Zombie Wars
Backyard zombies.
J’ai une fâcheuse habitude parmi d’autres, lorsqu’il s’agit d’enrichir la vidéothèque familiale : je me plonge au tréfonds des sites de vente en ligne au rayon horreur et fantastique, et je trie les films par ordre de prix croissant. Puis je laisse mon imagination vagabonder au gré des titres les plus déceptifs, me laisse séduire, en connaissance de cause, par des jaquettes trompeuses, et m’abime dans la contemplation de doux navets. Je pourrais vous dire que c’est uniquement dans l’espoir de dénicher un chef-d’œuvre qui aurait échappé à la vigilance de tous, mais ce serait faux. La vérité, c’est que j’aime les mauvais films, parce qu’ils aident à apprécier encore un peu plus les bons, certes, mais surtout parce qu’ils me mettent de bonne humeur.
Du coup, la proposition de David A. Prior, vétéran de la série Z, de m’emmener cinquante ans après la chute de l’humanité aux dents de zombies pour suivre les pérégrinations d’une poignée de survivants, ne pouvait que m’intéresser. Brian et David, frangins et troufions de leur état, assistent leur charmante Général dans la lutte contre les non morts, portés par les récits de leur défunt paternel, d’une époque où les humains vivaient, heureux, dans la tranquillité de grandes métropoles. Même s’ils ont du mal à croire que les morts aient su un temps tenir leur place, ils caressent le rêve que, dans un avenir proche et avant qu’ils tombent à court de munitions, cette guerre prenne fin. Sauf qu’un jour, alors qu’il est en goguette avec une rescapée dont il s’est entichée – il a poétiquement baptisée Star cette enfant sauvage née et élevée au milieu des zombies, dans une ferme où ceux-ci veillent à reproduire les humains, asservis en attendant d’être dévorés -, David est fait prisonnier. Dans cette ferme où les zombies, de plus en plus intelligents, démontrent qu’ils sont capables de s’organiser de façon hiérarchique mais aussi de cultiver la terre, le soldat va découvrir un affreux pot aux roses : l’implication d’humains dans cette exploitation de leur propre espèce.
A mon avis, Zombie Wars (5,49 euros [1]) a été tourné dans la continuité ; comment expliquer sinon, que le film s’améliore au fil de sa projection, que son montage s’affine et que les dialogues des acteurs paraissent de moins en moins récités ? Certains diront que c’est la sympathie, voire l’empathie qui me gagne, mais l’objet se défait progressivement de sa pénible léthargie initiale, fort peut-être du regain de conviction d’une équipe désireuse de tirer quelque chose de son maigre édifice. L’avantage, c’est qu’on s’enhardit en même temps qu’elle, et qu’on accepte du coup de suivre l’histoire jusqu’à sa conclusion, plutôt que de laisser ce substrat d’humanité à ses galères pour aller vaquer à autre chose.
Et grand bien nous prend, car Prior est un fin psychologue, et Zombie Wars une sacré allégorie. Je déconne bien sûr, mais il y a bien de la satire sociale, peut-être involontaire, dans le fait que ses morts-vivants soient ultra-rapides quand il s’agit d’attaquer leurs proies et de se repaître de leurs intestins, mais mous comme pas deux quand il s’agit de travailler et ratisser, sans enthousiasme, un tout petit lopin de terre. Ce que Prior n’est pas par contre, c’est un grand mathématicien. On nous explique en cours de route, que les fermiers se tapent 3-4 humains par jour, soit un bon millier par an. Sauf qu’il n’y a plus de survivants, que la ferme est peuplée d’une trentaine de morts ambulants tout au plus, qu’elle est toute petite (il s’agit certainement de l’abri de jardin du réa), et que leur garde manger n’est riche que d’une poignée de prisonniers. Il y a quelque chose qui ne colle pas, mais ce n’est pas très grave. A partir du moment où on accepte de suivre les doutes de David, qui émergent lorsqu’il se rend compte que les zombies ont du savon à leur disposition pour laver les prisonniers alors qu’ils n’auraient jamais pu le confectionner d’eux mêmes - le fait qu’ils soient quand même morts, sales, décharnés et tout pourris, et qu’ils bouffent le quidam à même le sol, n’étant bien entendu pas contradictoire -, on n’a plus tellement le droit de faire de réclamations de toute façon.
Alors on n’en fait pas, et on admet que Zombie Wars est mauvais avec mention mais vraiment pas minable, que ses acteurs font ce qu’ils peuvent, que la Général est charmante, que Prior maîtrise les transitions vidéo old school au point de faire rougir George Lucas, et que les effets gores au moins, sont très réussis bien que redondants (puisqu’on nous ressert un paquet de fois le festin de bide hérité du Day of the Dead de Romero). Dommage d’ailleurs que la platitude de la photographie les lisse à ce point car, sous un autre éclairage, le premier degré de David A. Prior aurait pris un visage plus convaincant. L’honneur est à peu près sauf et je ne suis donc pas obligé de désavouer ma démarche masochiste. Pour cette fois en tout cas, parce que le prochain sur ma liste s’intitule tout de même Bachelor Party in the Bungalow of the Damned (3,99 euros), ce qui n’est pas rien.
Zombie Wars est notamment disponible donc, en DVD zone 2 UK.
[1] Les Tarifs indiqués dans cet article, à titre purement informatif pour qui s’enticherait de ma démarche, sont ceux pratiqués, frais de port compris, par le site Play.com.





