Zombie Ass : Toilet of the Dead
Querelles intestines.
Avant même de mettre en scène des zombies cracras s’employant à jeter du caca sur ses protagonistes, Zombie Ass déploie sa vilenie dans un pitch qui fleure bon le retour de p’tit dej. Megumi, Aya, Maki, Naoi et Take – soit trois demoiselles et deux gentilshommes – s’en vont en excursion dans la forêt pour pêcher la truite (jusque là tout va bien)... afin de vider les poissons de leurs beaux ténias et les manger en guise de méthode taille fine. Yup, vous avez bien lu ; le commentaire de Noboru Iguchi et ses potes sur la tendance anorexique de la moitié de la planète verse dans la parasitophagie – admettons un instant que le terme existe -, ce qui est tout de même dégueulasse.
C’est Maki (Asana Mamoru), queen bitch wannabe, forte de son décolleté ahurissant, qui se colle à l’ingestion. Bien mal lui en prend, car c’est en pleine attaque de zombie que son envie se fait pressante, et qu’elle se retrouve contrainte de vider ses intestins dans une piètre cabane de jardin. Sans savoir que, dans la fosse qui s’ouvre sous ses fesses, d’autres zombies, fruits de l’amour d’un scientifique tordu pour sa fille malade, n’attendent que de jaillir de la merde...
« I’m going to get parasitic on your ass. »
Je sais bien que c’est l’instant, charnière, dans cet article comme dans la vie d’un spectateur, où chacun trace un trait, qu’il décide ou non de franchir au nom de l’appréciation marginale. Je ne sais où vous vous situez, mais je peux vous dire ceci : de mon côté, soit les pieds dans le caca, il fait plutôt bon vivre. Forts de l’élan Sushi Typhoon mais hors de son giron, et délestés de toute préoccupation de réussite commerciale, Iguchi et Nishimura, son compère des fesses spéciaux – pardon, d’effets spéciaux – s’en donnent à cœur joie avec ce Zombie Ass, film de culs s’il en est, comparse postérieur de l’obsession mammaire d’un Chanbara Striptease.
Car oui, c’est de fesses dont il est question dans le bien nommé Zombie Ass, bien plus que de toilettes finalement, ainsi que d’intestins. Les zombies du films sont les hôtes de parasites qui leur croquent la cervelle, certes, mais jaillissent et attaquent par leur anus, dans une interprétation toute particulière du prolapsus rectal, façon broyeur extraterrestre. De quoi garnir le métrage des anomalies qui font le sel du cinéma du duo terrible, avec forces connotations sexuelles et imagerie hentai, et plus particulièrement shokushu [1], détournée.
« I’m gonna have the runs like never before. »
Sa perversion (« They pervert ! » clamait, à juste titre, la bande annonce à propos de ses morts vivants) est l’une des grâces de Zombie Ass, parfaitement équilibrée avec sa timidité surjouée. Il faut voir Asano Mamoru – dont la poitrine nous sera sans cesse refusée, quel affront ! – tituber tant bien que mal avec la main dans la raie en direction de toilettes de fortunes, pour s’en convaincre. L’expression « talk dirty » prend un nouveau sens avec son monologue inquiet, analyse de ses mouvements gastriques, crainte de l’expulsion à venir, promesse de courantes de légende ; alors qu’elle pâlit, outrée, à l’idée de dévoiler ses fesses.
Cette pudibonderie improbable traversera tout Zombie Ass, à deux-trois tétons près pour humilier Megumi (Arisa Nakamura) tout de même, le film faisant même de la honte de péter en public sa toile de fonds de maltraitance adolescente, responsable du décès de la sœur de cette héroïne aux kicks pulvérisateurs de tête. Alors montrer son cul, vous n’y pensez pas ! N’empêche que, comble de la perversion, cette vraie-fausse retenue garnie d’excréments et parasites rectaux parvient à conserver, ses actrices et un certain talent aidant, une véritable dose d’érotisme. A ce stade, c’est officiel : vous avez le droit de ne plus me parler.
Vous saurez dés son générique sublime, clin d’œil à celui de Planet Terror, lui-même hommage à toute une propension seventies, si Zombie Ass est pour vous, puisqu’Iguchi y superpose postérieurs luminescents et endoscopie digestive. Une merveille parmi d’autres pour un film génialement crade, qui brille d’un final spectaculaire, surréaliste et poignant à la fois. Franchement, combien de films utilisent le pet non seulement comme moyen de propulsion, mais surtout comme expression de l’affirmation de soi ? Comme le déclarait la campagne promotionnelle d’un certain Sharknado, « enough said » [2]. A chacun de voir s’il accepte de se salir un peu pour goûter à ce mets délicat.
Zombie Ass : Toilet of the Dead est disponible en DVD et Blu-ray au Japon, sans sous-titres, ainsi que sous-titré anglais en DVD aux USA. Sur cette dernière édition, plein de trailers pour vous mettre en appétit, mais rien de plus ! Alors qu’avec la BO en CD en bonus, ç’aurait été un achat (encore plus) indispensable.






