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Japon

Another Lonely Hitman

aka 新・悲しきヒットマン - Shin Kanashiki Hitman - Shin Kanashiki Hittoman | Japon | 1995 | Un film de Rokuro Mochizuki | Avec Ryo Ishibashi, Asami Sawaki, Tatsuo Yamada, Kazuhiko Kanayama, Zenkichi Yoneyama, Eriko Nagamoto, Tetsuya Yuki, Yukio Yamanouchi

Sweet yakuza blues...

Lorsque Takashi Tachibana sort des dix années de prison qu’il vient de purger, il se rend vite compte que le monde de la pègre a bien changé. Agacé par ces bouleversements, il décide de se mettre "à son compte" et tente d’éliminer les trafiquants infiltrés dans son ancien clan ; malheureusement pour lui, ses ex-patrons et hommes vont très vite lui faire comprendre que l’on n’est rien lorsque l’on décide de s’éloigner de la famille...

Quatrième film (du circuit dit "classique") de Rokuro Mochizaki (Onibi, Gokudo Zangeroku, Gedo), Shin Kanashiki Hittoman marque surtout la première collaboration entre le réalisateur et Yukio Yamanouchi, ancien avocat de yakuza reconverti dans l’écriture scénaristique.

Hors toutes fausses considérations esthétiques incombant souvent au film de genre, Mochizuki, à travers l’écriture de Yamanouchi, nous dépeint un monde, ou plutôt nous décrit la réalité de la pègre nippone, bien peu soucieuse de son image, dont les principaux protagonistes sont de pleutres représentants, ne se sentant puissants qu’armés et en nombre. Le deuxième point important qui caractérise le film est sa lenteur... ou plutôt devrais-je dire son aspect contemplatif, qui est tout simplement explicable par son côté hautement réaliste (les yakuzas passent la plupart de leur temps à spéculer sur la came, ou à gagner de l’argent en vendant des films pornos sous le manteau, plutôt que d’aller se battre tels des "samurai des temps modernes"). Tachibana, le héros du film, sort donc de dix années de prison ; une peine purgée pour un meurtre perpétré de manière assez peu... délicate ( !), dans un restaurant, sous emprise de cocaïne. Oui mais dix ans derrière les barreaux ça change un homme ; plus mature, certainement. Assagi, pas forcément. Seulement, par rapport à ses congénères mafieux, Tachibana paraît plus "chevaleresque"... Oui, aux vues du film, le terme peut sembler un peu présomptueux quant aux réelles aspirations de notre homme qui reste malgré tout un malfrat... Un malfrat conscient des réalités des dérives de ses collègues, tous adonnés au trafic de drogue. Ancien accro lui-même, Tachibana à une aversion sans nom pour la dope sous toutes ses formes... Il va d’ailleurs prendre sous son aile une jeune prostituée toxicomane dont il est tombé amoureux...

Si toute une vague de films de yakuza durant les seventies, nous projetait une image du héros solitaire, se battant seul et armé jusqu’aux dents face aux chefs de clans, Shin Kanashiki Hittoman, film ancré dans son époque, nous montre une autre facette du gangster nippon. Ici, il n’est pas question de règlements de comptes à coup de revolver, ni encore moins d’un sabre ; Tachibana possède une arme bien plus pernicieuse à l’encontre de ses anciens aniki [1] : une caméra video...

Après avoir œuvré dans le pinku (notamment aux côtés de Shinji Somai sur le fameux Love Hotel), et même dans la video pour adulte, Rokuro (qui signifie "rock’n’roll" en japonais) Mochizuki s’est attelé à décrire le monde des yakuza, de manière ultra-réaliste, un peu à la manière de William Friedkin (The French Connection, To Live & Die in L.A.) ou encore Sydney Lumet (Serpico, Prince of the City) dans les années 70/80 aux Etats-Unis. Quant à Tachibana, yakuza déchu rejeté par ses deux familles (celle de la pègre et celle du sang), c’est l’ex-rock star (bien qu’il continue de sortir des disques de manière plus sporadique) reconvertie dans le cinéma, Ryo Ishibashi, qui lui prête ses traits ; vu aussi bien chez Takeshi Kitano (Kids Return, Brother) que chez Takashi Miike (Audition), et même dans le seul et unique film réalisé par Yusaku Matsuda (A Hômansu), l’acteur n’a plus à démontrer ses talents dans l’art de la comédie.

Film noir, sans la moindre concession quant aux devenirs de ses protagonistes, Shin Kanashiki Hittoman, prémisse évidente de l’un de ses chef-d’œuvre à venir, le magnifique Onibi, nous assène d’un "nul n’échappe à son destin" final édifiant...

Uniquement en VHS au Japon.

[1Grand(s) frère(s).

- Article paru le dimanche 17 novembre 2002

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