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Hong Kong | Category III

The Forbidden Legend : Sex and Chopsticks

aka 金瓶梅 - Jin Ping Mei | Hong Kong | 2008 | Un film de Chin Man-Kei | Avec Lam Wai-Kin, Hikaru Wakana, Kaera Uehara, Serina Hayakawa, Yui Morikawa, Winnie Leung Man-Yi, Samuel Leung Cheuk-Moon, Tam Kon-Cheung, Norman Tsui Siu-Keung, Ng Chi-Hung

Simon Qing est le fils d’un érudit sexuel du douzième siècle. Depuis le jour où il a été témoin de la mort, orgasmique et clémente, de sa mère malade dans l’étreinte amoureuse de son paternel, ce dernier l’élève dans l’art des pratiques érotiques, pour en faire un amant hors-pair à même de conquérir pouvoir et femmes. Ce n’est qu’à l’age adulte que Simon perd sa virginité entre les cuisses de Violetta, soi-disant la fille d’un ami du sage érotomane dont il s’éprend sans restreinte, qui se révèle être une prostituée payée pour l’initier à la réalité des émotions charnelles. Blessé mais instruit, Simon quitte le domicile familial pour partir à la découverte des femmes de ce monde. Recueilli avec son fidèle serviteur par une fratrie de moines au féminin, il rencontre Moon qui délaisse la chasteté pour devenir sa femme. Mais il lui reste encore à trouver concubines à son pied...

Alors que le cinéma chinois échappe à la crise, l’industrie hongkongaise peine de plus en plus à tirer son épingle du jeu. Une réalité qui se traduit par exemple, par le retour de Sophie Ngan aux productions érotiques bas de gamme (The Ghost Story – Printskin), ou, de façon plus surprenante, par la sortie sur les écrans HK l’an passé d’un diptyque produit par Wong Jing et signé Chin Man-Kei (Sex and Zen II), adaptation d’un classique controversé de la littérature chinoise du XVIème ou XVIIème siècle, Jing Ping Mei (The Plum in the Golden Vase) [1]. Si les vagues d’érotisme dans le cinéma HK sont souvent liées, depuis la rétrocession, aux cycles économiques et pointent donc périodiquement le bout de leurs seins, cela faisait bien longtemps en effet qu’un tel produit n’avait pas connu les honneurs du grand écran.

Ce premier Sex and Chopsticks toutefois, n’est pas vraiment le retour aux fantaisies érotiques des années 90, à l’époque où Elvis Tsui Kam-Kong régnait en maître sur le bonheur de dames adeptes d’ébats câblés et surréalistes. Certes soigné mais trahissant tout de même un certain manque de moyens, ce serait plutôt une comédie dénudée opportuniste, à mi-chemin entre les heures de "gloire" (toutes proportions gardées) de Matrix Productions Co. Ltd. (Fox Ghost et autres My Horny Girlfriend) et la célèbre série des Sex and Zen, avec un peu de tout, quelques sex toys ancestraux (douze en une séance à trois, pour être exact), et surtout beaucoup d’attributs féminins dénudés.

Si Sex and Chopsticks – dont le titre incongru provient certainement de la rencontre entre Qing et Moon, au cours de laquelle l’actrice AV Hikaru Wakana se saisit du membre de son premier homme à l’aide de baguettes (et non d’un hommage aux pratiques brutales d’Anthony Wong dans The Untold Story) – se base sur un classique littéraire pour briller d’un intellect factice, sa narration se limite à une succession de tableaux érotico-comiques, allant du graveleux au comique troupier, en passant par la romance vulgaire et le fantastique. Lors des premiers ébats de Qing et Violetta – quelques plans après une étreinte accidentelle due à une glissade sur une délicate giclée de fluide masculin – on craindrait presque de revivre l’économie exemplaire d’un Erotic Agent, avec ses quatre draps tendus en guise de décor. Rapidement toutefois, Sex and Chopsticks se révèle plus riche dans son imagerie et sa mise en scène, reportant le manque de moyens sur le casting. Ainsi, si les partenaires de Qing sont toutes ou presque issues du vivier de l’industrie pour adultes nippone, il est plus difficile de trouver de joli femmes de second rang, ainsi que l’illustre, non sans insolence, la séquence du monastère : à l’exception de Moon en effet, toutes les femmes sont interprétées par des hommes... redoublés en post-prod par des femmes !

Au fur et à mesure que la narration avance – et que, prenant la place de son défunt père, Simon Qing gravit les échelons de la société -, l’érotisme du film qui partait de loin (l’entraînement initial de Qing, à base de séances de pompes et calligraphie à l’aide de son membre colossal !), se pimente et s’enhardit, pour culminer lors de deux séquences aux tons très distincts. La première oppose Qing à Yui Morikawa, lors d’un affrontement sexuel acrobatique renvoyant au meilleur des sex fantasies HK. La seconde marque les retrouvailles de Qing avec la belle Lotus, dont il s’était épris alors qu’elle n’était qu’une petite fille, à cause de ses petits pieds. Dans un accouplement tout droit sorti de Benny Hill, avec accélérations et bruitages ridicules, les amants brillent dans leurs ébats en évitant de réveiller le mari somnambule de la charmante Serina Hayakawa. Un dernier tour de force pour l’étalon, qui permet à Chin Man-kei de renouer sans effort avec la trame du livre originel, qui vise à établir le caractère immoral de l’ascension du protagoniste, puisque Qing assassine ensuite le mari de Lotus pour faire d’elle sa concubine. Et vivre, avec sa femme, une vie de débauche que les dernières images de Sex and Chopsticks ne peuvent s’empêcher de teaser, avec un aperçu d’un second opus, plus sérieux, à venir...

Si The Forbidden Legend : Sex and Chopsticks ne se hisse que rarement au niveau de ses plus illustres prédécesseurs, il reste un produit bien calibré et soucieux de son cahier des charges féminin, qui fait sourire autant qu’il attise, et enseigne de plus de précieuses leçons à l’apprenti Dom Juan. On apprend ainsi qu’en matière d’amour et de plaisir, il est mieux de faire souffrir les autres que de souffrir soi-même, et qu’il convient d’éviter d’être pauvre si l’on ne veut pas devoir se contenter d’une femme moche. Le tout sous les auspices d’un exotisme des plus raffinés, puisque certains ébats sont sublimés par une musique synthétique post-Enigma, répétant dans la langue de Molière : « j’ai envie de toi ». De quoi commencer la semaine de bonne humeur !

The Forbidden Legend : Sex and Chopsticks est disponible en DVD HK sous-titré anglais, dans une édition de très bonne facture.

[1Cf. WKikipedia.

- Article paru le lundi 7 septembre 2009

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