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Vietnam | Festival du film asiatique de Deauville 2005

Bride of Silence

aka Hat Mua Roi Bao Lau | Vietnam | 2004 | Un film de Doan Thanh Nghia et Doan Minh Phuong | Avec Truong Ngoc Anh, NguyenManh Thang, Truong Huu Quy, Nguyen Anh Quan et Trinh Mai Anh

Film vietnamien par le lieu de son action, mais également par l’origine de ses co-réalisateurs, même si ceux-ci ont vécu en Occident, Bride of Silence est surtout une fable universelle. Sur la condition des femmes, mais aussi sur la recherche de nos origines.

Après la mort de son “père”, un fils cherche à connaître la vérité sur sa mère qui est décédée lorsqu’il était encore en bas age. Exercice difficile car les circonstances de sa conception constituaient le secret le plus intime de sa mère. Son enquête va le mener sur les pas des rares personnes qui ont connu ses parents.

En une scène, la réalisatrice montre la condition des femmes dans ce village et la volonté d’émancipation de l’héroïne. Au cours de ses menstruations, elle doit rester enfermée dans une remise car elle est considérée comme impure. Malgré ses supplications pour qu’elle la laisse sortir, sa mère se refuse à aller à l’encontre de la volonté de son mari, chargé de faire respecter les traditions villageoises.

La prochaine étape sera de braver les conventions de son village en sortant au cours de la nuit, ce qui est formellement interdit. Tombée enceinte, elle refusera malgré les menaces de révéler le nom de l’homme avec qui elle a fait l’amour.

Accusation classique pour les femmes qui ont osé sortir de la norme sociale : pour les villageois elle a fait l’amour avec le diable. La sanction qu’elle encoure est de se voir raser les cheveux et que son crâne soit passé à la chaux. Elle serait donc marquée à jamais du sceau de l’infamie. Pratique qui nous rappelle certains comportements d’un noir passé récent. Quant à l’innocent enfant, l’ordalie lui est réservée. Comme Moïse, il devra être abandonné sur le fleuve. Dieu décidera ainsi s’il doit vivre ou périr.

Malgré ces menaces, elle refuse de révéler son secret car ce serait abandonner cet espace de liberté qu’elle a conquis. Elle est prête à en payer le prix.

Le rythme du film s’accorde avec celui de la vie des communautés paysannes qu’il décrit. Elle s’écoule au train de sénateur du majestueux fleuve près duquel elles vivent. Au spectateur de se laisser porter afin de pouvoir apprécier le film.

Bride of Silence est nimbé d’une atmosphère quasi fantastique. Une séquence en particulier renforce le mystère qui entoure le destin de la jeune femme. Elle nous montre l’héroïne qui feuillette un livre de croquis où sont représentées les différentes étapes de sa vie passée ou future. Sans doute une des scènes clés du film ; la réalisatrice nous montre ainsi la farouche volonté de cette femme à prendre son destin en main, quelles qu’en soit les conséquences. Ce destin conservera d’ailleurs toujours une part de son mystère, même pour le spectateur.
L’utilisation par le directeur de la photographie de couleurs qui tendent vers le sépia renforce l’aspect fantasmagorique du film. Le récit se déroule pourtant dans le cadre de la luxuriante jungle vietnamienne.

L’autre grand thème du film est celui de la recherche de ses racines. Ce thème prend tout son relief alors que tant de vietnamiens, parmi lesquels les deux co-réalisateurs, ont quitté leur pays pour s’installer à l’étranger.

Film présenté lors de la 7ème édition du Festival du film asiatique de Deauville.

- Article paru le mardi 3 mai 2005

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