Tonda Kappuru
Dans son premier long-métrage, Shinji Somai filmait l’adolescence avec une simplicité et un réalisme mélancoliques...
Yûsuke Tashiro, jeune ado originaire de Kyushu, est accepté dans un lycée très renommé de Tokyo, le Hojo Gakuen High School, afin d’y suivre des études de droit. Il vit seul dans la maison de son oncle, parti à l’étranger. Se sentant un peu perdu dans une aussi grande demeure, Yûsuke entreprend de chercher un colocataire. Mais, par erreur, l’agent immobilier en charge, loue la maison à Kei Yamaba, notoirement la plus jolie fille du lycée, et fortement appréciée de la gent masculine à peine pubère. Yûsuke craint alors pour son avenir au sein de l’école, puisque si leur cohabitation devait être découverte, il serait renvoyé sur le champs...
Pour son premier film en tant que réalisateur, Shinji Somai choisit donc d’adapter le manga éponyme (Tonda Kappuru) de Kimio Yanagisawa édité dans Shônen Magajin, très prisé du jeune public nippon en cette fin des années soixante-dix/début quatre-vingt. Le film de Somai dépeint donc le quotidien d’un petit groupe d’adolescents, leurs travers, leurs aspirations, leurs angoisses, bref tout ce qui fait la vie d’un adolescent "normal". Prémisse évidente d’une œuvre future telle Taifû Kurabu [1] (Typhoon Club), cinq ans auparavant Tonda Kappuru s’attarde, comme son successeur filmique, sur certains aspects de l’adolescence ; le passage à l’état d’adulte, les premiers émois amoureux, la découverte de son corps et de la sexualité... autant de sujets qui feront partie de la thématique récurrente de Somai.
Là où se situe la force de Somai, c’est que sous des aspects de comédie sentimentalo-adolescente à l’eau de rose il dépeint les troubles liés à un passage sacré (sacralisé ?) et obligatoire de la vie. Il critique clairement la société "adulte" en enlevant les "grandes personnes" de son film (hormis le prof d’anglais, mais là encore, son comportement est plus proche de celui d’un adolescent), et c’est lorsque ses héros tentent justement d’imiter ce comportement (adulte), qu’ils se ridiculisent et perdent leur spontanéité au détriment parfois de leurs véritables sentiments. Est-ce un hasard, si les héros de Tonda Kappuru (mais il en est de même pour ceux de Taifû Kurabu) sont livrés à eux-mêmes ?... Non bien sûr, mais de cette manière, Somai appuie sur la solitude (voir l’isolement psychologique) endurée pendant cette "épreuve". Shinji Somai est peut-être l’un des rares véritables cinéastes "de l’adolescence", phase transitoire obligée déterminant l’avenir de tout être humain, tant psychologiquement que dans l’acceptation (physique et psychologique) de sa propre image.
D’un point de vue technique, Somai expérimente ici son art du "one scene, one cut", ce qui a pour effet de donner un film d’une réelle fluidité narrative. Quant aux acteurs, il s’alloue les services de la star montante de l’époque, Hiroko Yakushimaru (Yasei no Shomei, Satomi Hakkenden), l’égérie de la Kadokawa qu’il retrouvera l’année suivante dans le cultissime Sailor Fuku to Kikanjû. Aux côtés de la jeune actrice, on retrouve un Shingo Tsurumi débutant, à des années lumières (mais néanmoins excellent) de ses prestations dans Gonin, Freeze Me et autre Samehada Otoko to Momojiri Onna ; lui et Somai se retrouveront d’ailleurs vingt ans plus tard dans le dernier film de ce dernier, Kaza-Hana.
Bref, une fois de plus - ou plutôt une première fois ! - Shinji Somai parvient à faire un film à plusieurs lectures ; une, au premier degré, destinée à un jeune public avide de petites aventures romanesques, et une autre, plus profonde, sur les difficultés d’accepter ses transformations et une autonomie effrayante mais nécessaire, synonyme de liberté et d’envole dans une nouvelle vie...
DVD | Kadokawa en association avec Pony Canyon | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:66 - 4/3 | Images : Une définition très moyenne, mais de belles couleurs... le master est en piteux état. | Son : Un mono clair. | Suppléments : Nada ! Même pas un menu pour vous accueillir !
Ce DVD ne contient pas le moindre sous-titre, malgré les sous-titres japonais indiqués sur la jaquette.
Info : La version proposée en DVD est la Original Version ; sa durée est de 120 minutes, contre 100 minutes pour la version visible jusqu’alors.
Deux pressages sont sortis à 16 jours d’intervalle ; le premier chez Pony Canyon, et un deuxième chez Kadokawa uniquement disponible dans le box consacré à Hiroko Yakushimaru.
[1] Cf. article Taifû Kurabu.


