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The Descent : Part 2

aka The De2cent | UK | 2009 | Un film de Jon Harris | Avec Shauna Macdonald, Natalie Jackson Mendoza, Gavan O’Herlihy, Joshua Dallas, Anna Skellern, Douglas Hodge, Krysten Cummings, MyAnna Buring, Nora-Jane Noone, Saskia Mulder, Alex Reid

Entreprendre la suite d’un film si apprécié que The Descent est souvent aussi aisé pour un metteur en scène que de traverser un champ de mines les yeux bandés. D’autant plus si le film fondateur en question avait su autant créer la surprise et renouveler, d’une certaine façon, une manière de susciter l’angoisse au cinéma.

The Descent : Part 2 commence exactement là où se terminait le film de Neil Marshall. Sarah, seule rescapée de l’expédition spéléologique débutée avec ses amies, est retrouvée sur une route en bordure de forêt, choquée et entièrement couverte de sang. Sous l’effet du traumatisme, elle est incapable de se souvenir des derniers événements et de l’horreur souterraine qu’elle vient de traverser. La police locale décide alors de monter une expédition en son amnésique compagnie, à la recherche des dernières disparues.

Inutile d’en dire plus, le spectateur inspiré, connaisseur de la franchise et donc principale cible du produit, voit donc déjà une bonne partie du capital sympathie inhérent à l’original de Marshall, s’envoler littéralement en fumée. Car là où le premier nous laissait le soin d’imaginer la conclusion grâce à une fin totalement ouverte, limite métaphorique, les premières séquences de Part 2 annihilent totalement toutes les possibilités d’issue dramatique qui faisaient justement de The Descent un de ces métrages dont on aime se souvenir.

Car c’est bien là la faiblesse principale du film : son scénario désespérément opportuniste et fainéant. Couplé à une mise en scène sans idées, on comprend vite qu’on sera très loin de ressentir les mêmes émotions que lors du précédent opus.

L’écriture des protagonistes, et de leur ressort dramatique, est ici complètement oubliée. D’une bande de copines plutôt bien caractérisées et aux liens affectifs particulièrement travaillés, on tombe dans les clichés les plus vus dans un film de ce genre. Tout y passe. Du shérif vieille école au sauveteur gonflé de testostérone, en passant par la mère de famille dont on se demande si elle n’aurait pas mieux fait de rester à la maison à cuisiner des pancakes.
Le personnage de Sarah, épouse et mère détruite par le décès de son mari et de sa fille, jouissait d’une évolution subie, jubilatoire pour le spectateur. Plutôt effacée et visiblement meurtrie, elle était contrainte par les événements à lutter aussi bien pour sa survie physique que mentale contre les « crawlers  », jusqu’à en épouser la sauvagerie bestiale qu’elle retournera contre ses propres amies.

48 heures plus tard, où prend place Part 2, elle n’est plus qu’une femme blasée et surentraînée, transformée en super-spéléologue surarmée pour la survie en grotte hostile. Un stéréotype de plus qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler une certaine Ripley, rescapée du Nostromo.
Et que dire du personnage de Juno, qui dans un climax assez ridicule, revient d’entre les morts en écharpant la moitié de la population des crawlers au piolet. Alors que l’on serait en droit d’attendre une vraie confrontation à la hauteur des événements (Sarah ayant délibérément piégé Juno afin d’échapper aux crawlers), on comprend en quelques scènes que tout l’essor dramatique insufflé par Neil Marshall entre les deux protagonistes est voué à une nostalgie émue. Les bons sentiments et l’esprit de sacrifice reprenant très vite le pas sur la bien moins consensuelle loi du « chacun pour sa gueule ».

Et pourtant, une bonne partie de l’équipe originelle est là. Jon Harris, qui dirige cette suite, s’occupait du montage du précédent. Neil Marshall est également présent en tant que producteur exécutif pour veiller au grain. Mais l’amère impression d’un gros coup marketing est plus que jamais présente. Bâclé pour capitaliser sur un succès d’estime. La photographie en est le plus bel exemple. Si The Descent savait intelligemment jouer avec nos peurs primales, telle que la peur du noir ou la claustrophobie, grâce à un éclairage des scènes tout en nuances et en clair/obscur, Part 2 n’hésite pas à montrer la grotte labyrinthique comme en plein jour. La comparaison est particulièrement saisissante puisque l’équipe de sauvetage, ici au centre du film, passe par les mêmes lieux que l’expédition originale, désormais éclairés au projecteur halogène. Quand ce n’est pas le désormais courant nightshot d’une caméra subjective qui révèle la créature et son environnement.

Ce manque de nuances se retrouve par ailleurs dans ce qui fait toute la sève d’un film de terreur : la peur. Harris ne compte ici que sur un mécanisme somme toute assez classique, l’effet de surprise. Les « crawlers » apparaissant sans-cesse, dans un grand fracas dolby-surround, en bord de cadre. Il ne s’agit donc plus ici de prédateurs chassant en terrain connu, mais plutôt de « monstres sous le placard ». Des diables souvent bien prévisibles, sortant de leurs boîtes. L’effet fonctionne la première fois, mais les cinq autres deviennent vite lassantes. On ne retrouve finalement l’atmosphère des grottes des Appalaches que lors d’une seule séquence étrangement inspirée, lorsque deux survivants sont contraints de se réfugier dans un tunnel semi-immergé. Le traitement du son devient alors plus sourd et plat, les valeurs de plans se resserrent sur le visage des protagonistes au souffle court. On replonge de nouveau dans cette angoisse d’emprisonnement, cette panique de l’enfer clos. Dans la terreur du coin obscur. Séquence malheureusement trop éphémère.

Reste des effets spéciaux qui font désormais la part belle aux gros plans sur les quelques scènes sanglantes du film. En lorgnant un peu plus vers un côté cradingue (voir comique lorsqu’on découvre que les crawlers sont des créatures particulièrement propres et font leurs besoins là où c’est prévu pour), Part 2 arrivera à faire esquisser quelques sourires aux amateurs, mais sans jamais vraiment transformer l’essai.

Pourtant, amputé de sa lourde paternité, The Descent : Part 2 aurait très bien pu être le bon petit survival du samedi soir qu’on regarde avec un certain plaisir coupable, mais qu’on oublie dès le lendemain matin. Une sorte d’acte manqué assez innocent. Mais malheureusement, il était obligé de faire autant, si ce n’est mieux, que son aîné. Jon Harris remplit une sorte de cahier des charges basique et sans âme du film d’horreur, où jamais la moindre empathie n’atteint les personnages tant leurs enjeux dramatiques sont inexistants. Et lorsque la fin nous laisse entrevoir d’ores et déjà un The Descent : Origins, on se rappelle évidemment que Sarah n’aurait décidément jamais du sortir vivante de la grotte.

The Descent : Part 2 sortira sur les écrans français le mercredi 14 octobre 2009.
Remerciements à Clément Rébillat et au Public Système Cinéma.

- Article paru le mercredi 2 septembre 2009

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