Ceux d'entre vous qui ont vu The
City of Lost Souls et The
Guys from Paradise, ne connaissaient jusqu'alors comme moi
que la plus timide facette de Koji Kikkawa: celle de l'acteur. "Timide"
d'ailleurs, encore que… Yakuza bourru et bourrin dans l'un, héros
incongru promu figure d'espoir dans le second, Koji est à la fois
un poseur hors norme et un véritable interprète. La preuve est que,
en l'espace de quelques scènes seulement, Fushimi est bien l'un
des personnages les plus marquants de la love-story enlevée
par Teah et Michelle Reis. Mais revenons plutôt sur son aptitude
à la pose, probablement héritée de sa plus imposante facette: celle
du rocker. Car oui, Koji est avant tout un authentique rocker, dont
la musique est à mi-chemin entre le rockabilly et une forme de punk
qui serait tout de même "vocale" - si l'on en croit les deux morceaux
qui nous intéressent aujourd'hui du moins.
Mais au fait, pourquoi ces deux morceaux -Pandora et The Gundogs - nous intéresseraient-ils
aujourd'hui? Et bien tout simplement parce que les clips de ces
titres ont été réalisés par Takashi Miike, toujours en quête de
nouveaux jouets argentiques et numériques (cf.
interview 05.02.02). Bien que très distincts, les deux clips
(plus de six minutes chacun tout de même) forment un tout
plus ou moins cohérent comme vous allez pouvoir le constater…
En guise d'introduction à ce "double feature",
le DVD nous offre une séquence animée redoutable (vous vous souvenez
du pseudo-teaser de DoA
Final sur le DVD japonais de DoA2?
Pareille!). Un homme trouve, au fond d'une pyramide dans le
désert, la bobine de ce qui semble être un vieux film japonais.
Le temps que la bobine se cale, Pandora peut alors démarrer…
en pleine époque féodale japonaise.
Les cadavres de guerriers jonchent un champ de
bataille. Les survivants se regroupent tandis qu'un homme presque
chauve se saisit d'une boule brillant d'une étrange lueur. Arrive
alors dans la brume, le samouraï le plus cool de tous les temps:
avec ses lunettes type "flying goggles", Koji Kikkawa renverrait
presque le héros de Samurai
Fiction au placard! Le clip prend alors des tournures de
combat dantesque, au cours duquel Koji vient à bout de tous les
guerriers. Le mystérieux personnage à la tête chef-d'œuvre lui,
s'en sort. C'est alors que les extra-terrestres interviennent, des
centaines de soucoupes volantes s'approchant de la Terre, et que
Koji doit faire face à une mante religieuse géante! Un jetpack
se matérialise sur son dos et Koji s'envole vers les cieux… The Gundogs reprend cette trame farfelue "au même endroit";
à savoir que Koji et le vieillard se matérialisent mystérieusement
dans un hangar au milieu des seventies, le temps de faire
face à une flopée de Yakuza caricaturaux. L'exercice de Miike cette
fois vous vous en doutez, consiste à faire de Koji non plus un sabreur
mais un pistolero classieux, avec tout ce que cela implique de ralentis,
douilles éjectées, sang versé et explosions. Si la partie gunfight
est pour ainsi dire straight, les explosions quant à elles
interviennent après une nouvelle implication d'une légion de soucoupes,
et sont beaucoup plus dures à… appréhender.
Difficile en l'état de savoir si la compréhension
des paroles de Pandora et The Gundogs éclairerait
un tant soit peu notre lanterne. Tel quel, ce plaisir coupable et
100% gratuit de Miike (visiblement à l'aise dans la mise en scène
de ces scènes d'action, aussi bien au sabre qu'à l'arme à
feu) rappelle un peu un autre projet cinématographique incongru,
impliquant lui aussi un groupe de rock. Vous l'aurez compris, c'est
à Wild Zero
et Guitar Wolf que je fais ici référence. Mais peut-être ne suis-je
pas le seul, si l'on en croit le regroupement de ces deux clips
sur un même DVD du nom de Go! Go! Fushimi Jet… "Fushimi"
comme Koji dans Hyoryugai,
peut-être? "Jet" comme "Jet Rock'n' Roll", "Jet Generation" et j'en
passe? Il faudrait peut-être poser la question à Miike à l'occasion.
Pour l'heure j'allais oublier l'essentiel, indépendamment de la
volonté du réalisateur: Pandora et The Gundogs sont
tous deux d'excellents morceaux!