Tomie : Replay
En dépit du succès sans cesse renouvelé du genre horrifique au Japon, bon nombre de films sont présentés en double programme, histoire de profiter de la renommée d’une œuvre pour en faire découvrir une autre. Ainsi Isola, Multiple Personnality Girl accompagnait-il la sortie de Ring 0, et le célèbre Uzumaki de se voir attaché à la seconde adaptation du manga de Junji Itou, Tomie : Replay. Autant vous le dire tout de suite, Uzumaki n’a aucune raison d’en rougir, bien au contraire...
Tomie : Replay reprend donc l’étrange mythologie entourant Tomie, cette fille maudite, entité maléfique à l’état pur, capable de se régénérer à partir de n’importe quel morceau de son propre corps ; et vouée à pousser les hommes qu’elle croise à la tuer, encore et toujours...
Les docteurs Morita (Sugata Shun) et Tachibana (Kenichi Endo, le gentil père de famille de Visitor Q) se retrouvent avec une drôle de patiente sur les bras : la jeune Sayuri, qui a récemment subi une transplantation d’organe, présente désormais une hypertrophie effrayante. L’ouverture de l’abdomen de la jeune fille amène les chirurgiens à y découvrir... une tête, vivante qui plus est ! Tomie est à nouveau parmi nous... Par quel miracle ? Et bien la donneuse d’organes, volontaire ou non, c’était elle ! Pas de chance, le docteur Morita se coupe en effectuant l’étrange découverte, et le sang de Tomie se mêle au sien...
Tomie (Mai Hosho) parvient à se régénérer. Errant nue dans l’hôpital, elle tombe sur le jeune Takeshi qui, sous le charme, la ramène chez lui. Le cycle infernal peut recommencer : Takeuchi devient fou, décapite la revenante, et enterre sa tête au milieu de la forêt. Quand il revient chez lui, le corps décapité l’attend devant sa porte, et sa tête repousse !
Yumi (Yamaguchi Sayaka) - la fille du docteur Morita, à la recherche de son père, et Fumihito, un ami de Takeshi désireux de venir à bout de son hystérie, vont se retrouver confrontés aux réincarnations incessantes de Tomie...
Tomie : Replay est sans aucun doute le meilleur épisode d’une trilogie de qualité, dont on espère que les producteurs ne s’amuseront pas à l’essouffler bêtement. Il faut dire aussi que ce serait tentant, le caractère fantastique du personnage de Tomie offrant une relative liberté aux scénaristes, qui peuvent décliner le concept sans jamais reprendre les mêmes protagonistes, et ainsi s’intéresser à décliner un univers plus qu’à écrire une simple série d’épisodes. Et nul doute que le scénario de Tomie : Replay est habile, nous amenant souvent à ne plus faire la distinction entre le cauchemar et une réalité morbide...
Cependant, c’est avant tout le travail de réalisation de Tomijiro Mitsuishi qui amène ce second opus à dépasser ses petits camarades. En effet, grâce à une mise en scène qui reprend avec intelligence des cadrages de manga (la séquence d’ouverture du film, jusqu’au fameux "Watashi wa Tomie", en est une magnifique illustration), Tomijiro parvient à instaurer un climat véritablement effrayant en ne recourrant finalement qu’à peu d’effets - même si ceux-ci sont réellement horrifiques. La séquence finale du film, qui place notre héroïne, désormais en fauteuil roulant, dans les dédales oniriques d’un hôpital qui n’est pas sans rappeler celui de Silent Hill en négatif, scotche le spectateur au fauteuil avec une aisance remarquable.
Rajoutez à cela les diverses apparitions de Tomie (un prix spécial revenant à son "invasion" du corps du père de Yumi), une froideur clinique plus qu’appropriée, et le charme toujours paradoxal de l’interprète de Tomie, et vous obtenez un film d’horreur aussi simple que redoutable, à la plastique irréprochable.
Tomie : Replay est disponible en DVD zone 2 NTSC nippon chez Toshiba.
La copie, bien que non-anamorphique, est superbe, et la stéréo efficace. L’ensemble est présenté sans sous-titres, malheureusement.
Au niveau des suppléments : bio/filmographies, trailer, et une mini-gallerie d’illustrations de Junji Itou.

