Heroic Trio

Heroic Trio réunit un iconique trio d’actrices, Michelle Yeoh, Anita Mui et Maggie Cheung, auquel se joint un non moins incontournable et impressionnant acteur de Hong-Kong, le seul, l’unique : Anthony Wong.

Confrontée à une série de rapt de bébés, la police hongkongaise s’avère incapable d’y mettre un terme. Une justicière masquée vient à son aide alors même que son mari - laissé dans l’ignorance de la double vie de sa femme - dirige l’enquête. Une tueuse à gages compte profiter de l’occasion pour arrondir ses fins de mois. Une troisième femme est liée à l’affaire, qui possède une cape d’invisibilité inventée par son compagnon, empoisonné par son invention. Si ces trois femmes semblent initialement de parfaites étrangères, elles vont finir par se découvrir un passé commun, marqué par une enfance traumatique.

De la même manière que le cinéma de Hong-Kong à l’heure s’est mis à l’heure des effets spéciaux dans le sillage de La guerre des étoiles, avec la réalisation par Tsui Hark de Zu, les guerriers de la montagne magique, il tente l’aventure des films de super-héros après le succès Batman de Tim Burton en 1989. Heroic Trio sort sur les écrans en 1993, après d’autres essais, dont le savoureux Savior of the soul, dévoilé deux ans plus tôt.

Que le cinéma de l’ex-colonie britannique s’y essaie n’est pas une surprise car il est tout sauf étranger au cinéma de genre. Dans sa tradition, ses héros sont de plus déjà dotés de supers pouvoirs physiques, leur permettant de s’astreindre de la gravité terrestre, du moins pour un temps.

Anita Mui a la tâche – et c’est loin d’être la plus facile - d’assurer le lead mélodramatique. On peut toujours compter sur Michelle Yeoh pour les scènes d’action les plus spectaculaires. Quant à Maggie Cheung – en mode Harley-Davidson je n’ai besoin de personne - elle est l’électron libre et incarne l’insouciance de la jeunesse.

Le scénario ne nous épargne pas les histoires dignes des soap opera : deux sœurs séparées pendant l’enfance, une romance funeste… Clairement, le point faible du film, mais les habitués du cinéma HK ne seront pas surpris.

Si l’on s’en tient à l’affirmation d’Alfred Hitchcock selon laquelle, « Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film », à cette aune, Heroic Trio est un chef d’œuvre. Anthony Wong interprète un méchant quasi-invulnérable et muet d’anthologie, dont il a le secret.

Si Johnnie To est crédité au générique en tant que réalisateur, les meilleurs passages du film sont à mettre au crédit du directeur des combats, Ching (Histoire de fantômes chinois,Peking Opera Blues, The Killer...) Siu-tung.

Le film se distingue par la chorégraphie sombre, violente et over the top de Ching Siu-tung. Film de héros certes, mais avec le (gros) grain de folie hongkongaise, qui nous vaut de passer d’une séquence intimiste des plus cul-cul à une séquence extrêmement gore au cœur d’une scène d’action, qui puise dans la grande tradition hongkongaise des films de kung-fu.

Heroic Trio nous gâte sur ce dernier point. La scène d’affrontement dans la gare où nos héroïnes déboulent à moto pour délivrer des passagers pris en otage offre un condensé particulièrement réussi de la générosité, de la folie et du culot du cinéma HK.