Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Japon

Futari

aka Chizuko’s Younger Sister - Us, Two - Hutari | Japon | 1991 | Un film de Nobuhiko Ôbayashi | D’après le roman de Jirô Akagawa | Avec Hikari Ishida, Tomoko Nakajima, Toshinori Omi, Chika Shibayama, Yuri Nakae, Junko Fuji, Ittoku Kishibe, Wakako Shimazaki, Kazuko Yoshiyuki, Bengal, Naoto Takenaka, Yoshitaka Zushi, Hitoshi Omae, Kiminobu Okumura, Yasufumi Hayashi, Noriko Nishiyama, Hiromi Oda, Etsuko Nami, Yumiko Fujita, Wakaba Irie, Keiko Masuda

Emouvant voyage vers l’âge adulte...

Mika est une jeune fille de dix-sept ans timide et réservée, qui depuis sa plus tendre enfance a toujours vécu dans l’ombre de sa grande sœur, la talentueuse Chizuko, aimée de tous. Si Mika aime sa sœur plus que tout au monde, elle ne peut s’empêcher de se trouver inférieure en tout, y compris aux yeux de ses parents... Un jour, Chizuko est victime d’un terrible accident, laissant Mika seule face à son destin... seule ?...

...Futari est la deuxième incursion de Sancho dans l’univers empli de lyrisme de Nobuhiko Ôbayashi après le magnifique Tenkôsei (La Nouvelle de la Classe /1982). Génie du septième art méconnu en dehors des frontières du pays du soleil levant qui, en grand amoureux de la vie et des êtres qui la composent, choisit pour son vingt-deuxième film de s’attarder une fois de plus sur le passage obligatoire, parfois difficile, de l’adolescence à l’âge adulte...

Onomichi, préfecture d’Hiroshima. Inutile de préciser l’amour que porte Ôbayashi à sa ville natale, lui qui lui consacra deux trilogies ; la première, entre 1982 et 1985 (composée des films Tenkôsei, Toki o Kakeru Shôjo et Sabishinbou), et la seconde - Shin Onomichi Trilogy - commencée en 1991 par Futari - suivront en 1995 et 1999 Ashita et Ano. Natsunohi Tondero Jiichan... Onomichi, ville emprunte de nostalgie pour le réalisateur, qui ne peut se défaire de cet endroit magique et unique, décor rêvé pour montrer un Japon entre tradition et modernité, aux paysages magnifiques...

...Nobuhiko Ôbayashi adapte donc le roman Futari écrit par Jirô Akagawa, à qui l’on doit notamment Sailor Fuku to Kikkanjû ou Kokubetsu, une première incursion d’Ôbayashi dans l’univers de l’écrivain avec qui il retravaillera à trois reprises. La matière première que constitue l’histoire d’Akagawa, qui mêle le fantastique à un univers proche, était faite pour être remodelée par Ôbayashi, pour être transcendée par son regard d’une sensibilité extrême.

Si dans Tenkôsei, Ôbayashi avait choisi de se servir du côté comique de la situation (le garçon se retrouve dans le corps de la fille, et vice-versa) en utilisant le fantastique comme image sur les changements de l’adolescence, il se sert ici une fois de plus de ce Genre comme métaphore du passage à l’âge adulte, dans un registre plus proche de la fable fantastico-tragique... Dès les premières images de Futari, nous sommes transportés dans un univers onirique... Un flashback montre deux petites filles qui marchent dans une rue. Elles sont seules... apparaît une vieille dame, qui ne semble s’intéresser qu’à l’une d’elles, souriante et vive... l’autre, à côté d’elle, la tête baissée, le visage triste et fermé... la dame en vient à la regarder et lui demande si elle est la petite sœur de Chizuko... Cette première séquence est un condensé de dix-sept ans de vie dans l’ombre d’une grande sœur que tout le monde aimait... mais que l’on ne pouvait qu’aimer. Mika est une véritable héroïne, dont le visage juvénile laisse transparaître des émotions intenses... Mika perd sa sœur, qui était tout pour elle, et se retrouve fille unique au milieu d’une famille disloquée ; la mère, qui ne peut se faire à l’idée qu’elle ait perdu sa fille aînée - qu’elle appelle "ma fille" devant les autres, alors qu’elle parle de Mika comme son "autre fille" -, très fragilisée psychologiquement, et un père qui noie son chagrin dans l’adultère... Mais un jour, Mika est agressée par un homme qui tente de la violer... à terre, elle aperçoit sa sœur qui lui indique un gros caillou... Mika le saisit et frappe son agresseur avec. Dès lors, le fantôme de Chizuko va veiller sur sa petite sœur...

