One Day Fetish
Kenshirou, une autre idée de la pornographie...?
La pornographie japonaise est marquée par la censure depuis 1946 ; une censure éhontée ? réelle ? mystifiée ? surestimée ? Si les textes de lois s’y rapportant sont ancrés dans l’inconscient collectif nippon (et aujourd’hui, dans l’inconscient collectif "planétaire"), il s’avère en fait que le texte en question est beaucoup plus "évasif" que l’on veut bien le croire, et laisse chacun libre de l’adapter à sa manière, selon sa conception de ce qui peut être considéré comme étant obscène, là étant le véritable élément permettant de censurer ou non une œuvre, peu importe son support, du papier au film... Si le Japon est considéré depuis des siècles comme étant le pays de l’érotisme, la mise en place de cet élément réprobateur de la sexualité - tout au moins de sa représentation - qu’est la censure donna naissance à ce qu’un grand nombre considère aujourd’hui comme étant des dérives sexuelles, de la scatologie à la zoophilie, en passant par l’attirance pour certains attributs vestimentaires - panti fechi (culotte), pansuto fechi (collants), bodisutokinggu fechi (collant intégral), buruma fechi (petits shorts bleus), etc -, ou encore à des représentations érotisées de l’interdit, comme le lolicon ("lolita complex")... en un mot le fétichisme.
Raccourci historique.
Le Japon possède une tradition cinématographique érotique très forte, matérialisée par les Pinku Eiga, trasuisez par là, "film(s) rose(s)". Le Pinku n’est en aucun cas considéré comme un sous-genre, et de nombreux réalisateurs y font leurs armes (certains même y reviennent), tels Ryuichi Hiroki (Barber’s Sorrow), Masayuki Suo (Shall we Dance ?), Kiyoshi Kurosawa (Kairo), sans parler des maîtres du genre tel Masaru Konuma (Esclaves de la Souffrance)...Au début des années 80, l’avènement de la video permet aux japonais (mais c’est le cas dans le Monde entier !) de découvrir chez eux des films/scénettes pornographiques. Les directs to video font donc leur apparition sur ce marché qui paraît inépuisable, et polars, Pinku, comédies idiotes-sexy, et pornos fleurissent un peu partout, permettant ainsi à de jeunes réalisateurs, mais également comédien(ne)s, de se faire un nom, pour quelques jours, semaines, mois ou années... Durant les 80/90’s, certaines séries débutées dans les 70’s renaissent vidéotransformées (Zero Woman, Joshuu Sasori), tandis que la censure créée la mosaïque...
Si aujourd’hui, la fameuse mosaïque nippone est l’ingrédient le plus fameux de la censure du pays du soleil levant, elle ne fit son apparition qu’avec l’arrivée des videos pornos "nouvelles générations", plus connues sous le terme d’AV - Adult Video. Avant la mosaïque, les parties génitales/poils pubiens étaient floutés à l’aide d’un rond se déplaçant en même temps que les acteurs (c’est aujourd’hui toujours le cas, mais dans l’industrie cinématographique - dite - normale)... le cas des publications papier, qu’il s’agisse de manga ou de revues spécialisées, est en revanche plus poussé, puisque les parties "intimes" sont cachées à l’aide d’un cache noir ou blanc, opaque à 200%... bref, difficile de voir quelque chose... mais, les choses "évoluent", et en 1996, la pilosité pubienne fait enfin son apparition, grâce à un livre de photos artistiques dans lequel "on voit les poils"...
Selon la définition, le/la fétichiste a focalisé son intérêt sexuel sur un objet ou une partie du corps qui n’est pas considérée comme habituellement érogène... la censure nippone, ne permettant de voir les attributs sexuels, qu’ils soient féminins ou masculins, favorise, et par là même développe, ce type de comportement, si bien qu’aujourd’hui, la majeure partie des productions d’AV, sont quasi-uniquement composées d’œuvres fétichistes. Comme je vous le disais plus haut la porte est grande ouverte et les réalisateurs, qu’ils soient pro ou amateurs, s’en donnent à cœur-joie dans la création de nouvelles tendances, de la plus soft à la plus effrayante...
...mais avant d’avancer plus loin, il faut savoir que l’AV nippon se scinde en deux familles bien distinctes [1] : l’ "officiel" et l’indies, entendez par là, une production en parallèle de sa grande soeur, dite "indépendante"... évidemment, les grosses maisons de l’industrie pornographique japonaise vont piocher leurs idées au sein de cette production sous-jacente. Mais comme tout évolue, les productions indies sont aujourd’hui les plus vendues, et des éditeurs tels Soft on Demand, Moodyz, GLAY’z et j’en passe, supplantent les très installés Atlas21, Arisu Japan et autres Kuki...
