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Hong Kong

Summer Snow

Hong Kong | 1995 | Un film de Ann Hui On-Wah | Avec Josephine Siao Fong-Fong, Roy Chiao, Law Kar-Ying, Tam Sin-Hung, Law Koon-Lan

Ann Hui, l’une des figures de proue de la nouvelle vague Hong-kongaise avec Tsui Hark, John Woo et consorts, signe l’un des plus beaux films sur la vieillesse en décrivant la solitude d’une famille face à la maladie d’Alzheimer...

A-Ngo (Josephine Siao - The Golden Bat, The Flying Red Rose), femme - très - active, vit avec son mari A-Bing (Law Kar-Ying - Kitchen, Viva Erotica) et son fils. Elle partage difficilement son temps entre son travail, sa famille et les diverses tâches ménagères qui lui incombent, lorsque sa belle-mère est emportée par une crise cardiaque. Se retrouvant seul, Liu Yau (Roy Chiao - A Touch of Zen, Enter the Dragon) son beau-père, atteint par la maladie d’Alzheimer, est recueilli par A-Ngo au sein de sa famille...

S’il est un sujet difficile à retranscrire cinématographiquement sans tomber dans la caricature, c’est bien celui-ci, mais Ann Hui est une grande, très grande dame du cinéma mondial, et elle sait rester discrète ; elle se contente de filmer la vie, sans jamais sombrer dans la vulgarité ou la facilité, avec une précision quasi chirurgicale. La mort, la solitude engendrée par la vieillesse et l’autarcie forcée des familles s’occupant de personnes âgées malades, sont ici tellement bien retranscrites, qu’on ne peut s’empêcher de se projeter dans son propre avenir.

Hui s’est entourée d’un casting "énorme", jugez plutôt : Josephine Siao Fong-Fong, immense star des sixties interprète ici certainement son plus grand rôle, et le plus beau. Roy Chiao, acteur fétiche de King Hu, également star incommensurable de l’ex-colonie durant les années 60/70, donne une performance remarquable dans ce qui restera son dernier grand rôle (il décèdera d’un crise cardiaque en avril 1999). Et comment ne pas parler de Law Kar-Ying, acteur génial et sous exploité, arrivé sur le tard dans l’industrie cinématographique (en 1992 dans Crime Story - Kirk Wong Che), que l’on a plutôt l’habitude de voir dans des moleitau [1], mais capable d’interprétations aussi fortes que dans Kitchen (Yim Ho) ou le film dont je vous parle.

Mais Summer Snow, même s’il pouvait légitimement reposer sur son seul casting, doit beaucoup à la mise en scène de Ann Hui. Dans ses films, ce sont les rapports inter-humains qui priment, et la relation qui s’instaure entre A-Ngo et son beau-père est quasiment celle qui relie une mère à son enfant. Le vieil homme pense qu’il a 12 ans et pour lui, seule sa bru compte ; il ne reconnaît ni sa fille, ni son fils, et pense qu’il est en temps de guerre... il fugue alors que son petit fils vient le chercher à la maison de repos, pensant que A-Ngo l’a abandonnée. Mais la situation est très dure pour la famille ; A-Ngo travaillant, elle ne peut consacrer tout son temps à son beau-père. Ils décident alors de le placer en maison de retraite (qui ne nous le cachons pas, est un mouroir plus qu’autre chose), et ce geste est vécu comme un abandon par la famille, une déchirure, ils le reprennent alors au sein de leur maison. Ce rapprochement familial inter-générations apporte un côté positif à leur vie de famille ; A-Ngo et son mari se "rendent compte" qu’ils s’aiment, et leur fils redécouvre son grand-père qui fût un héros de la guerre, chose qu’il ne savait pas auparavant.

Réussite filmique, Summer Snow remporta également un succès public et critique en rafflant lors de la remise des quinzième Films Awards de Hong-Kong la plupart des prix ; Meilleur film, meilleur réalisateur (dans ce cas "-trice") pour Ann Hui, Meilleurs acteur et actrice pour Roy Chiao (qui remporta pour le même film le Golden Bauhinia Award [2]) et Josephine Siao, meilleur second rôle pour Law Kar-Ying et enfin meilleur scénario pour Chan Man-Keung (Crime Story, Ah Kam).

Pour conclure, je dirais que Summer Snow est un film magnifique qui ne tombe jamais dans le "lacrymal" ou la fausse naïveté, pourtant légions dans ce type de cinéma. Merci madame Hui d’avoir aussi bien compris la vie et ses évidences...

DVD | Thakral - ChinaStar Entertainment Group | NTSC | All Zone | Format : 1:1:78 - 4/3 | Images : Un pressage honnête, pas de défauts de compression (mais des taches de pellicule...). | Son : Un Mono claire Sous-titres Chinois et Anglais incrustés sur l’image (toujours très lisibles, c’est déjà ça !).

Existe également en VCD et LaserDisc, au format, avec sous-titres.

Info : Arte diffusa ce film en 1997, peu avant la rétrocession, lors d’une soirée thématique (le même soir fût diffusé Chicken and Duck Talk de Michael Hui).

[1Comédies cantonaises.

[2Prix décernés par les journalistes de cinéma Hong-kongais.

- Article paru le vendredi 6 juillet 2001

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