Gokudô no Onnatachi - Ribenji
Violence masculine, châtiment féminin...
Higashino, chef tout puissant du clan Kyoushinkai décide de céder sa place à Seiji, son gendre, actuellement à la tête du clan Naitou. Mais ce dernier a une maîtresse, ce qui complique la situation vis-à-vis de son beau-père ; cependant l’idée du pouvoir le fait réfléchir, avant de finalement retourner vers sa maîtresse. Atsuko, son épouse, décide alors de divorcer...
Les deux éléments les plus sérieux du clan Naitou, la belle Sachiko et le fidèle Noboru, mettent tout en œuvre pour que Seiji prenne la tête du Kyoushinkai... Un beau jour, Sachiko tombe nez à nez avec Kamihara, son ex-petit ami qui sort de dix années de prison. Fortement perturbée par cette rencontre, la jeune femme succombe à nouveau à son ancien amant. Au même moment, le clan Kawai fait des siennes sur le territoire des Naitou. La raison en est simple ; Kawai, leur chef, veut tout simplement la place promise à Seiji. Commence alors une guerre des clans sanglante, mettant la ville à feu et à sang... le principal acteur de cette barbarie n’est autre que Kamihara. Tiraillée entre ses sentiments pour l’homme qu’elle aime et son dévouement envers son clan, Sachiko doit alors faire un choix, jusqu’au jour où Kamihara assassine Seiji et Noboru ; la vengeance de la jeune femme est alors en marche, aveuglée par la colère et le désespoir...
Gokudô no Onnatachi de l’ère Takashima - Acte III
...s’il est bien un genre qui caractérise la saga Gokudô no Onnatachi, c’est la tragédie. Troisième volet [1] mettant en scène la somptueuse Reiko Takashima dans le rôle d’une femme du milieu, Ribenji est précisément une plongée vertigineuse sans la moindre échappatoire possible dans la tourmente et la destruction...
L’approche relativement "calme" choisie par le vétéran Ikuo Sekimoto dans les deux précédents volets, éclate ici en mille morceaux dans un maelström d’une violence inouïe, comme si le metteur en scène avait voulu préparer le spectateur, tout en le ménageant au préalable, à cette déflagration d’amour/haine aux allures d’aller simple vers l’enfer... L’univers codifié du film de yakuza avait alors atteint un certain paroxysme, Sekimoto nous y faisait lentement pénétrer, grâce à une mise en scène sans artifice et très théâtrale, voire statique, pouvant en rebuter plus d’un, se focalisant sur les us et coutumes de la pègre nippone. Avec Ribenji, sa représentation du milieu prend un tournant volontairement plus agressif, assénant littéralement le spectateur d’une brutalité graphique sèche et réaliste, dès les premières minutes du film.
Bâtie autour d’un personnage féminin central interprété par la magnifique Reiko Takashima, la série Gokudô no Onnatachi -celle débutée en 1999- montre divers aspects d’une héroïne prise dans un tourment causé par les hommes qui l’entourent ; la violence ne vient jamais des femmes qui la subissent, mais lorsqu’elles sont touchées, elles abattent leur courroux sans état d’âme, devenant des êtres mués par la vengeance, magnifiés par la douleur. Yuki, Kuniko ou Sachiko ; le prénom de l’héroïne change de film en film, en même temps que sa personnalité, dressant ainsi un portrait en plusieurs volumes des "femmes du milieu", subissant la stupidité d’une société misogyne engoncée dans un traditionalisme aux allures de cercle vicieux menant inévitablement au conflit ; tel un serpent qui se mord la queue, la mafia créé la violence qui l’entoure... Les personnages féminins apportent autre chose qu’une loyauté exacerbée envers leur clan ; des sentiments, installant Eros et Thanatos sur un même plan, éternellement indissociables...
Aux côtés de l’impériale Reiko Takashima, la belle Kimiko Ikegami (House, Fuyu no Hana) allie charme et fermeté en incarnant Atsuko, également tiraillée entre son amour pour son mari et sa fierté de femme du milieu... Aux croisées du film de yakuza dans la plus pure tradition et du drame passionnel, Gokudô no Onnatachi - Ribenji s’impose comme un épisode remarquable où la violence, paroxysmique, explose dans un final stupéfiant et désespéré, où une femme muée par la passion et la douleur se lance seule face à une armée d’hommes, sans réfléchir aux conséquences de son acte...
Existe en VHS (NTSC) chez Tôei Video au Japon.
[1] Cf. articles Akai Satsui et Shindemoraimasu



