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Corée du Sud | Animation

Wonderful Days

aka Sky Blue | Corée du Sud | 2003 | Un film de Kim Moon-Saeng (Kim Mun-Saeng)

Nous sommes en 2142. Le ciel est empli de nuages et il ne cesse de pleuvoir : le terme d’années de guerres ayant conduit à une catastrophe écologique globale. Les survivants de la pluie, véritable déluge du siècle prochain, se sont régroupés au sein de cités-rochers telle Ecoban, qui tire l’énergie Delos, nécessaire à son fonctionnement, de la pollution rémanente. Mais aujourd’hui, celle-ci s’atténue. Plutôt que de saluer ce retour hypothétique du ciel dans la vie de chacun, les dirigeants d’Ecoban s’affolent, craignent de perdre leur pouvoir ; c’est pourquoi ils décident de lancer le plan Marr, visant à brûler la cité du même nom pour se nourrir de la pollution que cette destruction engendrerait. Mais la population de Marr, entièrement dévouée à l’entretien du sytème Delos et sans cesse plus rebelle, ne l’entend pas de cette façon. Parmi eux Shua, marrien utopiste au service d’un certain Noé, recherche Gibraltar où le ciel serait bleu, et donnerait tout pour revoir cette couleur, aperçue dans son enfance aux côtés de Jay. La petite fille devenue femme, quant à elle au service d’Ecoban, dont il va malheureusement croiser le chemin, le croyait mort des années auparavant. Devront-il s’affronter ou sauront-ils s’allier de nouveau pour vivre ce tournant de l’histoire de l’humanité ?

Wonderful Days est un film d’animation déroutant : son ambition est clairement de redorer le blason de l’industrie coréenne, trop longtemps cantonnée dans l’ombre du tout puissant anime japonais, et de montrer toute l’étendue de son potentiel technique. Visuellement, Wonderful Days est donc un tour de force visuel, mélant 2D, 3D et prises de vues réelles au travers d’un délirant travail sur la profondeur de champ, pour offrir un rendu à la pointe de ce qui se fait aujourd’hui. Ce qui est étonnant, c’est que cette débauche technique n’est aucunement luxuriante : pas de foisonnement de détails ici mais au contraire une maîtrise singulière de l’espace, les décors jouant habilement du vide environnant pour se définir, splendides mais épurés. Dès les premières minutes du film, cette opposition entre la richesse technique et l’épure visuelle s’impose, pour définir l’ambiance et l’ambition de Wonderful Days.

Loin d’être un blockbuster de science-fiction, le film de Kim Moon-Saeng est en fait une œuvre intimiste et discrète, aux qualités sourdes, à l’image de sa bande-son qui pourrait paraître pompeuse si elle n’était si constamment retenue. Wonderful Days n’est pas un récit épique de guerre civile sur fond d’apocalypse ; il est la narration d’une fin, et par conséquent l’exposition d’un début parmi plusieurs possibles. Plantant très elliptiquement son décor, Kim Moon-Saeng dessine une conclusion tout à la force non pas d’un suspense mais d’une suspension ; celle vécue par les protagonistes, Shua et Jay, dont les retrouvailles (in)opportunes accélèrent la résolution. Il n’y a donc que peu de scènes d’actions dans Wonderful Days, et celles-ci sont comme lestées par le poids de leur signification, non pas enjeux de l’histoire mais simples étapes obligées, sacrifices obligatoires pour parvenir au bout d’un chemin esquissé.

C’est en cela que Wonderful Days est magnifique - et véritablement intéressant. Plutôt que de céder à la facilité d’un actionner tape à l’œil - ce qu’il aurait aisément pu être au vu de la qualité graphique époustouflante de l’ensemble -, Kim Moon-Saeng marche sur les traces humaines - et non pas humanistes - d’un Patlabor 2 par exemple. Les scènes d’action n’y constituent que des transitions, pour aboutir à une conclusion simple et belle, en plus d’être doucement ironique. Wonderful Days, au lieu d’être un poids lourd de l’animation, est d’une légèreté parfaitement maîtrisée : c’est ce qui fait toute sa beauté et son intelligence. Dommage que les spectateurs s’y soient trompés, déçus non pas par la forme mais par l’idée qu’ils s’en étaient faite ; la faute certainement à une campagne marketing trop axée sur les qualités techniques du film.

En plus d’être disponible en DVD en Corée sous de multiples éditions, Wonderful Days est édité en double DVD en France par Pathé.

- Article paru le dimanche 17 avril 2005

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