Chalte Chalte
Parce que la durée moyenne d’un film indien from Bollywood oscille souvent aux alentours des 180 minutes, les scénaristes, réalisateurs et producteurs se permettent quelques écarts par rapport aux principes de dramaturgie qui composent le mètre étalon d’une production from Hollywood. L’acte d’exposition se trouve ainsi étiré sur toute la première moitié du film tandis que l’entracte autorise un changement de ton radical. Chalte Chalte, récente production featuring sa majesté Shah Rukh Khan, illustre parfaitement ce dipôle : si le premier fragment figure au registre de la comédie romantique, le second s’oriente davantage vers le drame sentimental, comme quoi...
Certes, Raj et Priya (à savoir Shah Rukh Khan et Rani Mukherji) sont diamétralement opposés, mais comme le chantait Paula Abdul en 1990, Opposites Attract ; il suffit donc d’un léger accident de voiture et d’une chanson au beau milieu des pâturages pour que Raj se découvre amoureux de Priya. Problème : celle-ci doit rallier Athènes pour se marier avec Sameer, son ami d’enfance. Solution : Raj va l’accompagner, persuadé qu’il pourra la convaincre sur le trajet qu’elle fait une erreur.
Sans vous en révéler davantage sur l’intrigue de ce premier acte plutôt positif, sachez que le second acte joue le contraste en se consacrant à l’érosion possible d’un couple marié et aux conséquences de ce phénomène. Certes, la démonstration s’effectue à l’aide de nombreux clichés et autres ressorts prévisibles ; il s’agit sans doute du point faible du film qui n’est pas sans rappeler de précédentes tentatives comme The Story of Us de Rob Reiner. Quelques longueurs se font sentir et alourdissent le film tandis que l’on commence doucement à s’ennuyer. Fort heureusement, le final relève le tout de façon surprenante, tel un négatif de Forces of Nature, intelligente comédie romantique malheureusement sous-évaluée, avec Sandra Bullock et Ben Affleck dans les rôles principaux. D’ailleurs, il y aurait fort à parier que les scénaristes de Friends se soient plus ou moins inspirés de la fin de Chalte Chalte pour leur Season Finale ; je vous laisse seul(e)s juges.
En tout cas, s’il y a une personne qui s’en donne à cœur joie dans le film, c’est bien Shah Rukh qui nous délivre ici un large échantillon de son répertoire : depuis le mélange de séduction et d’autorité familiale que l’on peut trouver dans les films de Karan Johar jusqu’à l’ivresse tragique de Devdas, il nous sert les morceaux choisis de précédentes interprétations ; de quoi se réjouir copieusement pour les inconditionnels de Shah Rukh que nous sommes devenus.
Les séquences musicales sont également bien sympathiques et diversifiées : du too much de Ghum Shudha où Shah Rukh se la donne complètement à la mélancolie douce de Chalte Chalte, en passant par la sensualité mouillée de Touba Tumhare Ishare et la romance un peu classique de Sono Na Sona, tout y est. À noter la toute dernière chanson, Laye Vi Na Gayee, qui démarre dans une scène déchirante et nous présente un regard bien rare de Johnny Lever, Robin Williams local...
Vous l’aurez compris, si Chalte Chalte n’est pas le film à conseiller pour découvrir l’industrie cinématographique indienne, il n’en reste pas moins un moment agréable pour ceux qui en connaissent déjà les codes, essentiellement par sa première moitié et sa conclusion, je le rappelle. À voir si vous avez un creux de trois heures dans votre emploi du temps.
Chalte Chalte est disponible en DVD chez Eros Entertainment.


