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Hong Kong

Silver Hawk

aka Fei Ying | Hong Kong | 2004 | Un film de Jingle Ma Chor-Sing | Avec Michelle Yeoh, Richie Ren, Luke Goss, Brandon Chang (Cheung Cheuk-Nam), Lee Bing-Bing, Kouichi Iwaki, Michael Jai White, Chan Da-Ming

Lorsque Lulu Wong (Michelle Yeoh) ne joue pas les milliardaires infantiles, elle endosse le costume logiquement argenté de Silver Hawk, vengeur masqué qui combat le crime à son compte – et sous le bon patronage de BMW, investisseur omniprésent du métrage - dans les rues de Polaris City. Une activité que le fraîchement débarqué Rich Man, détective de son état, souhaite fortement interrompre, sous prétexte qu’elle entame le moral des forces de l’ordre de la métropole. Évidemment, Rich Man (Richie Ren) s’avère être un ami d’enfance de notre orpheline fortunée, avec lequel Lulu Wong a appris l’art du kung fu et du redressement de tort. Par ailleurs, Lulu doit composer avec les sentiments du Professeur Ho Chung, que sa tante lui a mis dans les pattes, scientifique tordu responsable d’une invention qui fait froid dans le dos : une intelligence artificielle qui analyse vos besoins physiologiques, et vous contraint plus qu’elle ne vous encourage, à tout mettre en œuvre pour améliorer votre condition. Tout ça ne mènerait nul part si un dénommé Alexander Wolfe (Luke Goss), fort de ses mains cybernétiques, ne kidnappait pas le savant fou pour combiner sa technologie avec des casques de téléphonie mobile derniers cris, conçus eux aussi par une connaissance de la fauconne. L’objectif de ce vil occidental du futur ? Convertir les centaines de millions d’utilisateurs de l’oreillette high tech en zombies obéissants, et dominer le Monde...

On sait, rétrospectivement du moins, qu’un film futuriste possède de sérieux travers lorsqu’il fait de la N-Gage de Nokia un pilier de sa modernité avant l’heure. Un écueil qui se reflète dans le tableau de cette Polaris City, Hong Kong frigide et dénudée dont seuls quelques lieux à l’anticipation clinique nous sont présentés, dans une ritournelle de combats construits comme les étapes d’un jeu vidéo : une horde d’hommes de mains anonymes précédent ainsi un récurrent affrontement contre deux mini-boss, jusqu’au duel contre Alexander Wolfe. Un futurisme qui donne donc sérieusement dans le rétro-cheap, mais qui parvient étrangement à conférer à Silver Hawk un semblant de cohérence, avec son bad guy affamé de domination mondiale, sans aucune raison particulière ; à savoir une approche finalement très légère et Golden Age, loin des grandes responsabilités, du super héros.

La cohérence toutefois, n’est pas le maître mot de la mise en scène de Jingle Ma (Hot War, Tokyo Raiders), qui oscille entre le ludique et le je m’en foutisme, n’hésitant pas à changer la garde robe et la coiffure de Michelle Yeoh d’un plan à l’autre – et ce au cœur d’une même séquence. Mais cela n’entache en rien l’enthousiasme décérébré du projet, décliné dans l’attitude gamine de Lulu Wong, pour qui tout ça n’est que divertissement. Et du coup, ça libère Ma qui nous offre des combats absurdes et rigolos – une espèce de Thunderdome, une équipe de hockey lâchée sur nos héros – qui valent tout de même mieux que les intermèdes sentimentaux (les flashbacks sur l’enfance de Lulu et Rich sont insupportables) et autres pseudo pivots de narration impliquant un cast globalement ridicule ; duquel, à l’exception de Michelle Yeoh, seul se détache, un peu, un Luke Goss que l’on a tout de même connu plus spectaculaire devant la caméra de Guillermo del Toro.

Condamné à l’échec avant même d’être achevé par cette entité détestable qu’est la rumeur, Silver Hawk n’est pas tout à fait la purge que beaucoup prétendent depuis des années. Ses motifs sont redondants mais correctement exécutés, son univers pertinemment codifié, ses combats sympathiques, et, s’il méprise complètement la notion de continuité, il reste très regardable. On se dit régulièrement que le film va verser dans le mauvais navet, avant d’être séduit par une de ses propositions ; va et vient simpliste qui emmène tranquillement le spectateur au terme de l’aventure. De toute façon, la présence de Michelle Yeoh – qui plus est en short et cuissardes – dans un film de baston en costumes brillants est un peu l’équivalent de celle d’Aya Sugimoto dans un film érotique tordu : la garantie de ne pas perdre complètement notre temps.

Silver Hawk est disponible en DVD, à Hong Kong bien entendu, mais aussi aux US, en Corée... avec sous-titres anglais. Et s’il ne mérite pas forcément un achat, ne détournez pas votre regard si jamais il connaissait l’honneur d’une diffusion télé, il ne mérite pas tant de mépris. Richie Ren par contre, oui, parce qu’il redéfinit tout de même violemment l’endive.

- Article paru le samedi 26 septembre 2009

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