Spanking the Monkey
Can I do anything around here ?
Spanking the Monkey est le premier long métrage de David O. Russell, qui s’illustrera par la suite avec Flirter avec les embrouilles et Les Rois du désert avant de s’enliser avec I heart Huckabees. Son prochain film, The Fighter, une nouvelle fois avec Mark Wahlberg, est attendu pour décembre aux Etats-Unis.
Raymond revient chez lui pour quelques jours afin de s’occuper de sa mère qui s’est cassée la jambe. Une première mauvaise surprise l’attend : son père, qui part pour un important voyage d’affaire, lui apprend que son séjour au domicile familial sera plus long que prévu. Ce séjour prolongé compromet un stage très convoité à Washington qui sera parfait sur son CV. Major de son lycée et étudiant du prestigieux MIT, Raymond veut devenir docteur. Coincé chez lui, la plus grande liberté que son père lui a laissé est d’aller promener le chien. Au cours d’une de ces promenades, il fait la connaissance d’une jeune voisine, fille d’un psychologue, avec laquelle il batifole dans les champs
Spanking the Monkey débute comme un film de teenagers classique : un étudiant revient dans sa ville natale pour les vacances, il flirte avec une jeune fille du voisinage alors que ses aventures amoureuses ont été jusqu’à présent limitées... Mais David O. Russel a choisi avec succès d’en faire une version plus corsée. Cette catégorie de films s’adresse habituellement aux gens mêmes qu’ils décrivent, et les parents sont donc d’ordinaire rejetés à la périphérie, réduits à de simples silhouettes. Ici au contraire, ils sont placés au centre ; la mère, (His hot red mom selon l’appréciation de l’un des amis de lycée de Raymond), au premier chef.
David O. Russell arrive avec brio à faire ressentir au spectateur la tension, notamment sexuelle, entre les différents personnages grâce à sa mise en scène. Je n’aurais jamais pensé qu’une scène de massage d’une cuisse prise dans un plâtre puisse avoir une telle charge érotique. La scène où la mère surprend le fils avec son amie dans sa chambre est aussi impressionnante. Cette tension monte au fur et à mesure que les grandes espérances de Raymond s’envolent, sa relation avec sa mère devenant de plus en plus malsaine, pour aboutir aux points de rupture. Russell arrive à créer cette ambiance grâce, notamment, à l’utilisation parcimonieuse et percutante de la musique.
Ce retour à la maison est un retour dans l’enfer de l’adolescence, alors qu’il devrait marquer le passage de Raymond à l’âge adulte. Il a du mal à contenir son désir sexuel, les règles établies par son père sont envahissantes, pour un ancien de son lycée il est encore l’intello à emmerder...
Raymond voudrait prendre sa vie entre ses mains, mais il ne peut même pas saisir son vit suffisamment longtemps pour arriver à jouir. Son indépendance semble se refuser à lui, à l’image de ses séances de masturbation [1], tentatives toujours interrompues, soit par le chien grattant à la porte, soit par un ami venant le chercher pour faire une virée nocturne.
Spanking the Monkey est uniquement disponible en DVD en Angleterre et aux Etats-Unis.
[1] Activité qui a donné son titre au film.


