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Japon

Virus

aka Fukkatsu no Hi - Day of Resurrection - The End | Japon | 1980 | Un film de Kinji Fukasaku | Avec Chuck Connors, Glenn Ford, Olivia Hussey, George Kennedy, Masao Kusakari, Robert Vaughn, Sonny Chiba, Ken Ogata, Yumi Takigawa

Kinji Fukasaku a connu la consécration internationale grâce à son film Battle Royale (2000), mais il était déjà très populaire dans les années 70 au Japon suite au succès de la série des Combat sans Code d’Honneur. Il ne s’est alors pas limité au genre des films de yakusa. Outre le film de SF ou de samouraï, il se lança en 1980 dans un projet a l’allure très ambitieuse avec un casting international. Virus (Fukkatsu no Hi) est un film d’anticipation au budget visiblement très confortable mais qui malheureusement n’est pas soutenu par un scénario très excitant. Mais suite au SARS et à l’heure où Danny Boyle renoue avec le succès grâce à son film 28 Days After, il serait dommage de se priver de ce Virus.

Alors que la tension est encore extrêmement forte entre les USA et l’URSS, des agents de ce dernier pays s’emparent d’un virus développé en secret par l’armée américaine. Malheureusement, leur avion s’écrase et en quelques mois le monde est dévasté par le virus. Seuls les habitants des bases de l’Antarctique sont épargnés. Devant s’entraider, ils apprennent bientôt qu’un séisme menace de déclencher les tirs nucléaires américains automatisés et leur réponse russe...

Virus se veut plus une réflexion sur l’absurdité de la guerre qu’une fresque apocalyptique. Dans une première et longue partie, le film s’attache à savoir comment faire cohabiter des survivants, après avoir décrit la propagation du Virus et l’incapacité des Etats à offrir une solution. Des survivants qui en dépit de la destruction totale de leurs nations respectives ne peuvent oublier leurs griefs. Cette partie apparaît à peu près plausible mais malheureusement trop caricaturale pour être véritablement convaincante. Entre l’éternel affrontement bipolaire USA/URSS, les personnages peu subtils, un point de vue uniquement américain, les références très appuyées à Dr. Folamour, et enfin la prédiction d’un séisme un peu trop forcée (vieux fantasme japonais), Virus peine à proposer un angle d’approche un peu original et devient très vite une succession de clichés.

Le film possède tout de même ce charme des films ambitieux qui savent parfois poser les bonnes questions mais ne parviennent ni à proposer une réponse très réaliste ou convaincante ni à se démarquer par une originalité quelconque dans le traitement ou dans la forme. Il est tout de même amusant de voir les survivants de Virus régler, avec une surprenante diplomatie et un calme étonnant, le problème de la reproduction quand on sait que les femmes sont en large infériorité numérique. Visiblement, Danny Boyle n’est pas du même avis.

Si l’optimisme semble un instant l’emporter lorsque toutes les nations finissent par trouver un accord et parviennent à prendre des décisions communes, c’est bien mal connaître Fukasaku que de croire que cela va continuer ainsi. D’une vision presque humaniste et positive - voire naïve, le film bascule à nouveau dans l’horreur lorsque les missiles nucléaires finissent de ravager la Terre en dépit des efforts de deux hommes, un japonais et un américain, pour stopper le système de déclenchement automatique du feu nucléaire américain. En totale rupture avec ce qui précédait, le film bascule pour la partie post-holocauste dans une sorte de voyage initiatique version traversée du désert, en filmant l’errance d’un survivant japonais seul à la recherche d’éventuels survivants. Une partie pour le moins déconcertante, et peu crédible, qui n’existe par ailleurs pas dans toutes les versions du film puisque des 155 minutes originelles, la version américaine, par exemple, ne garde que 108 minutes.

Voulant donner une version certainement la plus réaliste possible, Virus échoue à porter son attention sur les personnages - et sur le scénario -, en ne faisant que survoler chacun d’eux sans que le spectateur puisse véritablement s’identifier à l’un d’eux en particulier. On regarde donc le budget se déployer à l’écran en se demandant un peu à quoi bon tout cela. Certainement que choisir entre le virus ou le feu nucléaire aurait déjà été une première étape en vue de simplifier les choses. Ensuite, apporter un peu plus d’humanité - ou du moins de réactions plus humaines, n’aurait pas été un mal. Reste un sentiment diffus, mais saisissant, de peur (plus devant le ton assez neutre voire glacial que devant les images projetées) et d’envie subite d’aller voir les pingouins. A noter enfin le délicieux thème du film, en français.

Virus est disponible en DVD au Japon, dans un coffret contenant les deux versions (longue et américaine) du film.

- Article paru le mardi 16 septembre 2003

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