Grande sœur fantasmée ? Conscience ?... Chizuko va dans un premier temps guider sa jeune sœur, lui faisant prendre confiance en elle... Les jours, les semaines et les mois passent... Mika, difficilement, prend conscience de ce qu’elle est, et de ce dont elle est capable, même si elle pense qu’elle doit tout à sa sœur. Les appréhensions des premiers émois amoureux, les examens de fin d’année, se choisir un futur, s’occuper d’une mère malade... peu à peu, Mika va subir des épreuves qui vont la faire grandir, jusqu’à atteindre la maturité nécessaire à se défaire de l’image de sa sœur, omniprésente...

On finit toujours par oublier les morts...

...cette phrase, dure - mais vraie dans une certaine mesure - prononcée par Chizuko à sa petite sœur, est d’abord reçue comme une trahison de la part de son aînée à Mika... mais la vie continue pour les vivants, et Mika doit s’affirmer, devenir elle-même, oublier petit à petit sa sœur...

...si Tomoko Nakajima (Asatte Dance, Ganbatte Ikimasshoi) interprète avec force et fragilité Chizuko, c’est avant tout Hikari Ishida qui offre tout son talent à Mika ; émouvante, pure, belle... Ishida (Adrenaline Drive, Kôrei), qui fait dans Futari ses premiers pas sur grand écran (elle était alors âgée d’à peine dix-neuf ans) ; transcendée par son personnage, elle y donne une prestation magnifique... Autour des deux jeunes femmes, on retrouve Ittoku Kishibe (39) et Junko Fuji (Ah Haru) dans le rôle de leurs parents, Toshinori Omi (Tenkôsei) en révélateur d’amour, ou encore l’inénarrable Naoto Takenaka (119) en psy farfelu... Mais hormis le talent de ses interprètes et de son metteur en scène, l’âme de Futari vient de la magnifique partition composée par Jô Isaishi, qui avec Kaze no Jikan signait l’un des plus beau thème qu’il ait écrit...

Avec Futari, Nobuhiko Ôbayashi nous entraîne dans un voyage sublime à travers l’apprentissage de la vie d’une jeune fille se transformant en une femme ; un apprentissage difficile, qui passe par certaines désillusions, mais reste toujours teinté d’espoir... Mika trouve sa voie, tandis que sa grande sœur peut s’en retourner, lui lançant un ultime "sayonara" silencieux, certainement le plus beau de l’histoire du cinéma...

DVD Premium | Pioneer LDC | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Très belles... un pressage anamorphique qui rend un bel hommage à la photographie de Shigeichi Nagano | Son : Au choix, mono ou stéréo retravaillée d’après la piste originale. Très bonne stéréo.

Suppléments : Contient un 2ème DVD sur lequel, hormis les trailers, teasers, interviews et mini-documentaires, on trouve la version internationale de Futari sous-titrée en anglais (sous-titres imposés), mais celle-ci est amputée de 30 minutes* !

Le DVD de la version intégrale de Futari ne contient pas le moindre sous-titre.

DVD Deluxe | Pioneer LDC | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Mêmes spécificités techniques que le premier DVD de l’édition Premium.

Ce DVD ne contient pas le moindre sous-titre.

VCD (HK) | Golden Culture Times | Au format [1:85], stéréo, sous-titres anglais et chinois incrustés... mais ce VCD ne reprend que la version internationale.

* Certains rôles sont totalement absents de la version internationale, tel celui du psy interprété par Naoto Takenaka.

- Article paru le vendredi 22 août 2003

signé Kuro

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