...en quelques années, le fétichisme est devenu l’ingrédient essentiel à toute production d’AV nippone qui se respecte. Certains éditeurs - tous indies - se sont donc focalisés sur certains fétichismes bien particuliers, en en faisant ainsi leur marque de fabrique ; plusieurs familles encore une fois, scindées en deux "maisons mères" principales : les classes, et les crades ! A chaque fétichisme son image de marque, son éditeur, sa collection, ses "stars", etc. Ainsi (et pour prendre un exemple parmi tant d’autres), un éditeur comme Milky Prin, va se focaliser sur les écolières (majeures, je vous rassure !) qui font pipi sur des plaques de plexiglas... Il en faut pour tous les goûts me direz-vous !
Début 2000, Janes, un éditeur considéré comme faisant parti des indies "classieux", confie à Kenshirou, un réalisateur maison, une nouvelle collection principalement axée sur le fétichisme des jambes féminines ; l’homme a carte blanche et créé son propre label au sein de Future, une sous-division de Janes : High Quality Fetish Kenshirou... Kenshirou est très productif (bah tiens !), et en quelques mois, il est à la tête d’une collection impressionnante de productions fétichistes dont le concept est simple : lui-même, armé de sa caméra video, filme une jeune femme s’habillant et se déshabillant, déambulant devant son objectif, avant - généralement - de passer à l’acte avec lui. Sa première mini-collection, One Day Fetish, posera définitivement toutes les bases du style Kenshirou...
La spécialité du maître ? le pansutofechi, à savoir le fétichisme des collants. J’en vois déjà qui tiquent... ce fétichisme, l’un des plus répandu au pays du soleil levant, est typiquement né de la censure ; comment montrer sans montrer ? en habillant ses actrices d’un simple collant, légèrement opaque où il faut, notre homme s’affranchit - en partie - de la censure, et filme les parties charnues, ou plus intimes de ses modèles en gros plan, sans voir automatiquement ces dernières se voir affublées d’une bouillie video nommée "mosaïque". One Day Fetish, sa "série" la plus célèbre, débute avec des actrices qui ne sont pas à proprement parler des AV Stars, mais de jeunes actrices habituées des productions Janes ; ainsi, les trois premières Kenshirou girls à ouvrir le bal sont dans l’ordre, Maiko Shibata, Eri Yamaguchi, et Nana Shimatani...
Cent minutes durant, Kenshirou filme son actrice/complice sous tous les angles, de préférence de très près, sous des angles de vue pour le moins inhabituels, mettant en exergue les jambes de la jeune femme. Video fétichiste par excellence, One Day Fetish peut paraître étrange ; Kenshirou, seul aux commandes de son objet filmique, se perd dans une sorte de voyage sur le corps de son actrice, où il s’oublie pour n’être guidé que par ses fantasmes et pulsions. Quand bon lui semble, notre homme caresse un bras, une jambe... et intervient de cette façon tout au long des videos, jusqu’au dénouement final, qui - malheureusement - nous fait retomber dans la réalité bien trop réelle du film porno lambda... Heureusement pour Kenshirou, au fur et à mesure, ses œuvres évolueront d’une manière plus érotique, et son style se forgera grâce à cette série. ODF compte aujourd’hui 11 volumes. Mais fort du succès rencontré par ses videos, Kenshirou lance quasi-instantanément quatre autres mini-collections : la très explicite Pornostar, BPTD Idol, Ero-Body et The Document - toutes axées sur les jambes féminines, et la sensualité...
Entre hard et érotisme, les videos de Kenshirou sont devenues une référence dans l’industrie de l’AV nippon. Aujourd’hui considéré comme étant le pape du fétichisme "propre", Kenshirou se voit courtisé par les plus grands éditeurs de videos pour adultes. Après quelques mois d’indécision, c’est finalement chez Moodyz qu’il ouvre sa nouvelle collection : Style Art...
Les 11 volumes de One Day Fetish sont disponibles en DVD et VHS au Japon.
[1] Il en existe en fait trois, la troisième étant une production "underground", assez difficilement trouvable dans le circuit des magasins classiques, mais avec l’avènement du net, ces (non) productions trouvent le moyen de se vendre ailleurs que sous le manteau (à un prix très élevé, pour des durées souvent très courtes).





