Leslie Cheung remplace Chow Yun-Fat (dans le rôle de Hui Man-Keung), et Andy Lau reprend le personnage initialement interpété par Ray Lui (Ding Lik). L’occasion pour les deux superstars de partager un peu plus de temps à l’écran qu’ils n’avaient eu l’occasion de le faire dans Days of Being Wild (Nos Années sauvages - Wong Kar-Wai, 1991) - pour notre plus grand plaisir...

Hui Man-Keung est un homme en fuite : le pré-générique de Shanghai Grand nous le présente enfermé dans une cage dans la calle d’un bateau, au milieu de ses compatriotes. Visiblement détenteur d’une information capitale, il est brûtalement questionné par les hommes de mains d’une femme mystérieuse avant de parvenir à s’échapper, blessé. Avant de quitter le bateau, il voit la femme descendre ses camarades au fusil mitrailleur...
Dans les rues de Shanghai, le nom de Ding Lik ne veut pas encore dire grand chose : celui-ci récolte les pots d’excréments que les gens laissent dans la rue, pour les vider. Un commerce tenu par une mafia locale dont Ding Lik rêve de prendre possession. Ses rêves de grandeur vont prendre une tournure positive suite à la rescousse osée de la femme de ses rêves, Ching-Ching, la fille de Fung - l’un des Boss de la société mafieuse du Shanghai des années 30. Avec l’aide de Man-Keung, qui s’est échoué sur les rivages de la ville et qui bénéficie de la "protection" du jeune homme depuis qu’il a sauvé sa mère d’une mort certaine dans un incendie criminel, Ding Lik va prendre la tête de toute une partie de la ville. Keung l’assiste, mais semble obnubilé par une certaine mission qu’il veut remplir avant de quitter Shanghai - venger la mort de se camarades, sans aucun doute. En cours de route, Man-Keung et Lik découvriront qu’une femme peut être à l’origine de bien des conflits...

Le genre "film noir/gangsters" a donné à Hong-Kong quelques unes de ses plus belles productions cinématographiques, parmi lesquelles l’incroyablement "serré" Gunmen de Kirk Wong en 1988 (Tian luo di wang, avec Adam Cheng et Mark Cheng). A sa sortie, Shanghai Grand a été très largement critiqué par une presse occidentale pressée d’enterrer le cinéma HK. Pourtant, le film de Poon Man-Kit - qui a quand même reçu 4 nominations aux Hong-Kong Film Awards an 1997 [1] - représente une véritable synthèse du genre : l’action y est magnifique, le mélodrame bien dosé, les sentiments de fraternité et d’amitité développés avec flamboyance. Beaucoup de spectateurs néophytes pourront d’ailleurs trouver le film un tantinet mielleux et démonstratif - côté renforcé par le choix des acteurs. Pourtant, qui de mieux que Leslie Cheung pour incarner le personnage de Hui Man-Keung ? Ni fragile ni véritablement imposant, Leslie - romantique par excellence - livre ici une prestation mémorable, face à Andy lau, toujours parfait dans un rôle cabotin et sérieux à la fois.

Pour la seule fois de sa carrière, Poon Man-Kit est pris d’une inspiration remarquable qui lui permet d’enchaîner les morceaux de bravoure, pour terminer sur cet affrontement /réconciliation à la fois triste et magnifique. Une conclusion en quiproquo à l’image de reste de l’histoire, intelligemment construite en trois parties : la première suit le point de vue de Ding Lik ; la deuxième - avec un petit retour en arrière - celui de Ching-Ching, et permet d’expliquer le gros de l’histoire ; la troisième se concentre sur la "mission" menée par Man-Keung, et sa collision - accidentelle mais inévitable - avec celui qui est devenu son frère. Rajoutez par dessus tout ça les chansons inoubliables de Andy Lau, et vous obtenez le chant du cygne d’un genre regretté, sublimé une dernière fois par une équipe sans-faute.

Shanghai Grand est l’un des tous premiers DVDs sortis à HK, chez Mei-Ah : autant vous dire que le résultat est loin d’être brillant ! De toute façon, il est aujourd’hui quasiement épuisé... en attendant une réédition convenable !

[1Best Action Choreography (Wei Tung) - Best Art Direction (Ka On Yu) - Best Cinematography (Hang-Sang Poon) - Best Costume & Make Up Design (Ka On Yu). Source : Internet Movie Database.

- Article paru le lundi 15 avril 2002

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