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Japon

Tokyo Species

aka TOKYOスピーシーズ | Japon | 2011 | Un film de Nozomu Kasagi | Avec Maria Ozawa, Marika Minami, Namiko Takahashi, Manami Mizuse, Kazunori Kobayashi

Dans la lumière bleutée d’une aube de v-cinema, une jeune femme enjambe le parapet d’un pont, et se laisse tomber dans la rivière en contrebas. Suicide accompli pour feu Michiko, qui revient pourtant à la vie après que quelque chose – un parasite très certainement, nous en croisons beaucoup dans les pages de Sancho en ce moment (cf. Alien vs Ninja et The Parasite Dotor Suzne Genesis) - ait décidé de s’approprier son corps ensanglanté, non sans lui avoir regardé le popotin. Et pour cause : Michiko - interprétée par Maria Ozawa, dont cet intrus ne connaît visiblement pas les atouts - doit tenir dans Tokyo Species, comme le titre l’indique, un rôle équivalent à celui qui nous a permis de découvrir, il y a un paquet d’années déjà, les charmes de Natasha Henstridge. Normal que le parasite s’assure donc de son potentiel séduction.

Muette, Michiko s’en retourne chez elle autant qu’à l’école, mais passe désormais le gros de son temps à séduire le quidam – élève, prof, flic, qu’importe -, le buste bien droit, pour le tuer de ses appendices rétractables pendant l’acte sexuel. Elle élimine aussi la bande à Yuka, vils lycéennes qui tourmentaient son hôte, ce qui ne manque pas d’éveiller les soupçons de Rika, gentille binoclarde qui ne comprend pas le nouveau comportement de son amie. Arrive alors une nouvelle élève, Mayumi, qui s’avèrera être infectée par un gentil parasite, pas sexuel du tout, désireuse de mettre fin à la prédation de Michiko avec son petit pistolet simili-organique sorti d’un eXistenZ du pauvre.

Tout un programme, donc, pour ce v-cinema fauché signé Nozomu Kasagi, qui mélange le petit bijou de Jack Sholder, The Hidden, avec le pseudo-film d’horreur de Roger Donaldson, histoire de justifier l’embauche de Maria Ozawa dans le rôle de la mutante bridée. Bridée à plus d’un titre, d’ailleurs, car il y a beaucoup moins de peau dans Tokyo Species que dans Species – ce qui sauvait ce dernier, et ne sauve donc pas le premier – alors que, rappelons-le pour les distraits, Maria est à l’origine une actrice AV. Cherchez l’erreur. Reste que, devant la caméra plutôt habile de Kasagi, Maria Ozawa est absolument magnifique, privée de dialogues à même de révéler ses carences d’actrice, et donc exclusivement incarnée en attitudes, regards, postures et moues racoleuses. Et notamment dans une ponte à quatre pattes d’œufs maléfiques, érotique bien malgré elle [1].

Pendant que Michiko baise à tout va et se défait de ses parents insipides, Rika bavarde, doute, investigue et découvre le pot aux roses, et se retrouve partagée entre son affection pour Michiko et le dégoût que lui inspire ses actes, fortement incitée par une Mayumi dotée d’une voix de camionneur à privilégier le second. Kasagi profite de cette hésitation pour dresser le tableau presque touchant d’une amitié féminine par-delà la violence, le sacrifice, la mort et l’invasion parasitique, ce que l’on n’attendait pas forcément de Tokyo Species. Ce que l’on attendait du film par contre, n’est pas très réussi. Les effets, fauchés, nous laissent souvent perplexes quant au fonctionnement des excroissances meurtrières de Michiko, qui ne peuvent, à plusieurs reprises, décemment sortir de son corps ou le prolonger, même avec beaucoup d’imagination. Et que dire de ce sang rose pas gore du tout ?

N’empêche qu’avec son ton désuet, la bande son jazzy easy-listening donnant un petit « l’air de rien » aux exactions silencieuses de Maria Ozawa, et ses combats rigolos et (très) mal découpés, Tokyo Species, juste assez court pour éviter de nous aliéner, s’apprécie aisément, sans pour autant s’estimer. Sa bande-annonce nous a un peu trompés quant à l’importance donnée à l’écran aux activités sexuelles de Maria Ozawa, certes, mais comme je le disais déjà au détour d’Erotibot, c’est une lacune facile à combler, auprès d’un cinéma autrement moins fun et léger que celui déployé ici, sans le sou mais avec un certain enthousiasme.

Tokyo Species n’est disponible qu’en DVD japonais, sans sous-titres.

[1Pour une appréciation à peu près équivalente de cette scène - qui plus est richement illustrée - rendez-vous sur l’excellent site de notre confrère d’échec et (ciné)mat.

- Article paru le jeudi 3 mai 2012

signé Akatomy

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