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Hors-Asie | Pour adultes

Ecstasy Girls

aka The Ecstasy Girls | USA | 1979 | Un film de Gary Graver ( Robert McCallum) | Avec Jamie Gillis, Serena, Georgina Spelvin, John Leslie, Paul Thomas, Lesllie Bovee, Desiree Cousteau, Laurien Dominique, John Alderman, Richard Norris, Nancy Suiter, Stacy Evans

Pour les fêtes, Wild Side place sa nouvelle salve de la collection L’âge d’or du X américain sous la bienveillance d’Harold Lime (il n’est pas le seul dans le milieu), producteur dévoué à la fesse, que l’éditeur a déjà côtoyé à l’occasion de Coed Fever. D’ailleurs, on retrouve derrière la caméra d’Ecstasy Girls le réalisateur de ce joyeux film de campus, Robert McCallum, dont on ne rappellera jamais assez l’ambivalence puisqu’il fut aussi chef op’ pour tonton Welles.

Ecstasy Girls, authentique satire socio-professionnelle, met en scène Jamie Gillis dans le rôle de Jerry Martin, acteur sans le rôle dont l’agent préfère exploiter le succès auprès de ces dames, pour le nourrir en tant qu’escort boy. Pas jouasse, Martin ne rechigne pas pour autant à chignoler tout ce qui passe, surtout lorsqu’un certain J.C. Church, témoin de ses frasques d’un soir avec Desiree Cousteau, l’emploie pour mettre la main sur la fortune de son frangin mourant, Edgar. J.C. est persuadé en effet, que si Jerry parvient à s’immiscer en chacune de ses nièces ainsi qu’en sa sœur, et à fixer le tout sur pellicule (quelle mise en abîme !), Edgar Church, dont le patronyme souligne l’évidente moralité, déshéritera toutes les hérétiques en sa faveur. Flanqué de deux potes motivés – qui ne le serait pas –, Jerry se met au travail...

Même si je n’irai pas comme l’éditeur, jusqu’à comparer McCallum à Blake Edward, il y a de l’idée derrière cette mise en évidence, à la gaudriole plus qu’au vitriol, d’un puritanisme américano-friqué hypocrite. Ce qu’il n’y a pas vraiment, par contre, c’est une narration digne de ce nom. Autant, passée une introduction à trois des plus agréables – cette jeune femme qui tente de goûter les seins d’une amie, allongée sur son dos, alors qu’elle subit la bienveillance de Jamie Gillis, fait preuve d’un bien bel hédonisme – Ecstasy Girls soigne étonnamment la présentation du personnage de Jerry Martin, autant la suite laisse à désirer... Cousteau. Car oui, c’est dès l’accouplement avec la belle en formes, que le film montre ses premières lacunes d’écriture, la scène n’étant pas le moins du monde justifiée. Elle est par contre utile - autant que ludique et même athlétique - puisque, non contente de mettre en branle le plan machiavélique de J.C., elle permet aussi de rappeler que Georgina Spelvin (The Devil in Miss Jones), voyeuse en mode Kristen Stewart (comprendre qu’elle se mord pas mal la lèvre inférieure pour signifier son émoi), était actrice au sens large du terme, et non simple chair à Super Jaimie.

La suite est du même acabit, à savoir en roue libre, et pour cause : si l’on en croit nos confrères de Psychovision [1], qui semblent s’y connaître, il manque à cette édition hexagonale une vingtaine de minutes, à même de consolider l’édifice et de justifier sa présence au panthéon du Golden Age. Wild Side notamment, nous vend une « joute SM entre Jamie Gillis et Serena », pourtant réduite de moitié et désormais à sens unique, et qui, privée de son essence masochiste, fait bien pâle figure par rapport à celle qui assombrit 800 Fantasy Lane. De bout en bout, bien qu’agréable – il ne pourrait en être autrement quand Serena joue deux rôles dans un film, l’une garce et l’autre niaise champêtre ! - Ecstasy Girls est un peu sans queue ni tête. Enfin si, et souvent imbriquées d’ailleurs, mais pas dans la même acceptation.

Avant de conclure sur ce film, difficilement jugeable en l’état, je me permettrai d’y souligner la contribution de Georgina Spelvin. Sa scène avec Jamie Gillis, entièrement rythmée par des percussions africaines qui font écho au décor d’un salon à thème (l’ensemble renvoyant, un peu, au mysticisme à l’œuvre chez Madame Zenobia dans Odyssey), est certainement la plus remarquable d’Ecstasy Girls. Cette grande dame, plutôt ecstasy woman, sexuée bien au-delà de banals critères de beauté, parvient à y exprimer l’épanouissement, la transgression et la retenue dans le plaisir, avec une conviction, toute à l’honneur de sa maturité, qui résume bien la richesse et la complexité de nos sexualités.

Ecstasy Girls sortira en DVD chez Wild Side le 8 décembre 2010, dans la collection L’Age d’or du X américain, qui sera riche de 20 titres, à terme, au rythme de deux sorties tous les deux mois.
Remerciements à Cédric Landemaine, Benjamin Gaessler et Wild Side.

[1Cf. leur article.

- Article paru le lundi 6 décembre 2010

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