You Shoot, I Shoot
You shoot, I shoot, and that’s the way things are !...
Les temps ne sont plus ce qu’ils étaient ; ainsi, Bart (Eric Kot), tueur professionnel de son état se voit contraint de rendre ses crimes plus "attractifs" pour garder ses clients. Il décide alors de filmer les derniers moments de ses victimes, offrant par la même occasion un "joli" souvenir à ses employeurs (la plupart du temps, de riches femmes qui s’ennuient ferme). Sa première commande filmée s’avère être un désastre... C’est alors que Bart s’octroie les services de Chuen (Cheung Tat-Ming), assistant-réa sur des soft-porn underground, qui voit là le meilleur moyen de laisser place à sa créativité refoulée depuis de longues années. Le duo de choc devient la référence de la profession auprès d’une clientèle qui ne cesse de s’accroître, allant même jusqu’à faire du merchandising et créer leur propre boîte de production. Tout va bien jusqu’au jour où nos deux amis se voient confier le meurtre d’un puissant membre des Triades...
Premier film de Pang Ho-Cheung à qui l’on doit les scénarios de Undercover Blues (2000), Killer (2000) et The Cheaters (2001), ainsi que l’histoire de Fulltime Killer (2001), You Shoot, I Shoot est avant tout une comédie ; comédie noire c’est indéniable, mais avant tout une réelle comédie qui possède une véritable recherche esthétique et même quelques trouvailles tout court. L’offre devenant très vite plus forte que la demande, les tueurs professionnels doivent trouver des subterfuges afin de contrer l’hégémonie de Bart et Chuen, telle cette idée de créer une carte de fidélité pour les clients : au bout d’un certain nombre de meurtres, 20% de réduction ( !) et lorsque la carte est terminée, le client a droit à un meurtre gratuit ; n’oublions pas qu’il s’agit ici de meurtres !!! Les clients choisissent leurs commandes sur catalogues et puis après tout, tout le monde a bien quelque chose contre quelqu’un ! Le marché du crime est donc très juteux...
Bien entendu, certain diront que You Shoot, I Shoot prône le meurtre et que l’on plonge en plein dans une débauche visuelle de violence gratuite... relativisons ; ici le contexte est ouvertement comico-cynique, et il apparaît clairement que Pang Ho-Cheung dépeint avec verve la société hongkongaise et tous ses travers. La violence est bien entendu la voie de facilité par excellence, et il tourne en ridicule toute une partie de la population qui pense que les conflits ne se résolvent qu’en infligeant la mort. La belle-famille de Bart - de vrais psychopathes - en est l’exemple type ; la mère veut faire tuer une "amie" à qui elle doit une petite somme d’argent suite à une partie de Mah-Jong perdue, tandis que le père veut voir sa femme morte car sa maîtresse arrive dans quelques jours... une bonne dose de Marijuana dans la soupe et toutes les tensions sont oubliées !
On retrouve dans les deux rôles titres le rigolo Eric Kot, acteur peu connu en nos contrées - mais quels sont les acteurs asiatiques qui le sont vraiment me direz-vous ?! - que l’on a pu voir dans City Hunter (Niki Larson /1993), Love in the Time of Twilight (Dans la Nuit des Temps - Tsui Hark /1995), Lawyer, Lawyer (1997), Ah-Fai the Dumb (1997), The Lucky Guy (1998) ainsi qu’une flopée d’autres films, et qui en a réalisé trois (Four Faces of Eve /1996, First Love : The Litter on the Breeze /1997 et Dragon Heat /2000) ; et Cheung Tat-Ming, que l’on ne présente plus [1]. Notons quand même la présence de la jeune actrice japonaise Asuka Higuchi vue dans le très bon Okinawa Rendez-Vous (2000), et l’année dernière (2001) dans Love on a Diet et La Brassière.
Pour conclure, je dirais que You Shoot, I Shoot est un film hautement sympathique dont les thèmes principaux qui ressortent après sa vision sont l’amour (Ooooooooh...) et la réalisation de soi... voilà, et même s’il comporte quelques petites allégories hasardeuses, c’est avant tout un spectacle drôle et très "second degré" qui nous est présenté. Moi, je plonge dedans les yeux fermés et tant pis pour les autres [2] !
Pour le moment, uniquement en VCD.
Golden Harvest Home Video | NTSC - 1:85 - Sous-titres chinois et anglais incrustés sur la pellicule (très lisibles). | Images : Un très beau pressage. | Son : Excellent mono (cantonnais -VO- ou mandarin -Version doublée) Contient le trailer du film en supplément.
Le film devrait sortir en DVD d’ici peu...
[1] Cf. article Nightmares in Precinct 7.
[2] Vous savez, les gens qui prennent tout au premier degré... les pauvres !

