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Thaïlande

Art of the Devil 2

aka Long khong | Thaïlande | 2005 | Un film de la Ronin Team (Pasith Buranajan, Kongkiat Khomsiri, Isara Nadee, Seree Phongnithi, Yosapong Polsap, Putipong Saisikaew, Art Thamthrakul) | Avec Napakpapha Nakprasitte, Akarin Siwapornpitak, Chanida Suriyakompon, Namo Tongkumnerd, Pavarit Wongpanitch, Korakot Woramusik

Thaï delights ?

Sept réalisateurs se sont regroupés sous le sobriquet « Ronin Team » pour réaliser une suite à Art of the Devil, parmi lesquels le scénariste de Bang Rajan et de Kun pan (Kongkiat Khomsiri), qui s’est d’ailleurs attelé à l’histoire du film au côté de deux autres auteurs. Enfin « suite » c’est beaucoup dire ; les deux œuvres n’ont en effet qu’un point commun, à savoir traiter de vengeance par le biais de l’occulte et de la magie noire. Art of the Devil premier du nom n’était pas un film exceptionnel loin s’en faut, si l’on excepte sa mécanique très franche visant à avoir le spectateur à l’usure - usant d’une violence incessante et d’une méchanceté tout aussi prononcée -, ainsi que la présence d’une petite fille albinos qui hante encore à coup sûr, les cauchemars de bon nombre de ses spectateurs. Sachant que la petite fille en question est absente du présent opus, à quel vecteur de peur les sept metteurs en scène (un record, certainement) ont-ils décidé d’accorder leur faveur ? A moins, si l’on en croit les magnifiques et très graphiques affiches de promotion du film (qui préfiguraient la tendance à peine abusée des premiers visuels marketing de Hostel 2), que la démarche de ces artisans sans maître, soit toute autre...

Un pêcheur attrape un poisson chat... puis décède dans d’attroces circonstances : des pustules purrulentes se forment sur sa peau, et ce sont des hameçons acérés qui en sortent, comme si le pauvre homme les transpirait. Voilà pour l’introduction. Sans transition, meet Kim, une jeune femme qui forme un couple peu crédible avec le maladroit Por. Les deux amis en rejoignent trois autres pour partir rendre visite à Ta dont le père vient de se suicider. L’occasion pour les jeunes gens de reformer le groupe qui, deux ans auparavant, a quitté l’université. Un groupe qui semble lié à Ta - fraîchement sorti de prison après avoir été tenu responsable de la noyade de son frère - et à sa famille de façon très particulière. La belle-mère du jeune homme n’est autre en effet que l’une de leur professeur, ce que l’on découvre dans une série de flash-backs qui nous révèlent une histoire bien glauque. Por avait en effet surpris la belle - Panor (magnifique Napakpapha Nakprasitte) - en train de s’adonner aux joies de l’adultère avec leur professeur d’éducation physique. Por et Ta avaient décidé de filmer le couple illégitime en plein ébat afin d’enfin convaincre le paternel remarié de l’infidélité de la perfide professeur. Surpris par le coach, les six jeunes gens sont abusés sexuellement, le canon d’un flingue servant à les convaincre de garder leur silence, et d’ouvrir leur bouche pour une seule chose. Nice... D’où la visite des six à un sorcier, qui condamne notre coach-pêcheur à la mort étalée pré-générique. Jusqu’ici tout tient debout ; mais comment expliquer l’attitude « black magic » de Panor, qui se met en quatre, allant jusqu’au cannibalisme, pour décimer les amis de son fils adoptif ???

Des promesses d’une campagne marketing redoutable... bien évidemment non tenues. Difficile de comprendre à la vision d’Art of the Devil 2, pourquoi il a été nécessaire de combiner les efforts de sept réalisateurs pour narrer cette histoire simple de vengeance façon vaudou. « Simple » dans le fond seulement, car dans la forme les camarades y vont d’une narration explosée qui forcerait le respect si elle ne présentait si peu d’intérêt. A moins bien entendu, que vous soyez fan de la série Saw, de Reeker et autres films à twist. On pourrait même dire que dans sa trame alambiquée de tromperie, Art of the Devil 2 possède un petit côté Old Boy, la virtuosité cinématographique (utilisée à mauvais escient, mais c’est un autre débat) en moins. Mais l’histoire nous intéresse finalement aussi peu qu’elle préoccupe la Ronin Team ; seule compte la prestation de Panor / Napakpapha Nakprasitte (bizarrement nominée pour un prix d’interprétation [1]) et ses exactions maléfiques. Les affiches ne promettaient-elles pas en effet de nous retourner l’estomac ?

Ok, la scène d’ouverture est bien craspec, tout comme la séquence - vraiment gratuite - d’arrachage d’ongles des pieds à la tenaille. Mais pour le reste, nous sommes bien devant un exercice vain à la Hostel (sans le côté Eurotrip, tout de même), où seule l’attente d’un extrémisme graphique justifie un visionnage forcément décevant. Comment pourrait-il en être autrement quand le gore est si restrictif, limité à une pale copie d’Audition version torche à propane, troquant le réalisme détestable d’un Camp 731, auquel il emprunte sa scène de dépeçage, contre des BBQ Ribs qui peinent à susciter autre chose que la faim ??? Alambiqué, Art of the Devil 2 l’est, c’est certain. Intéressant et crade, il l’est tout de même beaucoup moins. Bien sûr, le tout venant des spectateurs trouvera l’ensemble révoltant ; mais à la manière du Sixième sens auquel il pille un twist inutile et décérébré concernant l’état de Ta, la structure amoindrit considérablement l’impact d’une sale histoire de libido qui tourne au drame [2]. Il ne reste au final d’Art of the Devil 2 que 90 minutes de cinéma d’autant plus cheapos qu’il est la combinaison de beaucoup d’efforts inutiles, un côté Joseph Zito (c’est peut-être la jungle environnante) sans être aussi convaincant que son Rosemary’s Killer, et une série d’affiches superbement osées. Si seulement elles avaient été plus honnêtes dans leur discours marketing, le film de la Ronin Team n’aurait pas constitué une telle perte de temps ! Allez, on retourne dans nos collines version 2006 pour s’en prendre plein l’estomac...

Art of the Devil 2 a été acheté pour une distribution occidentale en DVD zone 1 (sous-titré anglais) par Media Blasters (« Horror the world has never seen », proclame la jaquette)... la preuve qu’un trailer efficace et quelques beaux visuels suffisent à susciter l’intérêt chez certains. Euh... pourquoi vous me montrez du doigt, là ???

[1Nomination qu’elle refusera, avec le renfort de ses producteurs de chez Five Star, estimant qu’elle aurait mérité un prix d’interpète principale et non secondaire !!

[2Shyamalan lui, réduisait de la même façon à néant son histoire passionnante d’infanticide, en recentrant artificiellement son film sur le personnage de Bruce Willis.

- Article paru le vendredi 15 décembre 2006

signé Akatomy

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