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The 51st State

aka Le 51ème état - Formula 51 | Canada / UK | 2001 | Un film de Ronny Yu | Avec Samuel L. Jackson, Robert Carlyle, Emily Mortimer, Meat Loaf, Rhys Ifans, Sean Pertwee

De tous les réalisateurs hong-kongais exilés en occident, Ronny Yu est sans aucun doute le plus déroutant : John Woo continue d’adapter ses thématiques au continent américain, Tsui Hark a tenté de plier Van Damme, Ringo Lam travaille exclusivement avec l’acteur belge... Des parcours parsemés de films plus ou moins réussis, toutefois effectués dans le cadre d’une direction globalement cohérente. Pour Ronny Yu, par contre, c’est autre chose...

Metteur en scène plus ou moins connu subitement canonisé suite à la réalisation du mythique Bride with White Hair (1993) - avec Leslie Cheung et surtout (soupir...) Brigitte Lin - il quitte la colonie à peine deux films plus tard et réalise son premier film US, Warriors of Virtue (1997). Au programme : un conte pour enfants avec des kangourous-humanoïdes volants. Suit l’excellent Bride of Chucky (La Fiancée de Chucky - 1998), grâce auquel Ronny Yu redonne un nouveau souffle à la franchise "Good Guy" très largement en perte de vitesse. [1] Aujourd’hui, l’homme choisit à nouveau d’oeuvrer dans un genre auquel il ne s’était jamais essayé, avec The 51st State, une co-production Canada-UK qui marche un tantinet sur les traces des films de Guy Ritchie...

Pauvre Elmo McElroy (Samuel L. Jackson)... Nous sommes en 1971, et ce "Brother" à l’afro bien fournie célèbre dignement l’obtention de son diplôme de pharmacologie, pétard au volant. Très largement défoncé, Elmo ne tarde pas à se faire arrêter par un flic local, qu’il tente de convaincre de ne pas foutre sa vie en l’air : si le flic inscrit la possession et l’utilisation de stupéfiants dans son casier judiciaire, il perdra la possibilité d’utiliser son diplôme avant même d’avoir pu s’y essayer. L’espace d’un instant, tout le monde y croit... mais "les sixties sont terminées, man". Ou comment tuer l’avenir de quelqu’un dans l’oeuf. A moins que...

Trente ans plus tard. Elmo travaille en tant que génie-chimiste pour le compte du Lézard (Meat Loaf !!!), traffiquant de drogue qui prétend à la toute-puissance grâce à la nouvelle drogue concoctée par son laborantin. P.O.S 51 - comme Elmo appelle sa création - est 51 fois plus puissante que la coke, ou que n’importe quelle autre drogue ; son intérêt résidant avant tout dans le fait qu’elle peut être produite à base de produits tout à fait légaux !!! Mais Elmo en a marre, et aimerait bien tirer la couverture vers lui, créateur, afin de récupérer l’argent qui lui est dû et se retirer de tout ça. Pour ce faire, il piège l’immeuble du Lézard, qui explose alors qu’il est déjà en route pour Liverpool pour mener à bien un deal avec un certain Durant - un homme du Lézard lui aussi déserteur.

Sur place, Elmo - super discret vétu de son joli kilt - est accompagné de Felix DeSouza (Robert Carlyle), petite frappe locale obsédée par un match Liverpool-Manchester ayant lieu le lendemain ; mais aussi, involontairement, de la belle Dakota (Emily Mortimer), une tueuse du Lézard dépéchée d’abord pour l’éliminer, puis pour le protéger. A leur trousse : le détective véreux Virgil Kane (Sean Pertwee), mais aussi une bande de skinheads ravagés du ciboulot... C’est dans un tel contexte qu’Elmo souhaite faire un deal de 20 millions de dollars en l’espace de 24 heures ; un deal qui annonce une révolution...

Pour cette première tentative "comique-action", Ronny Yu emprunte à Guy Ritchie (Snatch) son goût pour les collisions multipliées de personnages et l’humour british. Néanmoins, le film du transfuge HK - basé sur un premier scénario défendu depuis plus de 5 ans par Samuel Jackson lui-même - possède son caractère propre, tout à fait original. En effet, les personnages de films de Ritchie sont toujours plus ou moins des outils de dérision - losers de leur état ou en devenir - qui servent de justification à des exercises de style basés sur leurs multiples combinaisons / collisions. Ceux de Ronny Yu sont de véritables personnages, développés et attachants, qui servent avant tout à promouvoir un message de liberté, à la fois osé et intelligent, porté par un héros pas très moral mais intègre.

The 51st State, bien que portant à plusieurs reprises la marque du son réalisateur (les ralentis incongrus sur le kilt "épanoui" d’Elmo, l’explosion du repaire du Lézard,...), n’est donc pas un exercice simplement visuel - comme peuvent l’être, de façon incroyable, les films de Ritchie : c’est une petite histoire politiquement incorrecte mais humainement superbe, drôle et enlevée, sublimée par un un black démentiel en kilt. Tout est dans le concept, de toute façon... Brother’s gonna work it out !

Le 51ème état est sorti sur les écrans français il y a à peine dix jours et n’y figure déjà presque plus. Je sais bien que c’est l’été, mais faites quelque chose, bon sang !!!

[1Sur sa filmographie apparaît aussi un certain Chasing Dragon de 1999, sur lequel je n’ai pu trouver aucune information... ça vous dit quelque chose, à vous ?

- Article paru le dimanche 21 juillet 2002

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