Dragon Squad
Une ex-flic undercover - Suet, un flic hongkongais - Lok, un ancien agent du SAS - James, un sniper chinois - Lu - et un flic hybride, sino-américain - Hao, sont dépéchés à Hong Kong pour assister la police locale. Hon Sun (Simon Yam) a en effet besoin d’un coup de main pour assurer le transfert de l’un des deux frères Duen vers le lieu de son procès. Les frangins, pontes de la mafia locale adeptes des vols et traffics en tous genres, sont notamment responsables de la mort de bons nombres d’officiers de polices quelques années plus tôt. Bien entendu, rien ne se passe comme prévu : les forces de l’ordre se font massacrer, et Duen est libéré. A moins que... L’équipe de mercenaires emmenés par Petros Davinci (Michael Biehn) et le lieutenant Ko - parmi lesquelles la snipeuse Vietnamienne Song (Maggie Q) -, semble en réalité avoir kidnappé le criminel. Car le frère de celui-ci est responsable de la mort du frère de Petros ; au cours de cette affaire trois ans auparavant, où Ko a croisé le chemin de Kong Long (Sammo Hung), un flic qui a désobéi aux ordres et causé une fusillade funeste. Le chassé-croisé peut commencer...
2005 semble avoir marqué pour Hong Kong une année de réveil ; si la preuve la plus réussie est incarnée par le SPL de Wilson Yip, Dragon Squad bien que moins fulgurant, témoigne de la même volonté de renouer avec l’époque dorée du cinéma d’action HK des années 80 et du début des années 90. Il est intéressant par conséquent, de retrouver derrière la caméra de ce projet au casting alléchant, Daniel Lee. Lee, vers qui beaucoup d’espoirs étaient justement tournés à la fin de cette période faste, après What Price Survival et Black Mask, et qui avait comme ses confrères, pati de la crainte du handover et de la timitidé d’un certain cinéma HK post 97.
Car Dragon Squad s’affirme en effet comme un véritable film d’action. Chapitré à la manière des films découpés « en bobines » de la vieille école, ses 110 minutes de narration et de gunfights sont tout entières dédiées à l’inertie qui conduit à la confrontation, et à la mise en forme de ces confrontations à proprement parler, usant et abusant de la géométrie variable offerte par le pitch du film. Dans son histoire classique d’affrontement good guys / bad guys, Dragon Squad multiplie les duels - Hon Sun / Petros, Kong Long / Ko, Lu / Song, Suet / Song -, et n’hésite jamais à les cumuler et les juxtaposer, par exemple pour dynamiter une ruelle de l’ex-colonie, tout droit sortie de Time and Tide. Dans ces séquences, une musique résonne au croisement du western (dont on retrouve à nouveau des traces dans l’affrontement final entre les deux snipers, le plus beau motif du film) et de la tradition chinoise (les percussions), témoignant du caractère international affiché du film. Produit par Steven Seagal ( !!!), Dragon Squad s’offre en effet les services d’acteurs chinois, coréens et américains.
Hybride, Dragon Squad l’est moins dans le développement de ses personnages. Si la multiplication des personnalités, des enjeux et des motivations, dans sa naïveté toute de grise teintée, rappelle une démarche similaire à celle affectionnée par Renny Harlin, elle souffre des mêmes écueils : leur évolution est quasi-inexistante, le film s’attardant trop à citer ses propres flash-backs, utilisés uniquement pour affirmer les qualités - l’un tireur d’élite, l’autre maître stratège, une autre encore caricature de l’armée vietnamienne - de chaque pion placé sur cet échiquier saupoudré de poudre. Ces scènes sont agréables car montées avec fougue et énergie, mais par trop conscientes et nombrilistes.
Si l’on devait retenir un grief contre Dragon Squad, ce serait donc cet équilibre instable, entre attentisme et action débridée, qui laisse hésiter quant à la volonté initiale de donner tant de place à l’inertie. Si celle-ci est réelle - ce que l’on aimerait croire -, Dragon Squad est plutôt une réussite ; si elle ne l’est pas - ce qui paraît plus probable au vu des tentatives humanisantes du film, que ce soit au travers de l’histoire père-fille avortée autour de Kong Long ou de la romance esquissée entre Petros et la petite amie de son adversaire mafieux ; ou encore dans les dernières images, qui délaissent un certain nihilisme au profit d’une suite potentielle caricaturale - le film l’est clairement un peu moins. Mais c’est justement le fait que le doute subsiste qui permet de jouir du festival offert par cette dernière réalisation de Daniel Lee. Loin de révolutionner le genre, elle s’avère d’une générosité redoutable en matière d’action, au risque d’atteindre la saturation, et réussit son objectif de renouer avec un cinéma HK sinon oublié, clairement délaissé.
Quoique chacun en pense au final, tout spectateur normalement constitué trouvera au sein du film trois bonnes raisons de lui consacrer deux heures de son temps : la présence du trop rare Michael Biehn, dans un rôle de méchant qui renvoie explicitement à celui qu’il tenait dans L’Art de la guerre de Christian Duguay ; celle de Sammo Hung, utilisée à bon escient lors d’un duel à la machette (même si le combat est terni par trop de ralentis) ; et, enfin, l’incroyable beauté de Maggie Q, dont il me tarde que quelqu’un lui propose un équivalent au Naked Weapon de Ching Siu-Tung. Rajoutez à cela un plaisir old-school certain, et le bilan est loin d’être négatif pour cette Dragon Squad, dont le sobriquet éponyme n’est jamais cité dans le film !
Dragon Squad est disponible en DVD HK, sous-titré anglais.




